Burkina Faso : le Ciné Guimbi lance une campagne de financement participatif au mois de juin 2018 – Rencontre avec Berni Goldblat
Du 8 juin au 16 juillet 2018, le Ciné Guimbi lance une campagne de levée de fond participatif – crowdfunding – pour ceux et celles qui maîtrisent mieux les terminologies anglophones en usage sur les réseaux sociaux – via la plateforme Ulule, afin de pouvoir financer la poursuite de son chantier à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso. L’argent récolté permettra d’achever la première phase du chantier, qui correspond à la mise en sécurité du bâtiment, la réalisation des travaux d’étanchéité et la mise en place de la charpente métallique.
https://fr.ulule.com/cineguimbi
Une ville sans cinéma
Malgré un million d’habitants, Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, ne dispose plus d’aucune salle dédiée au cinéma. L’accès à une offre cinématographique, adaptée et accessible à la population, fait donc aujourd’hui défaut. Les jeunes générations n’ont jamais connu l’expérience de pouvoir visionner un film sur grand écran dans des conditions de projection de qualité. Les jeunes Burkinabès n’accèdent aux films que par les filières des copies très souvent de qualité médiocre. Le dessein de la réhabilitation de cette salle de cinéma à Bobo, dans un quartier populaire, permettra donc non seulement un accès au cinéma à un prix accessible à tous mais aussi aura une visée pédagogique, facilitant la formation des jeunes spectateurs à l’image.
Le Ciné Guimbi, un ciné pour Bobo- Dioulasso
Constatant l’absence de salle dédiée au septième art et devant la demande de la population, l’Association de Soutien du Cinéma au Burkina Faso (ASCBF) lance en 2013 la réhabilitation du Ciné Guimbi à Bobo-Dioulasso. L’objectif est d’ouvrir un mini-plex de deux salles, un café-restaurant, une salle polyvalente, un centre de ressources et des bureaux.
Comme nous l’explique, dans l’entretien audio réalisé à carouge, le cinéaste Berni Goldblat, début juin :
Plus qu’un simple cinéma avec une programmation quotidienne variée, le Ciné Guimbi sera également un espace d’accueil, d’échanges, de débat et d’action. Il accueillera notamment un programme d’éducation à l’image dédié aux jeunes, aux scolaires et au grand public.
Le projet de réhabilitation du Ciné Guimbi a été confié à l’Atelier d’Architecture Lalo. Créé en 2001 par Jean-Marc Lalo, il intervient sur la création de nombreux lieux publics et notamment de cinémas dans le monde comme à Tanger, Kaboul, Abidjan, Yaoundé, Dakar, et ben d’autres lieux encore. Pensé comme un espace de vie culturelle et populaire de qualité, le Ciné Guimbi est envisagé comme un vivier facilitateur d’échanges non seulement culturels mais aussi sociaux. Ce lieu est engagé dans une démarche environnementale. Érigé avec les ressources, les artisans et les entrepreneurs locaux, le Ciné Guimbi se veut un modèle écologique dans sa construction et dans son fonctionnement, avec sa toiture végétalisée et son équipement solaire, qui fournira lumière et électricité.
Levée de fonds participatifs : à quoi va servir le financement ?
Le Ciné Guimbi lance le 7 juin 2018 une campagne de financement participatif sur la plateforme Ulule. Cette levée de fonds est vitale pour assurer la poursuite du projet car elle permettra de terminer la première phase du chantier, en vue d’une ouverture du Ciné Guimbi au public en 2019.
L’objectif chiffré de la campagne de financement participatif est de 50 000 €, somme grâce à laquelle le Ciné Guimbi pourra finaliser la première phase du chantier et la mise en sécurité du bâtiment. Les fonds seront utilisés pour terminer le gros de la charpente métallique et procéder à la pose d’éléments de menuiserie.
Plus qu’une simple levée de fonds, cette campagne souhaite impulser une nouvelle dynamique pour la suite du projet, en permettant dans un premier temps au chantier d’avancer de manière significative ; mais également en pérennisant l’action et les efforts des porteurs de projet à travers l’embauche d’une personne dédiée au développement du Ciné Guimbi. Cette campagne est également l’occasion pour le Ciné Guimbi de souder sa communauté déjà engagée et de faire découvrir ce projet culturel et citoyen au plus grand nombre.
Comme le souligne Berni Goldblat, cette étape est essentielle pour la suite, car elle permettra au Ciné Guimbi d’aborder la dernière phase de sa construction et d’avancer ainsi de manière significative vers sa réouverture, très attendue par les habitants de Bobo-Dioulasso. Mais la réhabilitation du Ciné Guimbi a une portée bien plus large : de nombreuses salles de cinéma, sur le continent africain mais aussi en Asie ou en Amérique du Sud, ont été transformées en centre commerciaux en hôtels ou en lieux de culte.
La fermeture de la dernière salle date de 2003. Avoir un lieu de culture et une salle de cinéma permet de lutter contre la montée de l’obscurantisme.
Nous avons rencontré Berni Goldblat à Carouge dans un contexte sonore devenu très bruyant juste au moment de l’entretien. Cependant le cinéaste qui s’engage corps et âme dans le projet de réhabilitation du Ciné Guimbi, invite les lecteurs et auditeurs à constater les avancées du projets sur les réseaux sociaux et sur le site du Ciné Guimbi. A la fin de notre entretien Berni Goldblat nous a parlé de ses enfants, Wallay, film sorti en 2017 (j:mag l’avait déjà rencontré lors du dernier festival Black Movie, ndlr.), qui vient de récolté un nouveau prix et de sa fille, Doriane Habibou, qui vient de voir le jour.
Firouz E. Pillet
L’association est très active sur les réseaux sociaux, si vous voulez suivre l’évolution du projet en temps réel: Twitter, Facebook et Instagram.
La campagne de crowdfunding en faveur du #CinéGuimbi sur @Ulule démarre dans exactement 1 semaine le 08 juin❤️#Burkina #Cinéma #Africa✨✨✨ pic.twitter.com/M6XJoIcFSJ
— Ciné Guimbi (@CineGuimbi) 1 juin 2018
[édité le 26 juin 2018: lien direct vers la campagne]
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