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Mostra 2023 : Humanist Vampire Seeking Consenting Suicidal Person (Vampire humaniste cherche suicidaire consentant), d’Ariane Louis-Seize, et présenté dans la section Giornate degli Autori, revisite le sous-genre de film de vampires avec une savoureuse fantaisie et un humour noir décapant

Ariane Louis-Seize, la cinéaste québécoise de Humanist Vampire Seeking Consenting Suicidal Person (Vampire humaniste cherche suicidaire consentant) surprend et séduit avec une comédie d’horreur à l’humour pince-sans-rire qui rappelle celui décapant et corrosif des planches de la bande dessinée de Raoul Cauvin, Pierre Tombal.

— Sara Montpetit – Vampire humaniste cherche suicidaire consentante (Humanist Vampire Seeking Consenting Suicidal Person)
© Pavlin Shawn

Ariane Louis-Seize élabore une exquise variation sur le thème de l’histoire d’amour entre un adolescent humain et une adolescente vampire. Dans la séquence d’ouverture, une famille fête l’anniversaire de la petite dernière, Sasha, une fillette qui découvre avec ébahissement ses cadeaux alors que l’on frappe à la porte. Sa tante lui annonce un dernier cadeau de taille : le Clown Berlingot. Ce dernier commence une chorégraphie endiablée qui émerveille Sasha, mais n’impressionne guère les adultes qui paraissent dépités, voire blasés. Puis, le Clown Berlingot propose des tours de magie et commence par s’enfermer dans un coffre, les mains menottées. C’est là que les adultes invitent Sasha à déguster son cadeau, mais la fillette refuse catégoriquement. S’ensuivent des consultations chez divers médecins – le dentiste qui constate que les canines de Sasha tardent à sortir, le psychiatre qui diagnostique qu’une zone de l’hypothalamus de Sasha active l’empathie de Sasha à l’égard des personnes qu’elle voit souffrir, ce qui compromet sérieusement sa quiétude en tant que vampire. Sasha (Sara Montpetit, vue dans Falcon Lake) chagrine, voire préoccupe sa famille vu que sa propension à manifester de l’empathie s’accroît avec les temps et devient problématique. Contrairement aux membres de sa famille, les canines de Sasha ne sortent pas lorsqu’elle a faim ou ressent de la peur: elle a besoin de ressentir un lien personnel avec sa proie. Quand Sasha rencontre Paul (Félix-Antoine Bénard), un véritable adolescent de chair et de sang, qui veut mourir car il est persuadé que la vie ne peut rien lui apporter de bon, la destinée de chacun va être irrémédiablement bouleversée. Sasha se lie d’amitié avec Paul à la plus grande joie de la famille de Sasha qui voit dans cette amitié une solution à son problème d’empathie, d’autant plus que Paul se porte volontiers volontaire pour être sa prochaine dose d’hémoglobine.

Suivant le quotidien (nocturne !) de cette jeune vampire montréalaise, la cinéaste regorge d’idées brillantes, poursuivant un récit empli de rebondissements ingénieux et rocambolesques.

Ariane Louis-Seize ose sortir des canons classiques du film de vampires, peaufinant avec dérision sa relecture iconoclaste du genre, la cinéaste québécoise essaime sa fantaisie dans chaque scène de cette comédie noire romantique décalée, audacieuse et profondément irrévérencieuse. De toute évidence, le film d’Ariane Louis-Seize prouve par le menu qu’il est parfois bienvenu de dépoussiérer les rouages vus et revus en leur apportant un sacré coup de jeunesse.

Au-delà du genre, Ariane Louis-Seize approfondit son étude d’un âge charnière, du passage de l’adolescence à l’âge adulte, avec finesse, élégance, poésie et sensualité. Il est question d’éveil des sens, de sentiments naissants, de deux êtres qui se reconnaissent alors qu’ils se sentent stigmatisés, moqués, bafoués et exclus du reste de la société, y compris par leurs pairs : les adolescents pour l’un, les vampires pour l’autre. En 2018, Ariane Louis-Seize avait exploré l’éveil des sens avec son court métrage, Les petites vagues, présenté en première mondiale au TIFF et en première internationale à la Berlinale, qui a été nommée l’un des dix meilleurs courts métrages au Canada en 2018.

Ariane Louis-Seize explique les sources de son inspiration pour cette comédie romantique pour adolescents:

« Le film est né du besoin d’apprivoiser mes propres angoisses face à la mort. Couplée à mon ambition de faire un film de vampires depuis plusieurs années, l’idée d’aborder ce thème universellement terrifiant à travers la figure du vampire s’est rapidement imposée. En tant que créatures qui sont vouées à tuer pour survivre, les vampires portent la mort en eux. Mais que se passe-t-il s’ils commencent à trop réfléchir à la valeur des vies qu’ils prennent par rapport à la leur ? C’est en posant cette question éthique, philosophique et potentiellement tragi-comique que le personnage de Sasha, une jeune vampire humaniste prête à se laisser mourir pour épargner les autres, est née. La mort est également ancrée dans le personnage de Paul, un adolescent aux comportements dépressifs chroniques qui ne trouve pas sa place dans un monde qu’il ne parvient pas à déchiffrer et qui lui est hostile. Les drames intérieurs de Sasha et Paul sont certes tragiques, mais je voulais que de la lumière et de l’espoir émergent de leur rencontre. Un vampire humaniste cherchant une personne suicidaire consentante navigue entre film de genre, récit de passage à l’âge adulte et comédie noire. »

Vampire humaniste cherche suicidaire consentante a reçu le très convoité Prix Giornate degli Autori.

Firouz E. Pillet, Venise

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Firouz Pillet

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