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Black Movie 2023 : Aude Fauvel, historienne de la médecine, a été invitée à donner une conférence sur les figures féminines dans le folk horror. Rencontre

L’invasion de l’Ukraine par la Russie a placé l’attention des médias comme du grand public sur un pays de l’Europe de l’Est méconnu, en révélant la richesse culturelle de cette région. Les organisateurs du festival ont souhaité proposer cette année une section intitulée Pagan East qui met à l’honneur le genre du folk horror qui tisse des liens profonds et ancestraux avec une tradition de contes, de légendes, de mythes et de littérature venus des pays de l’est de l’Europe.

Proposant une sélection de six longs métrages qui ont en commun comme genre le folk horror qui souligne, à travers les exemple de films choisis, les métaphores d’une lutte menée, aujourd’hui comme hier, contre toutes les formes d’oppression.

Genre longtemps relégué à une échelle confidentielle ou réservé aux cercles initiés, le folk horror, apparu dans les années septante et fruit de la décennie de contre-culture qui l’a précédé et qui lui a ouvert la voie, connaît depuis quelques années un regain de popularité.

Bien que ce soit un genre polymorphe, le folk horror se reconnaît tout particulièrement à l’envie qu’ont ses cinéastes de placer l’action dans des décors ruraux où la nature prime et où rituels, sortilèges, sacrifices et superstitions abondent.

Pour permettre aux festivaliers de pousser la réflexion au-delà des projections, Black Movie a donné carte blanche à l’historienne Aude Fauvel pour un exposé autour du thème des femmes dangereuses et (sur)naturelles.

Aude Fauvel, qui affiche un curriculum vitae impressionnant, est historienne, MER à l’Institut Universitaire d’Histoire de la Médecine et de la Santé Publique de Lausanne (CHUV-Unil). Docteure en histoire de l’EHESS et diplômée de l’IEP-Paris, elle a effectué des recherches postdoctorales à l’Université d’Oxford, de Cambridge et à l’Institut Max Planck de Berlin, avant d’être élue en 2014 Maître de recherche et d’enseignement à l’IUHMSP (CHUV-Université de Lausanne).

— Aude Fauvel
© Firouz Pillet

Comme la conférencière l’a rappelé durant son exposé, la Suisse romande détient le triste record de personnes – femmes, hommes et enfants confondus – persécutées, torturées et condamnées pour sorcellerie. Ses travaux portent sur l’histoire de la médecine en général et celle de la psychiatrie en particulier. Aude Fauvel s’est spécialisée dans les interactions entre art, politique et médecine, ce qui l’a amenée à travailler sur l’histoire de l’anti-aliénisme et des antipsychiatries, ainsi que sur la formation des premiers mouvements de patients au XIXe siècle en France et Grande-Bretagne. Plus récemment, Aude Fauvel s’est intéressée à l’histoire des femmes-médecins, de la sexualité et de la criminalité au féminin.

La conférence, qui a eu lieu ce mercredi 25 janvier dans la salle de Fonction Cinéma, a tenu en haleine un auditoire, certes restreint, mais très attentif et captivé. Aude Fauvel a décrypté les imaginaires et les fantasmes anciens qui nourrissent le folk horror.

Les six longs métrages proposés dans la section Pagan East sont : Häxan (La Sorcellerie à travers les âges), de Benjamin Christensen (Danemark, Suède, 1922); en première suisse, Lokis. A Manuscript of Professor Wittembach, de Janusz Majewski (Pologne, 1970); Valerie and Her Week of Wonders, de Jaromil Jireš (Tchécoslovaquie, 1970); November, Rainer Sarnet (Estonie, Pays-Bas, Pologne, 2017); Witchhammer, d’Otakar Vávra (Tchécoslovaquie, 1969) et You Won’t Be Alone, de Goran Stolevski (Macédoine du Nord, 2022). Certains de ces films sont encore projetés durant ce week-end.

Rencontre avec Aude Fauvel.

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

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