Genève : la 4ème édition du Scène Vagabonde Festival accueille le public à la Salle Cæcilia jusqu’au 29 juillet. Rencontre avec Valentin Rossier
Le festival de théâtre, qui se déroule habituellement au parc Trembley, à Genève, a changé d’adresse afin de laisser respirer la parcelle (sur décision des services de la Ville) où la structure de la Scène vagabonde est installée depuis la création en 2019.
C’est donc dans la Salle Cæcilia, sis rue Carteret, dans le quartier de la Servette, que le festival convie le public pour cette quatrième édition. L’association Artistes Associés – composée par la cinéaste Elena Hazanov et les comédiens et metteurs en scène Valentin Rossier et Georges Guerreiro – a établi ses pénates dans la superbe Salle Cæcilia, un joyau architectural construit en 1906 par Henri Garcin, qui était un théâtre paroissial avant de devenir le lieu de répétition de l’ancienne Comédie de Genève.
Valentin Rossier et son équipe ont rénové la salle pour la mettre aux normes actuelles de sécurité. Cette salle au charme Art nouveau, qui est gérée par un collectif de compagnies genevoises, semble défier le temps, arborant avec fierté ses pierres sculptées et ses ogives néogothiques et sert désormais de lieux de répétition à diverses troupes indépendantes. Le plateau de la salle Cæcilia offre d’excellentes conditions de mise en scène et de jeu et la jauge de la salle est de quelque quatre-vingts sièges. Comme le souligne Valentin Rossier :
« De par son architecture, Cæcilia n’est pas sans rappeler le théâtre parisien « Les Bouffes du Nord », une alternative qui nous est apparue judicieuse et attrayante afin de faire connaître cet incroyable espace au grand public en célébrant les textes que nous souhaitons vous proposer pour cette édition 2023. »
Juste avant le lever de rideau, Valentin Rossier nous a parlé de son amour inconditionnel pour les classiques dont tant l’intemporalité que les résonances avec notre ère le passionnent. Le comédien et metteur en scène qui a fondé avec Frédéric Polier l’Helvetic Shakespeare Company en 1994, met en scène, depuis le 9 jusqu’au 24 juin 2023, L’Île des esclaves de Marivaux, pièce dans laquelle il joue et qu’il a déjà montée, tant l’histoire de ces aristocrates et de leurs valets qui échouent, à la suite d’un naufrage, sur une île gouvernée par des esclaves l’inspire et stimule sa créativité. Les spectatrices et les spectateurs qui ont vu la précédente mise en scène de cette pièce noteront quelques légères modifications, mais le message de l’auteur reste intact, sondant les privilèges liés à la naissance et inversant, le temps de quelques interrogations, les ordres sociaux, magnifiquement interprétés par Marie Druc, Camille Figuereo, Juan Antonio Crespillo, Lionel Brady et Valentin Rossier.
Le festival se poursuit avec, du 28 juin au 8 juillet, Joie de Vivre, de Charles Nouveau qui joue avec les questionnements existentiels des jeunes adultes. Cette quatrième édition se termine avec, du 14 au 29 juillet, la pièce Contractions, de Mike Bartlett, qui met en exergue les rapports de pouvoir au travail sans épargner l’influence et l’ingérence des technologies modernes au détriment des rapports humains. Les réflexions et les questionnements existentiels semblent être le fil conducteur de cette quatrième édition.
Depuis sa création en 2019, le Scène Vagabonde Festival s’inscrit dans une démarche artistique et citoyenne qui convoque le public des quartiers de la rive droite, toutes générations confondues, à venir découvrir la richesse des textes classiques comme des œuvres plus contemporaines.
Valentin Rossier, qui avait présenté Trahisons, d’Harold Pinter à la fin de l’été 2021 dans le Parc Trembley avant de jouer la pièce début 2022 au Crève-Cœur de Cologny puis à la Salle Cæcilia en janvier 2023, retrouvera l’écrivain, dramaturge, scénariste et metteur en scène britannique qu’il affectionne tant à peine le festival achevé. Valentin Rossier nous en dit plus dans l’entretien qu’il nous a accordé et se confie sur les classiques qui le font vibrer, sur cet écrin au cachet si agréablement désuet dans lequel ses acolytes et lui-même jouent actuellement, sur les diverses casquettes qu’il assume avec énergie et passion. Rencontre :
Firouz E. Pillet
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