Berlin Babylon-Mitte 19.-24.02. Censored: Ai Weiwei’s Films – Le 16.02. Pré-ouverture : Ai Weiwei live
Ai Weiwei passe en ce moment beaucoup de temps à déclarer à la presse internationale tout le mal dont il pense de l’Allemagne et Berlin – qui l’ont toujours soutenu et accueilli. Pêle-mêle, il reproche à l’Allemagne son hypocrisie concernant la situation des droits humains en Chine et à Hong-Kong, la lune de miel commerciale entre la Chine et l’Allemagne, la censure dont il serait victime à la Berlinale où aucun de ses films n’a jamais été sélectionné car selon lui depuis qu’il s’est emparé du sujet des migrants, cela dérange les instances allemandes et, pour couronner le tout, que la presse allemande ait totalement ignoré le fait qu’il a mener un procès contre Volkswagen pour violation de la propriété intellectuelle et droits moraux et qu’il a gagné. Concernant Berlin, qu’il trouve « la plus ennuyeuse et laide des villes existantes », il l’a quittée pour l’Angleterre, même s’il a toujours son studio à Prenzlauer Berg. Ici aussi il est question de beaucoup de ressentiment, même s’il reconnaît que ses expositions y ont toujours eu un énorme succès. Même si Ai Weiwei a certainement des raisons objectives à mener cette charge contre l’Allemagne et Berlin, il ressort de ses multiples déclarations qui vont dans tous les sens, beaucoup de rancœur et d’ego d’artiste blessé. Comme Berlin n’est pas un monolithe et en bloc rancunière, le cinéma Babylon présente une sorte de festival Ai Weiwei montrant tous ses films (52) tournés entre 2003 et 2019, allant de 3 minutes à 7 heures, en version originale sous-titrés anglais.
Ai Weiwei sera présent le 16 février à 20h30 au Kino Babylon. Avant la projection de son film The Rest, il aura une conversation avec Markus Beeko, secrétaire général de la section allemande d’Amnesty International.
j:mag avait rencontré Ai Weiwei pour son film Human Flow: écouter l’interview.
Déclarations de Ai Weiwei
Censored: Ai Weiwei’s Films est composé de 52 films réalisés au cours des deux dernières décennies par moi-même ou par d’autres personnes sur mon travail. Conformément au titre, tous les films ont été censurés.
Mes films ne peuvent pas être diffusés en Chine, où mon nom ne peut pas être publié ou mentionné librement en ligne et où les autorités ont tenté d’effacer mon identité. S’exprimer est un élément fondamental de l’être humain. Être privé de voix, c’est se faire dire que l’on ne participe pas à la société ; c’est en fin de compte vous priver de votre humanité.
Pourquoi les détenteurs du pouvoir pratiquent-ils la censure ? Parce qu’ils perçoivent certaines idées comme subversives. C’est peut-être vrai, et cela nous montre le pouvoir de la voix individuelle. L’art représente nos instincts et nos sensibilités qui ne peuvent être clairement définis ou contrôlés. En tant que tel, c’est un élément de danger parce qu’il est imprévisible. Si nous le perdions, ce serait une véritable perte pour l’humanité, car nous ne comprendrions plus qui nous sommes ; nous perdrions notre perspective.
La censure n’est pas limitée aux États autoritaires – pensez aux révélations d’Edward Snowden sur la surveillance omniprésente. Je m’intéresse à ceux dont les voix ont été étouffées, comme les réfugiés de mon nouveau film The Rest, car en reconnaissant leur humanité, je maintiens la mienne. Je ne produis pas des films juste pour le plaisir de produire des films, mais plutôt pour faire connaître ces histoires et ces injustices dans une sphère plus large afin que d’autres puissent en prendre connaissance.
En Chine, lorsque j’ai découvert l’internet, j’ai trouvé qu’il était révolutionnaire. Tout ce qui était mis en ligne pouvait être immédiatement vu et rediffusé par n’importe qui. À l’époque, Internet offrait une plateforme de libre expression qui n’avait jamais existé auparavant. Les films que je faisais étaient ceux que je pouvais mettre en ligne et qui mettaient en lumière des questions sociales longtemps occultées et que je ne pouvais pas ignorer. Nous les avons mis en ligne partout où nous pouvions. Dès que les films étaient téléversés, ils étaient effacés par les censeurs en ligne. Nous les mettions donc en ligne ailleurs, mais ils étaient tous supprimés.
Quand je suis arrivé en Europe, je ne pouvais pas ignorer la crise des réfugiés, alors j’ai commencé à filmer. Lorsque les jeunes de Hong Kong sont descendus dans la rue pour protester, nous avons commencé à documenter les événements. Quand quelque chose arrive, il faut réagir, agir. Ces films sont mon activisme. Ils sont ma façon de donner une voix à ces questions cruciales. La liberté d’expression est le droit dont découlent tous les autres. Si ce droit n’est pas garanti, alors comment pouvons-nous parler de démocratie, de liberté et de droits humains ?
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Malik Berkati
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