C’est le monde à l’envers, de Nicolas Vanier, alerte sur l’urgence de changer de mode de consommation pour préserver notre planète en souffrance. Rencontre
Stanislas (Michaël Youn) est un trader parisien implacable et constamment connecté aux fluctuations des bourses, au point d’en délaisser sa femme et leurs fils. Au bas de son immeuble huppé vit Dédé, un SDF un brin poète. Cette routine entre riches et pauvres semble immuable, figeant à jamais les disparités entre classes sociales. Et puis, soudain, cette canicule record qui s’abat sur le pays met le monde à l’envers ! Entre panique sur les marchés financiers, coupure géante d’électricité et donc d’internet, pénurie de carburant et d’eau, le chaos s’installe et jette de nombreuses familles sur les routes.
Poussés eux aussi dans cet exode climatique inédit, Stanilas et sa femme demandent à Dédé de leur bricoler des vélos. Objectif : partir à la campagne dans une des exploitations agricoles qu’il avait acquise dans un but spéculatif. Mais à son arrivée, il se retrouve face à Patrick (Éric Elmosnino) et sa famille, agriculteurs exploitants des lieux, qui n’ont pas l’intention de quitter la ferme familiale. La femme de Patrick (Valérie Bonneton), plus conciliante, fait contre mauvaise fortune bon cœur. Le grand-père (François Berleand), un brin dément, les accueille à bras ouverts, persuadé du retour du fils prodigue qu’il croyait mort.
Dans cette atmosphère chaotique où tout est inversé, ces deux familles que tout oppose parviendront-elles à cohabiter pour survivre et peut-être reconstruire ensemble un nouveau monde ? Ils peuvent compter sur la sagesse que distille avec bienveillance un baba cool écolo (Yannick Noah) installé dans le village.
Sur le ton de la comédie, Nicolas Vanier met en images le livre éponyme qu’il a publié en 2022 en développant une réflexion bienvenue sur la problématique du réchauffement climatique, de l’épuisement des ressources énergétiques, de la surconsommation et de l’impérative nécessité de cesser le consumérisme et de changer de mode de vie. Dans ses actions comme dans ses ouvrages et ses réalisations, l’aventurier-romancier et cinéaste milite à la fois pour éveiller les consciences, pour susciter une conduite écologique et pour croire à l’unisson en un changement de valeurs possible.
Bien connu du public en tant qu’aventurier aux chiens de traîneaux et amoureux du Grand Nord, Nicolas Vanier connaît le monde, lui qui a effectué de nombreux périples qui font l’objet d’une quarantaine d’ouvrages et de multiples films faisant rêver les voyageurs. Après ses études, à vingt ans, il entreprend sa toute première expédition en traversant à pied la Laponie. Ce premier périple ne fait qu’attiser sa soif d’aventures. En 1984, il part à l’assaut du grand nord canadien avec deux coureurs des bois et leur attelage de chiens de traîneaux. Le jeune baroudeur de vingt-et-un ans fait alors ses premiers pas de réalisateur en tournant le documentaire Coureurs des bois (1984).
Sitôt rentré, il souhaite repartir. En 1986, Nicolas Vanier s’attaque à l’Alaska et aux montagnes rocheuses en utilisant les moyens de transport traditionnels, soit les chevaux, les chiens de traîneaux et le canoë. Il raconte ce périple de 7 000 km dans son premier récit d’aventures, Le Triathlon historique, publié en 1988. Sa soif inextinguible d’exploration l’amènera à enchaîner les expéditions tout en fondant une famille. En 1994, il emmène ainsi sa femme, Diane, écrivaine, et leur fille à travers le Yukon pour rejoindre l’Alaska, une odyssée familiale racontée dans le livre et le film L’Enfant des neiges.
Il se tourne pour la première fois vers la fiction en 2004 avec Le Dernier Trappeur, film parlant de l’un des derniers trappeurs traditionnels du Yukon. Il réitère cette expérience quatre ans plus tard avec le roman et le film Loup, histoire d’un jeune éleveur de rennes nomade.
Toujours en quête d’aventures, Nicolas Vanier est très sensible à l’état de la planète qu’il observe à chacun de ses projets. Il continue aujourd’hui de rêver à de futures expéditions tout en partageant sa vie entre Paris et la Sologne avec sa femme et leurs trois enfants, cherchant à sensibiliser le public à l’urgence d’agir avant que l’irréversible bascule annoncée par les scientifiques ne se produise.
Venu présenter C’est le monde à l’envers dans le cadre du Festival du Film Français d’Hélvétie, Nicolas Vanier nous a parlé des diverses thématiques qu’il aborde dans on film, du choix de ses comédien.ne.s, de son tournage écoresponsable et de ses espoirs quant à l’avenir de la planète. Rencontre (audio):
Firouz E. Pillet
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