Le documentaire sensation de l’année, No Other Land de Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal & Rachel Szor, sort sur les écrans romands
Dans chaque festival où il est présenté, le documentaire réalisé par un collectif israélo-palestinien composé de Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal et Rachel Szor secoue le public, qui, lorsqu’il a l’occasion de décerner un prix, le lui attribue, comme à la Berlinale 2024, aux Visions du Réel 2024 ou au CPH:DOX
de Copenhague, pour ne citer que les plus importants. Le film a également été récompensé du prix du meilleur documentaire toutes sections confondues à la Berlinale, ce qui a suscité des remous politiques et médiatiques en Allemagne suite au discours de Yuval Abraham lors de la remise du prix, dans lequel il a rappelé que son pays, Israël, menait une politique d’apartheid envers les Palestinien·nes.
La base de ce documentaire est constituée de prises de vue de Basel Adra, réalisées avec une petite caméra ou un simple téléphone, souvent en courant, car il filme au cœur de l’action, se mettant également en danger pour documenter cette lutte inégale entre le pot de fer et le pot de terre. Il n’hésite pas à confronter les soldats avec leurs actions, à pointer leur responsabilité. Yuval Abraham, quant à lui, est l’alter ego privilégié de Basel : ils ont sensiblement le même âge, mais pas la même vie. L’un va et vient comme il l’entend sur le territoire, l’autre est totalement restreint dans ses mouvements. L’un est soumis au droit civil, l’autre au droit militaire. Yuval et les deux autres membres du collectif filment les situations familiales, les conversations entre les deux jeunes hommes, les altercations à distance, toutes ces failles dans la normalité qui forment cette guerre silencieuse, invisible ou plutôt invisibilisée, qui oppresse un peuple. Ces images donnent matière à l’arbitraire, à l’injustice qui deviennent palpables. Le but de ces opérations de harcèlements quotidiens : que les gens quittent ces terres rendues invivables pour eux, afin de se les accaparer, et faire grossir la cohorte de celles et ceux qui rejoignent les villes, asphyxiées physiquement et économiquement, et en faire de grands ghettos coupés du reste des terres de ce peuple et de sa base économique que sont l’agriculture, l’élevage et l’arboriculture. Accessoirement, ils deviennent ainsi de la main-d’œuvre bon marché pour le secteur du BTP en Israël. La boucle du cynisme est bouclée : les Palestiniens construisent pour ceux qui les ont détruits. (…)
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