L’UNESCO a élu un nouveau directeur général
Égyptologue de 54 ans, ancien ministre des Antiquités et du Tourisme de l’Égypte de 2016 à 2022, Khaled el-Enany a été élu le 6 octobre dernier par le Conseil exécutif comme nouveau chef de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture. Il prendra officiellement ses fonctions à Samarcande le 6 novembre prochain, lors de la Conférence générale de l’Unesco. Diplômé de l’université de Montpellier, il devient le premier directeur général d’origine arabe et le deuxième Africain, après le Sénégalais Amadou-Mahtar M’Bow (1974-1987).
Reem Akef, CC BY-SA 4.0 via Wikimedia Commons
Le nouveau directeur général a promis de tout faire pour organiser le retour des États-Unis au sein de l’agence onusienne, car l’Organisation perdra 75 millions de dollars à la fin de l’année prochaine si cette tâche n’est pas accomplie à temps. L’administration de Donald Trump avait dénoncé un « parti pris anti-israélien » et « la promotion de causes sociales et culturelles clivantes ». Après le départ d’Israël en 2017, le Nicaragua a, lui aussi, quitté l’Unesco au printemps dernier.
Khaled el-Enany a affirmé, lors de ses nombreuses rencontres avec la presse mondiale, être prêt à travailler main dans la main avec tous les pays membres pour moderniser l’Organisation et la projeter vers l’avenir ! Il souhaite aussi privilégier les délibérations techniques plutôt que la politisation de l’UNESCO et construire le consensus, afin de préserver l’institution comme un espace de rapprochement et de solutions communes :
« Le défi actuel est le budget, qui sera la priorité de tou·tes », a-t-il fait remarquer.
Khaled el-Enany appelle également à davantage de contributions volontaires des États par le biais d’échanges de dettes, ainsi qu’à une aide accrue du secteur privé, incluant la participation de fondations, d’entreprises et de mécènes.
Le nouveau chef de l’agence onusienne a aussi bénéficié d’un large soutien international : la Ligue arabe, de nombreux pays africains et européens, dont la France, qui l’avait fait chevalier de la Légion d’honneur le mois dernier. Sa campagne s’est déroulée sous le slogan « UNESCO for the people » !
Associé à des dommages
Un bémol de sa campagne a été les critiques liées aux grands travaux qu’il a supervisés, comme la création du Musée national de la civilisation égyptienne au Caire, un établissement qui abrite dix momies royales, dont celle de Ramsès II. Khaled el-Enany a été accusé d’avoir causé l’expulsion de personnes précaires de la Cité des morts au Caire, notamment pour le déplacement de dépouilles. Mais il s’est défendu en affirmant avoir des preuves de n’avoir jamais participé à aucune destruction et n’avoir autorisé que le déplacement de certains tombeaux contemporains.
Le nouveau directeur général prendra ses responsabilités le 14 novembre à Paris, lors d’une réunion avec l’ancienne responsable, la Française Audrey Azoulay, qui a dirigé l’UNESCO pendant huit ans.
Djenana Djana Mujadzic
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