Cannes 2018 : « Whitney » Houston, le documentaire de Kevin Macdonald rend un poignant hommage à la chanteuse disparue il y a dix ans
Il y a trois ans, le festival de Cannes revenait sur la vie tourmentée de la chanteuse britannique trop tôt disparue Amy Winehouse avec Amy d’Asif Kapadia, récompensé par un oscar. En 2018, le documentaire du réalisateur Kevin Macdonald sur une autre étoile filante de la musique, Whitney, a été projeté le mercredi 16 mai au Grand Théâtre de Lumière hors compétition et ce jeudi 17 mai à la presse, venue nombreuse.
La chanteuse américaine a vendu 200 millions d’albums et détient le record du plus grand nombre de numéros 1, rappelés de manière exhaustive par le documentaire qui égraine les tubes qui ont accaparé le premier échelon du hit-parade. Il s’agit du premier documentaire officiellement autorisé par la famille de la chanteuse, le film retrace l’éducation stricte qu’elle a reçue, entre autres dans une école privée catholique, le travail de chant que lui imposait sa mère Cissey, elle-même chanteuse, ses problèmes d’addiction, son mariage houleux avec Bobby Brown et les incidences de la vie chaotique du couple sur leur fille, Bobbi Kristina Brown, dont le film révèle qu’elle a toujours souffert d’être immergée dans un milieu de concerts, de fêtes et d’instabilité.
Les deux frères de Whitney Houston, ses tantes, ses belles-sœurs, son ex-manager, son ex-mari Bobby Brown, ses musiciens et même sa mère ont accepté de confier leur version de la vie de Whitney Houston à Kevin Macdonald. Ces divers témoignages apportent des éclairages très diversifiés et enrichissants sur les multiples facettes, dont celles méconnues, de la pop star. On la retrouve dans son fameux concert donné en Afrique du sud aux côtés de Nelson Mandela, puis dans Bodyguard avec Kevin Costner qui lui donne ce fameux baiser qui va bouleverser le public américain vu la dimension interraciale qu’il représente, enfin en concert avec Michael Jackson et lorsqu’elle chante l’hymne national des États-Unis, pour le Super Bowl, en changeant le rythme : tous les Américains se sont reconnus dans son interprétation qui donnait une lecture nouvelle de cet hymne pourtant à la gloire de la guerre.
Progressivement, les pages les plus sombres de son histoire – cocaïne, marijuana, alcool, déchéance physique et concerts annulés – sont révélés. D’après ses proches, Whitney aurait commencé à en consommer dès ses seize ans en compagnie de ses frères qui plaident coupables de l’avoir pousser à commencer. Au début des années 2000 , Whitney Houston confesse, sans sembler culpabiliser :
J’aime ça. Je n’arrêterai pas tant que j’en aurais envie
Tout au long de sa réalisation, le cinéaste tente de comprendre pourquoi l’interprète de I wanna dance with somebody ou de I will always lobe you se droguait, d’où venait son malaise … Apparemment, depuis son enfance, ce que révèle la dernière partie du film : alors que nombreux sont les témoignages dépeignaient son enfance comme “idyllique” à l’exception du divorce de ses parents, soudain plusieurs intervenants avouent qu’elle a été abusée sexuellement par une tante.
Le documentaire, à travers les témoignages de sa fidèle assistante Mary Jones et de son ex belle-sœur, fait une révélation terrible des agressions sexuelles que Whitney a subies enfant. L’un des frères de la star confie également en avoir été victime dans son enfance et déclare que ces agressions ont été perpétrées par une femme, sans citer de nom mais en signalant qu’il s’agissait d’une proche.
Mary Jones révèle un nom à la fin du film: elle accuse Dee-Dee Warwick, la cousine de Whitney Houston, aussi chanteuse de jazz, et décédée en 2008.
Le documentaire a captivé l’auditoire qui a vivement applaudi alors que le générique de fin finit par une scène de concert avec une des chansons-phares de Whitney Houston.
Firouz E. Pillet, Cannes
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