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Clap sur Léman : le troisième volet de cette exposition consacrée aux films tournés sur les rivages du Léman est à découvrir aux Bains des Pâquis à Genève

Depuis le 9 mars et jusqu’au 30 avril 2023, la jetée des Bains des Pâquis accueille le troisième volet de cette exposition consacrée aux films tournés sur les rivages du Léman, une initiative proposée par Didier Zuchuat.

— Exposition Clap sur Léman aux Bains des Pâquis
© Marc Salmon

Responsable du Centre de documentation du Musée du Léman, à Nyon, depuis 2011, Didier Zuchuat est animé par diverses passions : expert de la flotte historique de la CGN, il aime aussi des voitures amphibies et du motonautisme, est aussi fin connaisseur du septième art et un amoureux des vieux cinémas. Désirant partager l’une de ses passions et de faire découvrir l’incroyable épopée cinématographique du Léman à travers les très nombreux films qui ont eu pour cadre le lac, Didier Zuchuat a concocté un nouveau volet de l’exposition d’affiches de films réalisés par d’immenses réalisateurs et interprétés par de non moins immenses actrices et acteurs.

Les Bains des Pâquis, en collaboration avec le Musée du Léman, se sont lancés dans cette tâche pharaonique de tous les rassembler au fil de cinq expositions itinérantes qui jalonneront divers lieux sur les rives françaises et suisses du lac. Didier Zuchuat a donc choisi des affiches de films ayant le Léman pour paysage, des films qui peuvent sembler assez rares mais, détrompez-vous ! Régulièrement, des cinéastes suisses mais aussi étrangers ont posé leurs caméras sur les rives du lac pour tourner quelques scènes. Si pour certains cinéastes, la relation avec le lac se limite à un paysage lointain, pour d’autres, le Léman constitue une partie du récit. Contrairement à la montagne, qui est, dans de nombreux films, un protagoniste, le lac n’est pas utilisé comme un personnage à part entière, sauf dans le travail protéiforme de Godard qui résidait sur ses rives à Rolle.

Didier Zuchuat souligne qu’étrangement, malgré la présence de réalisateurs talentueux et de distributions de rêve, presque aucun film tourné dans les eaux lémaniques n’a connu les faveurs du public. Ces films ne resteront que dans la mémoire de cinéphiles dont fait partie Didier Zuchuat qui, pour ce troisième volet, a sélectionné des films très différents les uns des autres.

Parmi sa sélection, Diplomanías, de William A. Seiter, avec Bert Wheeler, : un film totalement iconoclaste et irrévérencieux, voire politiquement incorrect, avec une incroyable liberté d’expression qui disparaîtra rapidement sous la pression de la censure.
Après les années trente, l’affiche suivante plonge les visiteurs dans les années soixante. Stakhanoviste du film publicitaire pendant de nombreuses années (1966 à 1983), Jean Becker réalise Échappement libre (1964) Jean Seberg, égérie de la nouvelle vague, qui s’est fait connaître en 1957 dans le film d’Otto Preminger, Sainte Jeanne (Jeanne d’Arc) et qui faillit mourir brûlée pendant tournage.
Une autre affiche illustre les années soixante : celle de La fille à la motocyclette, réalisé par Jack Cardiff en 1968. Ce film devait concourir au Festival de Cannes mais, tout comme pour d’autres films en compétition, il ne sera jamais projeté pendant le festival à cause de Mai 68 et l’éviction par André Malraux d’Henri Langlois, alors directeur de la Cinémathèque française. Ce film réunit Alain Delon et Marianne Faithfull dans l’esprit de l’époque, entre drogues, sexe, rébellion et rock and roll.
Pour la décennie suivante, Didier Zuchuat a choisi Cet obscur objet du désir (1977), le dernier film de Luis Buñuel, qui évoque des thèmes chers au réalisateur espagnol : politique, force du désir, plaisir, mais aussi critiques de l’éducation chrétienne et de l’univers familial de la société bourgeoise.

