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Avec 13 jours, 13 nuits, Martin Bourboulon porte sur grand écran un acte héroïque méconnu de l’histoire contemporaine à travers un thriller haletant. Rencontre avec Martin Bourboulon et Roschdy Zem

Le dernier long métrage du cinéaste français relate l’incroyable exfiltration de l’ambassade de France, orchestrée par le Commandant Mohammed Bida, suite à la prise de Kaboul par les Talibans.

13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon
© Jérôme Prébois

Martin Bourboulon, ancien des Guignols de l’info, qui a réalisé récemment les films historiques Eiffel (2021) et les deux volets des Trois Mousquetaires réalisés tous deux en 2023 – Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Les Trois Mousquetaires : Milady – avait envie de retrouver l’époque contemporaine pour son nouveau long métrage. C’est grâce à ses producteurs que le cinéaste découvre l’incroyable histoire du Commandant Mohammed Bida à la lecture de l’ouvrage 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul que le commandant de police divisionnaire a publié aux Editions Denoël en 2022.

13 jours, 13 nuits plonge le public dans la capitale afghane qui voit affluer les Talibans qui ont déjà reconquis cinq régions du pays en appliquant strictement la charia. À Kaboul, le 15 août 2021, alors que les troupes américaines s’apprêtent à quitter le territoire, les Talibans prennent d’assaut la capitale et s’emparent du pouvoir. Au milieu du chaos, des milliers d’Afghan·es tentent de se réfugier dans le dernier lieu encore protégé : l’Ambassade de France. Seuls, le commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem) et ses hommes en assurent la sécurité. Pris au piège, le commandant divisionnaire décide de négocier avec les Talibans pour organiser un convoi de la dernière chance avec l’aide d’Eva (Lyna Khoudri), une jeune humanitaire franco-afghane. Commence alors une course contre la montre pour évacuer les réfugiés jusqu’à l’aéroport et fuir l’enfer de Kaboul avant qu’il ne soit trop tard.

13 jours 13 nuits retrace de manière immersive cette opération d’évacuation méconnue mais bien réelle, organisée par le commandant de police divisionnaire en poste à Kaboul depuis 2016. Très humble malgré l’acte héroïque qu’il a réalisé avec une dizaine d’hommes sous ses ordres, ce policier français en poste à l’ambassade de France à Kaboul, a sauvé plusieurs centaines d’Afghans en août 2021. Le cinéaste a fait le choix de faire connaître au grand public cette exfiltration exceptionnelle en restant très proche de la réalité et en évitant toute licence créatrice ou tout sensationnalisme.

Pour élaborer le scénario, Martin Bourboulon et le scénariste Alexandre Smia ont consulté moult archives télévisées (CNN, BBC, France 24), des articles internationaux (New York Times, Le Monde, Washington Post) et le documentaire HBO Escape from Kabul (2022). Des rencontres avec des militaires français ont affiné leur compréhension de la situation. Le public se retrouve ainsi propulsé au coeur de l’action, entre prises de décisions du Commandant Bida et mouvements de foules apocalyptiques aux grilles de l’ambassade de France comme à aéroport de Kaboul.

Choisi avant même l’écriture du scénario, Roschdy Zem a accepté ce rôle « embarqué par l’intensité du récit ». Martin Bourboulon a choisi de développer une relation père-fille entre son acteur principal et Lyna Khoudri qu’il avait déjà dirigée dans Les Trois Mousquetaires ou elle incarnait Constance Bonacieux. L’actrice franco-algérienne incarne ici une humanitaire franco-afghane qui, au risque de sa vie, sert d’interprète lors les négociations du Commandant Bida avec le chef taliban qui contrôle le checkpoint installé devant l’ambassade de France. La participation précieuse d’acteur·trices afghan·es ajoute crédibilité et authenticité au récit.

— Lyna Khoudri et Roschdy Zem – 13 jours, 13 nuits
© Jérôme Prébois

Filmer à Kaboul étant impossible pour des raisons évidentes de sécurité, le cinéaste et son équipe ont tourné au Maroc, terre d’accueil pour les tournages de cinéma. La reconstitution de Kaboul a nécessité un travail colossal des équipes de décoration rendu possible grâce à un travail documentaire rigoureux. Le résultat est à s’y méprendre ! 13 jours, 13 nuits implique le public de plein fouet, aux côtés des dernier·ères ressortissant·es français·es encore présent·es à Kaboul, et aux côtés des Afghan·es impliqué·es auprès des Occidentaux, comme les artistes, les journalistes, les humanitaires, les interprètes, les représentants des renseignements, et donc menacé·es par les Talibans. L’ambiance chaotique qui règne devant l’ambassade de France, aux divers checkpoints et autour de l’aéroport est tragiquement tangible.

Évitant les effets de mise en scène et les effets spéciaux qu’une production américaine auraient privilégiés, le cinéaste a opté pour une caméra discrète, fluide et lente, qui « filme à contre-temps » pour mieux traduire la tension intérieure des personnages. Capturant en temps réel la gravité des événements, en évitant les artifices pour ne pas diluer l’intensité du réel, le metteur en scène réussit à rester le plus proche possible des événements réels, dominé par la quête du vraisemblable des faits survenus.

Présents à Lausanne à l’occasion de l’avant-première de 13 jours, 13 nuits, Martin Bourboulon et Roschdy Zem nous ont parlé de leur rencontre et de leurs échanges avec le Commandant Mohamed Bida, du tournage, des choix de plans et de jeu. Rencontre:

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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