Le Théâtre de Carouge propose Le malade imaginaire, de Molière, une satire qui brocarde les médecins et leur langage latinisant, nous faisant rire de bon cœur – Rencontres
Le directeur du Théâtre de Carouge, Jean Liermier, remonte avec enthousiasme et ferveur Le malade imaginaire, comédie écrite par Molière alors qu’il était malade. Il s’entoure d’une distribution à ravir qui présente quelques modifications par rapport à la distribution de 2014, et retrouve Gilles Privat, désopilant et tyrannique envers ses proches, incarnant un hypocondriaque angoissé, autoritaire et impérieux.
« Comment, coquine, si je suis malade ? Si je suis malade, impudente ? »
Voici un malade imaginaire qui a de nombreuses angoisses, en constante souffrance. Comme le souligne Jean Liermier, Molière qui est ici précurseur, décrivant un malade aux troubles psychiatriques dont on n’avait aucune connaissance ni définition à l’époque de son auteur, mais un malade qui est pris très au sérieux par la pléthore de médecins et d’apothicaires qui l’entoure.
Dans Le malade imaginaire, Argan est malade. Du moins, Argan le croit fermement et s’en plaint-il auprès de tous ses proches, mais en particulier auprès de sa servante, Toinette, qu’il rudoie, mais qui lui résiste avec bienveillance.
Sa fille Angélique ne se soucie que de son amour pour Cléante alors que son père la destine à un médecin pour en avoir un sous la main pour panser ses maux. Sa femme, Béline, semble lui vouer un amour inconditionnel, mais se révèle très préoccupée par les écus clinquants que par les remèdes… Monsieur Purgon voue une assiduité très dévouée à Argan. Monsieur Diafoirus, autre médecin, se réjouit de prodiguer ses soins et ses conseils à Argan puisque Argan représente un gagne-pain considérable.
Pour Jean Liermier, cette pièce de Molière est une œuvre à la modernité troublante et qui décrit avec acuité les travers de l’humanité. Après la difficile abstinence culturelle induite par la pandémie, Le Malade imaginaire est une pièce bienvenue, à la fois salutaire et salvatrice.
Dans le dernier décor de Jean-Marc Stehlé, créé avec Catherine Rankl, huit comédiennes et comédiens romand·e·s – Madeleine Assas (Toinette), David Casada (Cléante), Jean- Pierre Gos (Monsieur Diafoirus et Monsieur Fleurant), Sabrina Martin (Béline), Jacques Michel (Béralde), Gilles Privat (Argan), Marie Ruchat (Angélique et Louison), Raphaël Vachoux (Thomas Diafoirus, Monsieur Purgon et Monsieur Bonnefoy) – subliment cette œuvre testamentaire de Molière, créée en février 1673, dans laquelle l’auteur joua pendant quatre représentations, mais dont la dernière le voit s’évanouir sur scène… Il ne se relèvera pas !
Jean-Baptiste Poquelin se savait malade, mais Molière le cachait à son public.
Le verbe savoureux et l’humour du 17ème sont délicieusement mis en scène avec maestria par Jean Liermier pour un public du 21ème siècle.
La pièce est à savourer jusqu’au 18 décembre 2022 dans la grande salle du Théâtre de Carouge.
Très pris par des répétitions sur Lausanne, Jean Liermier nous a accordé de son précieux pour nous parler de son compagnonnage de longue date avec Molière, de ses comédiennes et ses comédiens, de ses complices à la scénographie, entre autres…
Rencontre avec trois comédiennes qui entourent Argan : Madeleine Assas (Toinette), Marie Ruchat (Angélique) et Sabrina Martin (Béline):
Firouz E. Pillet
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