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Le collectif anarchiste Masovka porte plainte contre l’unité antiterroriste grecque

Notre consœur Angélique Kourounis, correspondante en Grèce de Radio-France et de Charlie Hebdo, réalisatrice du documentaire Aube dorée : Une affaire personnelle nous alerte sur certaines dérives policières en Grèce visant des collectifs politiques et militants. Voici ce qu’Angélique Kourounis et Thomas Iacobi – correspondant du quotidien La Croix et de la Deutsche Welle en Grèce et co-scénariste du documentaire sur Aube dorée – nous relatent :

Le 12 février 2021, Silvio Kullolli et Aris Papazacharoudakis, anarchistes et membres du collectif Masovka, sont arrêtés par les services de sécurité nationale avec la collaboration de l’agence antiterroriste grecque. La veille, Masovka avait protesté contre une nouvelle déclaration faite par le vice-ministre des Affaires étrangères, Miltiadis Varvitsiotis, dans son bureau à Athènes. Varvitsiotis avait déclaré que des pays comme l’Afghanistan et le Pakistan sont considérés comme des pays surs pour les réfugiés déboutés de leur droit d’asile afin qu’ils puissent plus facilement être renvoyés dans leur pays d’origine.
Masovka avait dédié cette action à Dimitris Koufontinas qui, à ce moment-là était encore en grève de la faim.

Le 14 mars, le détenu – incarcéré depuis 18 ans pour 11 meurtres, dont le beau-frère de l’actuel Premier ministre de droite Kyriakos Mitsotakis et père de l’actuel maire d’Athènes Costas Bakoyannis – chef opérationnel du groupe Organisation révolutionnaire du 17-Novembre démantelé en 2002, a arrêté sa grève entamée le 7 janvier 2021, pour réclamer son transfèrement d’une prison de haute-sécurité, à Domokos dans le centre du pays dans la prison de Korydallos à Athènes, près de sa famille.

Silvio et Aris ont été arrêtés sur la base d’informations provenant de leurs comptes personnels sur des réseaux sociaux. Durant leur détention, de nouveaux éléments à charge ont été fabriqués par la police pour les incriminer, sur la base de vieilles manifestations de Masovka. En conséquence, ils ont été accusés d’être membres d’une organisation criminelle. Alors, désormais un collectif politique peut être accusé d’être une organisation criminelle. Presque un mois plus tard, le 9 Mars, Aris a été kidnappé par des hommes cagoulés de l’unité antiterroriste grecque, un jour après une énorme manifestation contre la violence policière. L’enlèvement a eu lieu après que la police a intercepté des appels téléphoniques d’Aris. La police a, par la suite, admis qu’elle surveillait son téléphone depuis janvier, pour “des raisons de sécurité nationale”.
Aris a été emmené au quartier général de la police à Athènes, où il a été passé à tabac et torturé pendant 8 heures durant lesquelles on lui a refusé l’eau, les toilettes, à manger, l’accès à un avocat ou un médecin. Durant les premières heures de son arrestation sa famille et son avocate ne savaient pas où il était.

Les images de contusions et blessures montrées sur cette vidéo font penser à celles qui sont passées dans les journaux télévisés après les manifestations de 2020 et 2021 en Bélarus, les arrestations sans pouvoir avertir les proches et les tortures psychiques et/ou physiques qui ont suivi (à cet égard, nous vous renvoyons au film Courage d’Aliaksei Paluyan; N.D.L.R.). Les médias s’en sont fait l’écho et un rapporteur de l’ONU s’en est inquiété. Étrangement, les actes de violence policière en Grèce restent dans l’ombre.

Le collectif Masovka a décidé de porter plainte contre l’unité antiterroriste grecque. C’est une grande première qui peut marquer un tournant dans la lutte contre la répression de l’État policier.
Quelques heures auparavant, un ami de Aris qui n’était pas membre du collectif a été arrêté ; il est actuellement détenu à la prison de Larissa dans le centre du pays. Dans les deux cas la police voulait des noms, n’importe quels noms de manifestants qui avaient pris part à la grande manifestation contre la répression policière durant laquelle il y a eu des dizaines de manifestants blessés et un policier violemment agressé par certains manifestants.
À noter que le soir même le Premier Ministre conservateur Kyriakos Mitsotakis a fait une annonce à la télé où il n’a parlé que de l’agression contre le policier.

Le texte en citation est d’Angélique Kourounis, les commentaires de Malik Berkati

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Malik Berkati

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