Locarno 2018 – Le troisième long de Dominga Sotomayor, Tarde para morir joven distille une nostalgie décalée et anachronique de l’idéal hippie
La démocratie revient au Chili au cours de l’été 1990. Dans une communauté isolée, Sofia, Lucas et Clara font face à leurs premières amours et à leurs peurs existentielles alors que ces adolescents se préparent à la veille du Nouvel An. Au sein de cette communauté hippie qui semble anachronique, ils peuvent vivre loin des dangers de la ville, mais pas de ceux de la nature.
Coproduit par divers pays d’Amérique latine, les Pays-Bas et le Qatar, le troisième long métrage de la cinéaste chilienne Dominga Sotomayor , Tarde para morir joven (Tard pour mourir jeune), brosse le portrait d’un groupe de personnes qui choisissent de s’isoler des dangers des villes mais se retrouvent confrontés aux dangers de la nature. L’histoire se concentre sur le portrait de trois jeunes qui grandissent dans ce contexte avec les hésitations liées à leur âge, leurs premières amours, leurs doutes et l’affirmation balbutiante de leur personnalité. Définie comme un passage à l’âge adulte, Dominga Sotomayor a souligné que ce film cherche à décrire
« les adolescents à travers un caractère émotionnel et viscéral via ce film où l’intensité dramatique et le dynamisme sont directement liés au point de vue et l’âge de ses protagonistes ».
Ce film fait la part belle à un petit groupe de familles vivant dans une communauté isolée au pied d’une montagne, la construction d’un nouveau monde éloigné des excès de la grande ville et de ses vicissitudes. La chaleur estivale est excessive et l’air est rempli des sons humides de la nature. Il n’y a pas d’électricité ni de téléphone et le manque d’eau est une constante. Les adultes sont divisés par le désir de conserver la terre telle quelle ou de l’adapter à de nouveaux besoins des humains. Lucas, Clara et Sofia, les enfants issus de différentes familles, sont dépeints face à leur désir de quitter, les doutes liés aux premières amours et les peurs d’oser se lancer dans l’inconnu. Le groupe est impliqué dans des disputes idéalistes, des mensonges et des amours secrètes. Alors que leurs enfants courent librement, se mêlant à la nature, comme des animaux sauvages, leur relation avec le lieu est naturelle même s’ils y sont contraints par la décision de leurs parents.
Ce troisième long de Dominga Sotomayor après De jueves a domingo et Mar distille une atmosphère bucolique et surannée à travers un sujet qui peine à captiver car vu et traité déjà maintes fois au cinéma. Il est d’autant plus regrettable que le film de Sotomayor manque sa cible que les divers acteurs – Demian Hernández, Antar Machado, Magdalena Tótoro – sont excellents.
De Locarno, Firouz E. Pillet
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