Lausanne : à découvrir à L’Hermitage, Achille Laugé, des points, encore des petits points, toujours des petits points délicieusement raffinés ! Rencontre avec la commissaire Nicole Tamburini
La Fondation de l’Hermitage propose une rétrospective de l’œuvre du peintre néo-impressionniste Achille Lauré mis en lumière par l’éclairage de la commissaire Nicole Tamburini. Intitulée Achille Laugé, Le néo-impressionnisme dans la lumière du Sud, cette exposition, qui a ouvert ses portes le 14 juin et se déroule jusqu’au 30 octobre 2022, permet de découvrir son œuvre, réunissant quelque quatre-vingts tableaux. Si Pissarro, Seurat, Monet, Signac sont connus du grand public, Achille Laugé demeure un artiste méconnu qui, après un séjour à Paris où il suivit des cours à l’École des Beaux-Arts, est retourné dans les terres qui l’ont vu naître, dans la région de Carcassonne, dans le département de l’Aude, pour y faire toute sa carrière.
Alors que Nicole Tamburini étudiait à l’École du Louvre, son professeur l’envoie à Carcassonne pour y travailler sur de précieux documents conservés sur Achille Laugé. Elle ne connaissait par cet artiste audois, mais sa rencontre avec son œuvre fut celle de toute une vie ; en effet, Nicole Tamburini a été immédiatement envoûtée par cet artiste, tant pour ses paysages d’amandiers en fleurs que ses natures mortes japonisantes et ses portraits. Commissaire de l’exposition proposée par l’Hermitage, Nicole Tamburini nous a accordé de son temps pour nous parler de ce peintre qu’elle connaît si bien : elle nous a relaté le parcours singulier de ce jeune homme, issu d’une famille paysanne et que ses parents destinaient à des études de pharmacie qu’il entama à Toulouse pour les délaisser au profit de l’art.
Avouant avoir eu une véritable révélation pour son œuvre, Nicole Tamburini nous a dit combien organiser cette exposition à l’Hermitage l’a enthousiasmée, le cadre de cette maison de maître devenue musée étant un véritable écrin qui met en valeur les tableaux d’Achille Laugé. Elle a souligné que Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage, entourée de son équipe, ose prendre des risques et ainsi proposer une exposition sur un artiste moins connu, cette audace faisant partie de la philosophie de l’Hermitage qui proposait, il y a exactement un an, une rétrospective de l’œuvre d’Hans Emmenegger (1866-1940), un artiste lucernois inconnu en Suisse romande.
Transmettant sa passion et son expertise de l’œuvre d’Achille Laugé, Nicole Tamburini nous a parlé de ses sources d’inspiration qu’il puise à Cailhau et dans ses alentours, de sa méthode de travail caractérisée par les trois couleurs primaires juxtaposées en petits points ou en treillis, de son amitié avec Antoine Bourdelle, de sa formation auprès de l’atelier d’Aristide Maillol, de son ingénieuse « roulotte-atelier » qu’il avait conçue et qui lui permettait d’arpenter les mêmes lieux pour en faire des séries, représentant inlassablement les routes bordées d’arbres de sa région, à l’instar de Monet avec ses cathédrales.
Nicole Tamburini nous a expliqué comment l’exposition s’articule, au fil des salles et des étages, autour de thématiques illustrant à la fois le parcours et les sujets de prédilection de Laugé, permettant de replacer le peintre raffiné et délicat dans le contexte artistique du tournant du XXe siècle. Une évidence à l’issue de la visite : les tableaux d’Achille Laugé, ses natures mortes où les bouquets de coquelicots et de marguerites voisinent avec les fruits mûrs et les branches d’amandiers en fleurs vous poursuivent bien au-delà de l’exposition.
Mission réussie pour Nicole Tamburini et Sylvie Wuhrmann !
Entretien téléphonique avec Nicole Tamburini, historienne de l’art, experte d’Achille Laugé et commissaire de l’exposition:
Firouz E. Pillet
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