— Exposition Clap sur Léman aux Bains des Pâquis
© Marc Salmon

Mentionné en début d’article, le cinéaste le plus lémanique puisqu’il avait élu domicile sur les rives du lac, Jean-Luc Godard, figure parmi cette sélection d’affiches avec Sauve qui peut (la vie), film de 1980 qui marque le début de la cinquième période de Godard et qui, comme la majorité des films du cinéaste iconoclaste, plaît ou déplaît sans demi-mesure, mais interroge en exprimant l’aliénation de la société et la commercialisation de la culture.
À ses côtés figure l’affiche d’un film d’un autre cinéaste suisse, Francis Reusser, Seuls (1981), une sorte d’élégie sur des solitudes qui se croisent et qui réunit une distribution d’exception : Niels Arestrup, Christine Boisson, Michael Lonsdale, Bulle Ogier, Olimpia Carlisi.
Suit l’affiche du film de Francis Girod, Le bon plaisir (1984), inspiré du livre éponyme de Françoise Giroud, écrivaine, scénariste, femme politique en tant que secrétaire d’État en charge de la Condition Féminine puis secrétaire d’État à la Culture. Dans Le bon plaisir, Françoise Giroud relate, dix ans avant les affaires, l’aventure amoureuse entre un homme d’État haut placé et sa maîtresse; ce film prend une dimension supplémentaire plusieurs années après les faits et le fait que le roman de Françoise Giroud ait été publié étonnamment aux Éditions Mazarine, ce qui amuse beaucoup Didier Zuchuat.
Aux côtés de cette affiche figure L’insoutenable légèreté de l’être (1988) avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis incarnant le docteur Tomas. Ce film, qui est probablement le premier à montrer l’invasion de la Tchécoslovaquie du point de vue de l’agressé, ne sera montré en Russie seulement à partir de 1989, peu de temps après la chute du mur de Berlin.

Parmi les affiches qu’il a choisies, Didier Zuchuat nous fait découvrir celle de Remando al viento (1988) un drame romantique signé Gonzalo Suárez, un cinéaste espagnol méconnu, et qui réunit Hugh Grant en tant que Lord Byron, sa future compagne Elisabeth Hurley, José Carlos Rivas et Lizzy McInnerny.
Didier Zuchuat a choisi de rendre hommage à un cinéaste et comédien qui a vécu jusqu’à sa mort au bord du Léman : Charlot, avec le film Chaplin (1992) de Richard Attenborough, avec Robert Downey Jr. qui incarne avec brio Charlot et qui partage avec lui le fait d’avoir fait sa première apparition sur scène à l’âge de cinq ans.
Autre affiche pour un film sorti la même année, mais d’un cinéaste certainement moins connu : Le mirage, de Jean-Claude Guiguet, qui questionne sur les secrets, les mirages et la réalité de nos perceptions.
Puis vient l’affiche de Rouge (1994), troisième volet de la trilogie de Krzysztof Kieślowski : Bleu, Blanc, Rouge, inspiré de la devise de la République française : liberté, égalité, fraternité. Dans chaque plan, le public trouve un élément de couleur rouge, symbole peut-être que du sang a coulé dans la fraternité pour la République…

L’affiche suivante du film Agents secrets (2004), de Frédéric Schoendoerffer, rappelle le scandale du fleuron de l’organisation écologiste de Greenpeace, le Rainbow Warrior, coulé en 1985 par les services secrets français en Nouvelle-Zélande. On y retrouve Vincent Cassel et Monique Bellucci pour ce septième film que le couple (à l’époque !) tourne ensemble.
L’affiche de Contagion (2011), réalisé par Steven Soderbergh et avec Marion Cotillard, Matt Damon, pouvait sembler un film prémonitoire, mais son sujet est devenu réalité : les pandémies sont désormais récurrentes sur notre planète. L’affiche qui succède à ce thriller mêle sexe, inceste, meurtre, mensonges et littérature, un cocktail explosif pour l’intrigue de L’amour est un crime parfait, d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu, avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn, Denis Podalydès, Sara Forestier et Marion Duval.

Pour terminer l’exposition des affiches de ce troisième volet, Didier Zuchuat opté pour Presque (2022) de et avec Alexandre Jollien et Bernard Campan, un film qui vite à réfléchir sur l’amitié, la différence et la bienveillance et l’empathie.

— Exposition Clap sur Léman aux Bains des Pâquis
© Marc Salmon

Didier Zuchuat nous a accordé de son temps pour nous parler des anecdotes de tournage, de l’histoire de ces films en mentionnant ceux qui lui tiennent particulièrement à cœur. Rencontre audio dans l’un de ses fiefs et lieux de prédilection : le Cinéma Empire à Genève.

 

Firouz E. Pillet

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