Supernova, de Harry Macqueen, propose une émouvante leçon de vie et d’amour à travers un drame cinématographique, magnifiquement interprété
Supernova s’ouvre sur un couple au lit, tendrement enlacé, dans la pénombre de l’aube. On retrouve le couple à bord de leur vieux camping-car, filmés de dos, qui alternent les moments de tendresse, de complicité et les petites disputes anodines et de courte durée quand Tusker (Stanley Tucci) tente de repérer leur itinéraire sur la carte alors que Sam (Colin Firth) lui suggère d’enclencher le GPS. Sur des routes vallonnées de la région des lacs d’Angleterre, le couple traverse une campagne verdoyante pour rendre visite à leurs amis et la famille de Sam, ils retournent sur les lieux de sa jeunesse.
Par touches subtiles, Harry Macqueen, tel un peintre, dévoile leur histoire de manière poétique et délicate: Sam était autrefois un pianiste de concert; Tusker est un romancier et un passionné d’astronomie. L’impression qui séduit rapidement les spectateurs est cette complicité tendre ou cette tendresse complice qui émane du couple : retirant autant de plaisir des querelles sarcastiques que des moments d’amour, des câlins et des conversations sérieuses, Tusker et Sam intègrent rapidement les spectateurs dans leur périple bien qu’ils soient la plupart du temps confinés dans l’habitacle d leur véhicule.
Sam et Tusker s’aiment depuis vingt ans mais depuis que Tusker est atteint d’une grave maladie qui menace sa mémoire, tous leurs projets ont été suspendus. Cette épée de Damoclès est, malheureusement, un sujet universel auquel nombre de spectateurs pourront s’identifier, ayant eu ou ayant encore un proche touché par la démence. Le temps est compté pour le couple et être ensemble est désormais la chose la plus précieuse et importante qui dicte leurs journées. Cependant, sans que l’on ait la moindre prémonition sur les intentions de Tusker, ce dernier voyage ensemble va mettre leur amour à rude épreuve et ébranler Sam tout comme surprendre les spectateurs.
Si Colin Firth et Stanley Tucci incarnent à merveille ce couple de longue date, confronté à des faits redoutables, donnant une immense émotion au film de Harry Macqueen, c’est certainement grâce à leur amitié à la ville, une amitié qui dure depuis plus de vingt ans : le Britannique Colin Firth et l’Américain Stanley Tucci se sont rencontrés il y a vingt ans, sur le tournage du téléfilm Conspiracy (Frank Pierson, 2001), qui retrace la planification de l’extermination des Juifs par les nazis, en 1942, durant la conférence de Wannsee. Une dizaine d’années plus tard, ils se retrouvent pour incarner deux conservateurs de musée ennemis dans la comédie Gambit (Michael Hoffman, 2012). Supernova marque leur troisième rencontre cinématographique mais sont restés proches depuis, malgré l’océan les séparant.
Si Stanley Tucci et Colin Firth livrent des performances remarquables, le reste de la distribution n’est pas en reste : Peter MacQueen interprète Clive, le beau-frère bienveillant et tout en discrétion; Sarah Woodward interprète Sue, la soeur de Sam, compréhensive, aimante et à l’écoute.
Le voyage du couple a pour finalité une fête organisée par Tusker à l’insu de Sam dans la maison de campagne de sa sœur et de son beau-frère. Malgré des pans entiers de mémoire qui lui font progressivement défaut, Tusker a réussi à planifier depuis des mois cette fête d’anniversaire surprise pour Sam. Mais, incapable de se relire, Tusker confie à Sam le discours éloquent et émouvant qu’il avait rédigé : un des nombreux temps forts du film !
Sam et Tusker semblent au diapason la majeure partie du temps mais leurs approches diffèrent en ce qui concerne l’amour : Sam veut être auprès de Tusker jusqu’à son dernier souffle mais Tusker sait que sa maladie et incurable, invalidante et que l’amour ne peut pas le sauver : « Vous n’êtes pas censé pleurer quelqu’un avant sa mort », assène-t-il devant la tablée attentive alors qu’il peine à se relire.
Supernova incarne des hommes emplis d’amour, de tendresse, de passion mais aussi de peurs, de colères, de désarroi face à l’inéluctable menace, permettent à leurs personnages de donner une remarquable leçon de vie.
Le film est sorti sur les écrans romands le 8 septembre 2021.
À voir sans modération !
Firouz E. Pillet
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