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FIFF 2024 : Horia, premier long métrage d’Ana-Maria Comănescu, propose un road-movie nostalgique et initiatique

Après avoir réalisé plusieurs courts métrages qui ont fait le tour du monde, le premier long métrage, développant le passage à l’âge adulte d’un adolescent en ébullition, de la réalisatrice roumaine a été sélectionné cette année dans la section Journées roumaines du 23e Festival international du film de Transylvanie.

— Vladimir Ţeca – Horia
Image courtoisie Festival du Film Francophone de Namur

Sur un scénario écrit par la réalisatrice, Horia suit le personnage principal, un jeune de dix-sept ans (l’acteur débutant Vladimir Ţeca) vivant dans un petit village avec son père, mécanicien. Lorsque Horia réussit ses examens de fin d’études, son père lui offre sa vieille moto Mobra, un cadeau accompagné de quelques conseils de vie qui mettent en relief le fossé des générations entre père et fils, un cadeau qui ne subjugue guère l’adolescent. Suite à une dispute avec son père, il s’enfuit de chez lui sur la moto, entamant un périple à travers le pays pour retrouver la fille pour laquelle il a le béguin, la jeune Stela (Angelina Pavel, jeune première aussi), treize ans, intelligente et effrontée, qui fuit aussi sa famille. Une amitié improbable naît. Aux côtés du couple de jeunes comédiens figurent Liviu Cheloiu, Daniela Nane, Mihaela Velicu, Dragoș Olaru et Robert Onofrei.

La réalisatrice a mis sept ans pour sortir son premier long métrage très représentatif du paysage cinématographique roumain. Le jeune acteur Vladimir Țeca parle de son personnage en ces termes :

« L’expérience Horia a représenté la première étape de ma carrière d’acteur, mais plus que cela, ce fut un moment marquant à tous points de vue, car pendant plus d’un mois, avec le tournage, j’ai mûri avec Horia. Je crois beaucoup en ce projet et je m’y suis entièrement consacré car il me semble qu’il faut quelque chose comme ça, une bouffée d’air dans le cinéma roumain et, en général, dans un monde qui n’a été frappé par des problèmes que ces derniers temps. J’espère que le public ressentira cette bouffée d’air frais et fera ce voyage avec Horia, pour découvrir ou redécouvrir le monde à travers les yeux d’un garçon qui n’a jamais quitté son village ».

Si le chemin d’Ana-Maria Comănescu pour concrétiser son rêve de long métrage a été long, elle était convaincue, dès l’âge de treize ans, qu’elle voulait devenir réalisatrice. Alors que les jeunes qui l’entouraient ne savaient même pas ce qu’ils voulaient faire, elle a découvert que la réalisation existait et a voulu exercer ce métier. Ce n’était pas qu’une idée passagère, elle est allée à l’UNATC, même si elle avait été acceptée dans deux écoles de cinéma en Angleterre. Elle voulait rester dans son pays parce qu’il aimait l’industrie cinématographique roumaine.

À propos de Horia, la cinéaste commente :

« J’ai essayé de réinterpréter dans l’espace roumain l’image des road-movie américains des années 60-70, avec tout leur sentiment de liberté. »

Le cinéma roumain a récemment proposé des films encore plus novateurs que la Nouvelle Vague roumaine, qui a débuté avec La Mort de Monsieur Lăzărescu, de Cristi Puiu. Ces récents films proposent des histoires auxquelles le public peut aisément s’identifier : on songe à Where Elephants Go (2024) de Gabi Virginia Şarga et Cătălin Rotaru. Le premier long métrage d’Ana-Maria Comănescu, Horia s’inscrit pleinement dans ce renouveau du cinéma contemporain roumain.

En donnant une destination à son protagoniste comme son béguin vit à Cluj-Napoca, dans le nord de la Roumanie, la réalisatrice le contraint à entamer un voyage du sud profond, mu par l’obsession de la ligne d’arrivée en ignorant toutes les petites étapes nécessaires pour y arriver. La cinéaste choisit de semer d’embûches le chemin de Horia, à commencer par la jeune Stela, radieuse, insouciante, mais source continue de conflits pour le jeune homme. Pourtant, l’adolescente fougueuse lui apprend à prendre la vie comme elle vient et à saisir toutes les occasions d’être heureux.

Le film propose un agréable coming-of-age mais souffre de quelques longueurs qui portent parfois préjudice à la crédibilité tant Ana-Maria Comănescu cherche à placer des obstacles sur le chemin de ses protagonistes. Horia a cependant le mérite de nous faire traverser la Roumanie profonde de bout en bout et apporte une réelle bouffée d’air frais que mentionnait le jeune comédien Vladimir Țeca.

Firouz E. Pillet, Namur

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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