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Tribune – Balkans : Aleksandar Vucic a-t-il réalisé sa propre attaque à Srebrenica en 2015 ?

Voici une tribune de notre collaboratrice Djenana Djana Mujadzic après la victoire du parti présidentielle Le Parti progressiste serbe lors des législatives du 21 juin 2020.

Présence inexpliquée des policiers serbes

L’attaque très médiatisé suivie de jet de pierres, subie par l’ex-premier ministre de Serbie, aujourd’hui président Aleksandar Vucic, survenue le 11 juillet 2015 à la Commémoration des 20 ans du massacre de Srebrenica, a fait couler beaucoup d’encre. La presse occidentale l’a transcrite comme une “terrible vengeance de la population musulmane qui n’a pas oubliée de crier Allah akbar “!

Cinq ans plus tard “l’affaire Srebrenica” a pris  autre tournant

Le Tribunal administratif de Belgrade a récemment décidé d’accorder  une importante indemnisation à l’ancien policier Mladen Trbotic de la part du Ministère serbe des affaires intérieures et le droit de reprendre son ancien poste. Cet employé des services secrets et son collègue Milan Dumanovic ont été licenciés, après leurs déclarations aux médias et reconnaissance d’actions illégales du ministère à Srebrenica et Potocari, en Bosnie-Herzégovine. Au lieu de protéger ces deux policiers qui ont eu le courage d’avouer la vérité, les responsables les ont traités de criminels et éloignés du travail. L’Etat serbe a même porté plainte contre eux, selon les membres du syndicat policier La Concorde.

La plupart  des démarches juridiques de Trbotic ont été positivement validées et le tribunal a annulé la décision de la Commission disciplinaire du Ministère de l’intérieur concernant son licenciement, accusant son président Petar Jelicic de Novi Sad et  membres du conseil de la Commission d’actions illégitimes. De plus ils ont  accusé Trbovic de ne pas se présenter au travail entre le 22 et 25 juillet 2016, peu après qu’il a accordé l’interview  en présence de Dumanovic aux journalistes d’Al Jazeera Balkans. En avouant la participation illicite des 19 employés du Département d’observation et documentation à la Commémoration aux 8372 victimes du génocide des Bosniens, perpétré sauvagement par les extrémistes serbes, 20 ans auparavant, les policiers ont provoqué une avalanche politique. Ils ont à leur tour porté plainte en 2016, contre Dejan Milicevic responsable du Service des méthodes spéciales et la recherche, contre Goran Nesic chef du Département d’observation, puis contre Tomislav Radovanovic son adjoint et Diana Hrkalovic, secrétaire du Bureau exécutif de la police criminelle du Ministère de l’intérieur. Mais les policiers accusés pour la “découverte du secret d’état” ne sont pas encore innocentés. Ils sont aussi accusés ” d’attaque à la dignité du Ministère de l’intérieur et usurpation de la vie publique” et risquent huit ans de prison.

De son côté, la Direction des corps policiers de Bosnie-Herzégovine n’a pas été informée de l’arrivée des policiers serbes, ce qui confirme la déclaration de Dumanovic sur l’accompagnement illégal des services du Ministère serbe. Lui et Trbotic ont décrit leurs “missions secrètes” à Srebrenica où l’actuel président  Aleksandar Vucic avait reçu des pierres jetées de loin. Ils ont été obligés de filmer l’attaque avant qu’elle ait eu lieu et évoquent d’importantes mensonges  “remplissant des documents officiels”!

Un personnage très particulier

Aleksandar Vucic, l’ancien porte-parole du criminel de guerre Vojislav Seselj, jugé à la Haye et emprisonné durant une décennie, puis libéré pour cause de mauvaise santé, avec qui il avait tiré sur Sarajevo parmi d’autres snipers postés autour du Cimetière juif, est un personnage très contesté:

“Il est ouvertement contre la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et soutient politiquement, financièrement et militairement l’entité serbe, dite Républika Srpska. L’actuel président de la Serbie s’emploie avec passion à freiner l’entrée de la Bosnie dans l’OTAN et barrer par tous les moyens son chemin vers l’Union Européenne. Il s’est constamment et activement employé a menacer la paix, la stabilité et le développement de la région de l’Europe du sud-est. Sa politique est basée sur “l’oubli” et la non reconnaissance du passé, de l’établissement durable d’une idéologie structurelle de guerre très négative envers l’occident et l’OTAN. Sa politique extérieure, schizophrène et pro russe, s’est soldée par une grande instabilité dans les Balkans et toute la région. Sa gouvernance est plus qu’autocrate et instaurée sur le contrôle des médias, soutien à la diaspora serbe peuplée de criminels exilés, provoquant la crise durable dans les pays régionaux”

indique l’Ifimes- l’Institut d’études d’ Europe centrale et des Balkans dont le siège est à Ljubljana.

Aleksandar Vucic et son Parti progressiste, au pouvoir depuis huit ans, viennent de gagner des élections en Serbie, avec plus de 63% des voix.

Djenana Djana Mujadzic

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Djenana Mujadzic

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