Locarno 2018 – A Family Tour de Ying Liang , une coproduction très politisée, venue de Taïwan, Hong Kong, Singapour et de Malaisie
Après avoir réalisé le film The Mother of One Recluse, la réalisatrice Yang Shu a été contraint de vivre en exil à Hong Kong. Mais lorsque sa mère doit subir une opération grave, les deux femmes prévoient de se rencontrer à Taiwan où Yang participera à un festival de cinéma avec son mari et son fils et où sa mère effectuera une tournée touristique. Pour que la réunion de famille puisse se dérouler en toute sécurité, les membres de cette famille, séparés de longue date, séjournent tous dans le même hôtel et suivent la visite sur ses différentes destinations du circuit touristique.
Dans son long métrage semi-autobiographique A Family Tour, le réalisateur Ying Liang organise la réunion d’une famille étrangère sur un terrain étranger. A Taiwan, la réalisatrice Yang Shu, qui vit en exil à Hong Kong depuis un film critique sur le gouvernement où elle retrace clairement l’histoire politique de son père, rencontre donc sa mère à Taïwan, qui rencontre pour la première fois son petit-fils en chair et en os, ne le connaissant que par Skype. La grand-mère qui doit subir une opération importante, savoure ces instants de bonheur familial retrouvé mais la réunion secrète. On comprend que cette rencontre est une entreprise risquée, car la famille est obligée de nier leurs relations, y compris quand la guide taïwanaise les questionne à ce sujet.
A Family Tour s’affirme comme un film qui vit de manière tangible des tensions entre les deux femmes et nombre de choses restent inexprimées ou ne sont révélées qu’après des années.
Les relations difficiles entre la Chine continentale et Taïwan sont connues mais la situation actuelle des territoires rétrocédés – comme Hong-Kong et Macao – demeurent moins connus des Occidentaux. Ying Liang insiste sur le contrôle des personnes, de leur liberté d’expression muselée et des relations conditionnées par la peur d’être écoutés, observés, voire dénoncés.
Cette insistance de Ying Liang sur le contrôle politique des relations a surpris les spectateurs occidentaux et même déplu à certains spectateurs chinois dont une jeune étudiante en architecture de Shanghaï, venue suivre le festival pendant quelques jours.
Ying Liang n’est pas étranger à Locarno et en 2012, il a reçu le prix du réalisateur pour When Night Falls.
De Locarno, Firouz E. Pillet
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