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Sortie sur les écrans romands de N’attendez pas trop de la fin du monde de Radu Jude, Prix spécial du jury à Locarno 2023

S’il est un cinéaste qui cherche à déconstruire le monde avec son cinéma et le cinéma avec sa vision de la marche du monde, c’est bien le réalisateur roumain Radu Jude. Chacun de ses films porte son esthétique, sa structure, l’écrin qui convient le mieux au sujet qu’il veut aborder, que ce soit dans un dispositif très artificiel et hypnotique avec Tipografic majuscul (Uppercase Print) qui entraîne les spectateurs∙rices dans la Roumanie putride de Ceausescu, ou le cinéma-vérité satirique mâtiné de tragédie grecque de Babardeală cu bucluc sau porno balamuc (Bad Luck Banging or Loony Porn) qui lui a valu l’Ours d’or à la Berlinale.

— Ilinca Manolache – N’attendez pas trop de la fin du monde (Nu aștepta prea mult de la sfârșitul lumii)
© 4 Proof Film

Dans ce nouveau film, Radu Jude reprend la structure du collage qui constituait la seconde partie de Loony Porn (qui en compte trois) en poussant le curseur de manière ludique. Car oui, Radu Jude parle de choses sérieuses, mais il prend manifestement plaisir à jouer avec la matière de ses films et aussi, probablement, à déstabiliser son public, le défier. C’est pourquoi, comme lui, le spectateur, la spectatrice doit accepter de se perdre, de reprendre le fil là où il∙elle renoue avec lui – car oui, sur 163 minutes, il se peut que l’esprit vagabonde ou s’égare. Une fois que l’on ne se prend pas plus au sérieux que ne le fait le réalisateur, la proposition est alléchante, ouvre des espaces de libertés à la réflexion sur cette société dans laquelle on vit, tout comme son rapport à l’art et au cinéma.

Comédie dramatique, Do Not Expect Too Much From the End of the World n’est pas si absurde que son titre le laisse penser. Constitué de deux parties de longueurs inégales, le film aborde une multitude de sujets qui convergent vers le tableau d’une société étouffée par le système capitaliste, la corruption institutionnalisée mais aussi morale, l’incompétence politique, l’exploitation des travailleurs, les conditions de travail qui peuvent mener à la mort.

Lire la critique complète et l’entretien entre Radu Jude et Malik Berkati au festival de Locarno 2023.

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