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Ninjababy, de Yngvild Sve Flikke, suit de manière amusante et réaliste les tribulations d’un foetus

Sélectionné à la fois au programme Generation 14plus de Berlin et au SXSW’s Film Festival d’Austin, le second film de Flikke, après Women in Oversized Men’s Shirts, est une comédie dramatique originale et étonnante qui mêle film d’action en direct et animation, un savoureux melting-pot issu de l’écriture conjointe de Johan Fasting de Home Ground, en collaboration avec Yngvild Sve Flikke et la romancière et animatrice Inga H. Sætre, à partir de son propre roman graphique Fallteknikk.

Ninjababy de Yngvild Sve Flikke
© Motlys (Photo: Lars Olav Dybvig)

Astronaute, dégustatrice de bière ou dessinatrice de bande dessinée, Rakel (Kristine Kujath Thorp), vingt-trois ans, aimerait exercer beaucoup de professions mais une chose est certaine : elle n’aimerait vraiment pas tomber enceinte. Alors, quand elle découvre qu’elle est enceinte de six mois après quelques rapports sexuels occasionnels, sa vie est bouleversée. Son petit ami, Mos (Nader Khademi), qui n’est pas le père, est d’accord pour qu’elle ait un bébé mais Rakel n’est absolument pas prête à être mère. Puisque l’avortement n’est plus une option vu le stade de la grossesse, l’adoption est la seule réponse. C’est alors que Ninjababy, un personnage animé à la voix rocailleuse, apparaît et commence à parler à Rakel et ne cesse de lui rappeler à quel point elle est une personne irresponsable, lui reprochant son comportement écervelé, ses aventures d’un soir, ses sorties très alcoolisées. bref, combien elle est immature. Ce Ninjababy volubile et très mature pour un fœtus n’a de cesse de donner son point de vue sur son géniteur, Pikkjesus (Arthur Berniung) qui a l’air plus enclin aux parties de jambes en l’air qu’à assumer sa paternité. Rakel songe alors à sa demi-soeur, Mie (Silya Nymoen), en mal d’enfant. Mais, après un séjour mystique dans la forêt, Pikkjesus a une révélation et se sent père.

Par le truchement ingénieux de ce Ninjababay dessiné qui intervient constamment dans la tête, et donc dans la vie de Rakel, les états d’esprit de la jeune femme sont transmis aux spectateurs au moment même des situations : doutes, colère, spleen, désespoir. Ninjababy représente la conscience intérieure de Rakel à l’instar des enfants qui ont des amis imaginaires. Vu la situation dramatique qu’affronte Rakel, le personnage animé amusant qu’est Ninjababy apporte une touche d’humour et un élément burlesque à l’histoire.

L’originalité du film réside dans cette idée que la protagoniste puisse avoir des discussions imaginaires dans sa tête, qui plus est avec l’enfant qu’elle attend. La réalisatrice a évité la difficulté de le représenter au cinéma par le recours à l’animation. Ninjababy est un vrai personnage, revendicateur et grincheux et dont la voix (par l’acteur Skam Herman Tømmeraas) joue un rôle primordial.

Ninjababy a une dimension féministe très importante : tout au long du film et de la grossesse de Rakel, la jeune femme affirme et affiche sa volonté de ne pas garder cet enfant, de ne pas vouloir devenir mère. Le film parle du passage à l’âge adulte, d’amitié, de rêves, de désirs, d’amour et d’apprendre à faire face aux moments difficiles et d’apprendre à prendre ses responsabilités. Avec cette harmonieuse combinaison d’action en direct et d’animation, Ninjababy oscille de manière ludique entre la comédie et l’existentialisme désespéré. C’est une comédie « trash »sur la chute, l’acceptation et la remise d’aplomb. Bref, un film sur la vie et ses revers !

Firouz E. Pillet

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Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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