Cannes 2024Cinéma / KinoCulture / Kultur

Cannes 2024 : Le film Baby, deuxième long métrage du Brésilien Marcelo Caetano projeté dans la Semaine de la Critique, suit un jeune homme gay livré à lui-même à sa sortie de maison correctionnelle

Baby connaît sa première mondiale sur la Croisette et entraîne le public dans le monde de la prostitution masculine, de la drogue et de la combine.
À sa sortie d’un centre de détention pour mineurs, Wellington (João Pedro Mariano), dix-huit et un faciès de bébé, se retrouve seul et à la dérive dans les rues de São Paulo, sans nouvelles de ses parents et sans ressources pour commencer une nouvelle vie. Rapidement, on comprend que son père est un avocat nanti mais l’a rejeté à cause de son homosexualité. Il fait la rencontre de Ronaldo, un homme mûr qui lui enseigne de nouvelles façons de survivre. Peu à peu, leur relation se transforme en passion conflictuelle.

— João Pedro Mariano – Baby
Image courtoisie Semaine de la Critique

Baby, le deuxième long métrage du réalisateur Marcelo Caetano, connu pour son travail sur Corpo Elétrico (2017), a été choisi pour participer à la 63ème Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2024. Baby est le surnom de Wellington. C’est lors d’une visite dans un cinéma axé sur les productions pornographiques qu’il rencontre Ronaldo (Ricardo Teodoro), un prostitué qui prend Baby sous sa protection et est déterminé à lui apprendre les ficelles de la vie et de nouvelles façons de survivre. Ronaldo, avec qui il développe une relation amoureuse mouvementée, semble ne pas parvenir à discerner la frontière entre amour paternel et amour passionnel. Dès lors, les deux entament une relation tumultueuse, marquée par des conflits entre exploration et protection, jalousie et complicité, passion et possession. Situé dans un cadre urbain dynamique, Baby explore la complexité des liens humains et les défis de la réintégration dans la société après une période de détention. Ainsi, quand Baby prend le large pour retrouver ses amis trans, c’est une bande de joyeux drilles qui chantent et dansent de manière sexy dans le métro et dans les rues de São Paulo.

À l’image de Corpo Elétrico, nous retrouvons ici un groupe de jeunes, de São Paulo, issus de la classe moyenne inférieure, ouverts à de nouvelles configurations de sexualité et de genre. Leur groupe paraît libre de tout lien avec les institutions sociales : aucun personnage n’est particulièrement proche de sa famille, d’une religion, d’un parti politique ou d’une équipe sportive. L’union se fait à travers des amitiés, emplies de spontanéité, sans jugement, mais surtout durables.

Baby brosse le portrait d’êtres en marge, mais libérés de tous carcans, captant une époque contemporaine où des personnes se contentent de survivre en partageant fous rires, joies et peines, mais sans nourrir de perspectives d’amélioration sociale. Ces jeunes profitent simplement du moment présent avec des plaisirs bon marché. Les personnages se parlent avec un naturel jovial et spontané.

Mais les tentations faciles sont bien présentes et lors d’une livraison de drague à des clients, Wellington se laisse convaincre d’essayer de la Meth, « le crack des riches », lui reproche aussitôt Ronaldo, inquiet pour son protégé. Et quand Wellington refuse de servir de livreur, ces riches clients le livreront à la police pour le lui faire payer.

Ce film brésilien, basé sur un scénario de Marelo Caetano et Gabriel Domingues, est centré sur Wellington qui vit le baptême du feu auprès de son protecteur et mentor. Se retrouvant confronté à des clients voyeurs et demandeurs, particulièrement vicieux, Wellington se voit confronté à ses limites qu’il repousse constamment, quitte à se dégoûter. Dans ce cheminent d’apprentissage de la débrouille et de nouvelles façons de survivre, il n’oublie pas sa quête vitale : retrouver sa mère.

Ava Cahen, responsable de la programmation de la Semaine de la Critique, décrit ainsi le film :

« Un drame queer délicieusement romantique, une histoire d’amour moderne et un portrait difficile mais tendre d’une réalité sociale étouffante ».

Firouz E. Pillet, Cannes

j:mag Tous droits réservés

Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

Firouz Pillet has 1058 posts and counting. See all posts by Firouz Pillet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*