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« Le Dieu du Carnage », de Yasmina Reza, mis en scène par Georges Guerreiro, clôt la première édition du Festival de La Tour vagabonde à Genève – Rencontre

Né en 1967, Georges Guerreiro obtient un diplôme à la Sorbonne, en linguistique, il se lance dans une formation de comédien en suivant les cours de Véronique et Stanislas Nordey à la fin des années 80. Il continue de se former en art dramatique avec Jack Waltzer, Lazennec et Minyana. Sa rencontre avec Eric Salama et Valentin Rossier de l’Helvetic Shakespeare Company le conduit à Genève où il continuera à entretenir une complicité professionnelle avec Vincent Bonillo et Valentin rossier, qui l’ont précédé dans le programme de La Tour vagabonde 2019.

Georges Guerreiro partage sa vie entre théâtre, en tant que comédien et metteur en scène, et cinéma, à la fois comme acteur et scénariste.

— Georges Guerreiro
© Firouz Pillet

Le Dieu du Carnage est l’une des pièces phares de Yasmina Reza. Elle a été créée en 2006 par Jürgen Gosch à la Schauspielhaus de Zurich puis au Berliner Ensemble de Berlin, et en 2008 dans une mise en scène de l’auteur.

Jouée dans le monde entier au théâtre et adaptée au cinéma par Polanski en 2011, cette satire en huis clos revient à Genève pour le plus grand plaisir des spectateurs. Acclamée par le public pour sa première Suisse en 2016 au Théâtre de l’Orangerie et forte du succès des tournées qui ont suivi, la mise en scène de Georges Guerreiro sera sans doute l’un des évènements de la saison.

Les spectateurs découvrent deux couples réunis pour régler un conflit qui a opposé leurs fils respectifs. Dans un square paisible, le jeune Ferdinand Reille a frappé à coups de bâton son camarade d’école, Bruno Houllié qui a eu deux dents cassées. Les parents des deux garçons se rencontrent donc pour régler le litige. Les spectateurs découvrent ces deux couples dans un salon; Georges Guerreiro a choisi un décors épuré pour rendre palpable la progression des tensions au cours de cette rencontre.

Civilisés, bienveillants et conciliants dans un premier temps, les deux couples tentent de tenir un discours commun de tolérance policée qui s’envenime très vite pour sombrer dans un jeu de massacre savamment orchestré par le metteur en scène qui confine ses comédiens dans un huit-clos où les comédiens échangent des joutes oratoires dans un crescendo subilatoire.

Derrière les discours de circonstance, les masques finissent par tomber pour réveiller les vrais visages qui se dévoilent peu à peu. Les failles de chaque couple apparaissent, et tout dérape progressivement. L’amour-propre, l’hypocrisie, la jalousie, les règlements de comptes entre conjoints, sont les ingrédients de cette pièce redoutable, subtile, sur les apparences, la superficialité des convenances dissimulés sous le vernis des bonnes manières. La bienséance finit par disparaître pour laisser place à la déliquescence du savoir-vivre et à un cynisme qui suscite le rire des spectateurs, un rie jaune, bien évidemment.

Nous avons rencontré Georges Guerreiro avec presque une heure et demi de retard sur l’horaire prévu à cause d’une météo diluvienne, couronnée par une averse de grêlons sur Genève. Arrivée au Théâtre du Globe planté au milieu du Parc Trembley, la sous-signée a retrouvé le metteur en scène très préoccupé à remettre en état les lieux avant l’arrivée du public. Toute l’équipe de la Tour vagabonde était là – les comédiens du spectacle, Marie Druc Carine Barbey Vincent Bonillo Valentin Rossier mais aussi l’équipe de techniciens en coulisses ainsi que José Lillo qui a concocté pour chacun des trois spectacles une mise en bouche.

Pour Le dieu du carnage, José Lillo a mis en garde les célibataires et les couples vacillants qui « couraient le risque de sortir déprimés de ce spectacle». Le comédien a cité quelques phrases de Jacques Salomé comme « L’amour cède plate à la tendresse quand il n’y a plus d’amour », en indiquant au public que le marché aux puces regorge de livres de Jacques Salomé à très petits prix. Le ton était donné !

La Tour vagabonde Festival a joué de malchance pour sa première édition, les soirées d’orage, voire de tempêtes ayant primé sur les soirées ensoleillées. Cependant, Georges Guerreiro nous a confié que Valentin Rossier songeait déjà à une seconde édition. Avis aux amateurs !

[Suite à un problème technique lors de l’enregistrement, vous entendrez une césure dans le podcast vers la 2’46, N.D.L.R.]

A voir jusqu’au 20 juin 2019.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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