Lady Nazca, de Damien Dorsaz : une quête d’absolu et de soi-même. Rencontre
Acteur, scénariste et réalisateur, le Valaisan né à Fribourg signe son premier film de fiction suivant la destinée hors du commun de Maria Reiche, méconnue du grand public, mis à part dans son pays d’origine, l’Allemagne, et au Pérou.

© Tobis Film
Le film du cinéaste suisse suit Maria Reiche (Devrim Lingnau) une jeune mathématicienne de Dresde, expatriée au début des années trente à Lima où elle rencontre Paul d’Harcourt (Guillaume Gallienne), archéologue français. Loin des mondanités de la capitale péruvienne, ce dernier l’emmène dans le désert de Nazca où elle découvre un vestige millénaire, de gigantesques figures animales tracées dans le sable auxquelles elle va consacrer sa vie dans une soif d’absolu et de quête d’elle-même : les géoglyphes du désert de Nazca. Malgré l’opposition qui l’entoure, Maria Reiche obtiendra l’arrêt des travaux d’irrigation qui menacent cet incroyable témoignage d’une culture bafouée à l’arrivée des conquistadores espagnols.
C’est tout jeune homme que Damien Dorsaz effectue son premier voyage au Pérou lors duquel il rencontre Maria Reiche, un moment fondateur pour le jeune Valaisan qui lui consacrera en 2006 un documentaire, Maria Reiche, la dame de Nasca.
Avec un soin particulier apporté à la photographie par Gilles Porte qui a travaillé à la lumière naturelle à la demande du cinéaste, Lady Nazca retrace le parcours d’une femme à la fois fragile et forte, libre et moderne, soutenue par sa compagne Amy Meredith, dans un monde qui attendait des femmes qu’elles restent sagement au foyer sans oser prétendre à une quelconque émancipation.
Hors micro, Damien Dorsaz nous a décrit les conditions de tournage :
« Filmer à la lumière naturelle impliquait de s’adapter à la luminosité du moment pour être plus proche des actrices comme pour la scène du pique-nique pour laquelle nous n’avons eu que sept minutes pour tourner les trois minutes que l’on voit à l’écran. Cela nous a permis d’être au plus proche des deux actrices, de deviner ce qu’elles se disent et leurs émotions sans champ et contre champ.»
Le projet a mis du temps à voir le jour, car les difficultés de financement venaient, d’une part du fait que « le Pérou n’a aucune aide au cinéma contrairement à d’autres pays de l’Amérique latine comme la Colombie oh le Chili et, d’autre part, car les financeurs confondent encore les pays entre eux : quand on leur parle de sites archéologiques dans le désert de Nazca, ils pensent au Mexique. »
Damien Dorsaz d’ajouter :
« Je cherche l’invisible dans le destin de Maria Reiche et c’est ce que j’ai voulu faire avec ce film mais certains financeurs voulaient m’entraîner dans quelque chose de plus psychologique.»
Finalement, Lady Nazca a pu voir le jour grâce à une coproduction franco-allemande et sort sur les écrans de Suisse romande le 10 décembre.
Après des années de labeur intense en tant que réalisateur, Damien Dorsaz aspire à remonter sur scène ou à jouer devant la caméra d’un cinéaste pour se laisser porter « tel un musicien qui joue une partition devant un chef d’orchestre qui dirige son ensemble ».
Entretien audio avec Damien Dorsaz:
Firouz E. Pillet
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