Sortie en Suisse romande de Sorda de Eva Libertad – Une exploration intime de la surdité, de l’invisible à la confrontation des mondes. Rencontre
Présenté à la Berlinale 2025 dans la section Panorama, Sorda avait reçu le très convoité Prix Public ainsi que le Prix du cinéma Art et Essai (CICAE). Le film sort ce mercredi sur les écrans romands.
© Distinto Films, Nexus CreaFilms, A Contracorriente
Vivre avec un handicap visible ne facilite pas la navigation dans le monde des personnes valides, mais permet d’être reconnu·e dans sa différence. En revanche, un handicap invisible engendre une double difficulté au quotidien : l’incompréhension face à certains comportements ou réactions. La surdité fait partie de ces différences invisibles qui impactent profondément le quotidien de celles et ceux qui en sont concerné·es.
Eva Libertad nous plonge avec force et subtilité dans le monde d’Ángela, interprétée par Miriam Garlo, sœur de la réalisatrice et elle-même atteinte de surdité. Avec Héctor (Álvaro Cervantes), elle forme un couple heureux et complice, baigné dans la joie et la tendresse de l’attente d’un enfant. Ángela est indépendante, travaille dans une fabrique de poterie aux côtés de personnes entendantes et possède un cercle d’ami·es auquel Héctor est pleinement intégré, maîtrisant parfaitement la langue des signes.
Les relations sont plus distantes avec les parents d’Ángela et les ami·es de son partenaire, mais demeurent cordiales. L’arrivée de Maia vient bouleverser cet équilibre qu’Ángela avait patiemment construit et dans lequel elle se sentait en sécurité. Comme si le fait de devenir mère la renvoyait brutalement à son statut de personne handicapée, comme si une société qui avait toléré ses stratégies d’évitement et de contournement, ses mécanismes de survie, revenait à la charge pour lui dicter ce qui était bon ou non pour elle et son enfant.
À la solitude qui l’envahit à nouveau – un sentiment que l’on devine profondément ancré dans son enfance – s’ajoute une forme d’infantilisation. Celle-ci ne découle jamais d’une intention malveillante, mais plutôt d’une inquiétude sincère. Pourtant, comme on le sait, l’enfer est pavé de bonnes intentions !
Lire ici la suite de la critique ainsi que l’entretien avec Eva Libertad lors de la Berlinale 2025.
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