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Exposition: « Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli » au Musée des Arts décoratifs de Paris jusqu’au 22 janvier 2023

Une somptueuse rétrospective de la créatrice italienne Elsa Schiaparelli, amie des artistes de l’avant-garde parisienne des années 1920 et 1930, est visible au Musée des Arts Décoratifs, jusqu’au 22 janvier 2023. Plus de 520 œuvres ont été réunies, dont 272 costumes et accessoires de mode, ainsi que 248 peintures, sculptures, photos, bijoux, céramiques, parfums signés des plus grands comme Jean Cocteau, Salvador Dali, Man Ray, Elsa Triolet ou Meret Oppenheim.  Le Musée montre aussi l’héritage du style de la créatrice, avec les modèles d’Yves Saint Laurent, Azzedine Alaïa, Galliano, Lacroix.

— Scénographie de l’exposition Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

Pour l’exposition présentée dans les galeries de la mode Christine & Stephen A. Schwarzman, la scénographie a été confiée à Nathalie Crinière qui l’a rendu immersive et même poétique. Dans son livre Shocking Life, qui date de 1954, Schiaparelli a écrit :

Travailler avec des artistes tels que Bébé Bérard, Jean Cocteau, Salvador Dali, Vertès et Van Dongen, avec des photographes comme Hoyningen-Huene, Horst, Cecil Beaton et Man Ray, avait quelque chose d’exaltant. On se sentait aidé, encouragé, au-delà de la réalité matérielle et ennuyeuse, qu’est la fabrication d’une robe à vendre.

La styliste accentuait son côté artistique en se présentant comme « inspirée ». Élevée dans un milieu aristocratique, qui se voulait humaniste, Elsa Schiaparelli (1890-1973) a choisi la mode comme métier, tout en gardant un grand intérêt pour l’art et les artistes. La couturière a été à la fois créatrice et femme d’image, en comprenant la haute couture comme un kaléidoscope, robes de soir, tenues de sports ou de ville, accessoires ou parfums, traçant les contours d’un milieu social lui permettant d’explorer les créations construites avec passion et humour, qui l’ont hissé au niveau d’une vraie artiste.

À la fois chronologique et thématique, l’exposition, étalée sur deux étages, montre les plus importantes réalisations de Schiaparelli rimant avec les périodes de sa riche existence, diversifiée et remplie de personnages hors commun. Dans la salle d’introduction s’offrent aux regards curieux des centaines de dessins originaux des collections soulignant la force et grandeur de ses inventions intemporelles, d’une modernité toujours actuelle et applicable. C’est Paul Poiret, couturier lui aussi, qui révélera sa vocation, peu après leur rencontre en 1922.
La jeune femme commence par confectionner des sweaters à motifs en trompe-l’œil, qui s’avèreront être une idée presque géniale. Elle s’intéresse à l’Art déco, travaille avec Jean Dunand qui signe sa robé raffinée, avec les plis peints à la laque. Schiaparelli collabore aussi avec Elsa Triolet, Cocteau, Dali, qui l’aident à élaborer ses collections d’accessoires et de la mode.

L’esthétique surréaliste la motivait à fabriquer des modèles en plastique transparent, des boutons en forme d’écrevisse, des poches tiroirs… Devenue modèle de Man Ray, elle laisse un important héritage photographique. Mais la créatrice s’inspirait aussi de l’Antiquité italienne, de la musique et de la nature ! Sa collection intitulée Païenne met en exergue l’Antiquité italienne, en se référant aux métamorphoses d’Ovide, l’autre appelée Papillon célèbre des insectes en imitant des surréalistes, et celle nommée Musique, réalisée en 1939 allonge la silhouette féminine, en la rendant plus belle et attractive !

— Scénographie de l’exposition Shocking ! Les mondes surréalistes d’Elsa Schiaparelli
© Les Arts Décoratifs / Christophe Dellière

L’aristocrate de la mode

Avec Salvador Dali, la couturière « inspirée » a partagé le goût du scandale et de la provocation artistique. Durant plusieurs années, ils ont été un tandem inséparable, devenu vite mythique. Cette complicité est visible sur la Robe Homard, le Chapeau chaussure ou le Bibi surréaliste. Sur l’étage supérieur sont reconstitués ses Salons de couture, qui ont existé au 21 place Vendôme depuis 1935. Michel Frank les a équipés à l’égal, en utilisant son sens de l’élégance, en instaurant les lignes épurées et unique du chic parisien.
Sa célèbre cage aux parfums a démystifié ses créations originales, dont le très demandé Shocking, mondialement connu et utilisé sur les cinq continents. La scénographe n’a pas oublié de montrer des broderies très connues, exécutées par la Maison Lesage. Schiaparelli a glorifié le théâtre avec de célèbres tenues rappelant la Commedia dell’arte. Très colorée, il y a la collection dite Astrologique avec les influences baroques chères à Louis XIV, Cirque la magnifique collection qui présente des boléros brodés de chevaux, d’acrobates et animaux exotiques. La mode dite d’avant-garde met en avant la longue silhouette étroite, celles d’après-guerre furent plus élaborées et amples. Pour la fin de ce fantastique parcours de mode, Daniel Roseberry a réalisé un final époustouflant, en accentuant le talent et l’inspiration surréaliste de la fondatrice, ainsi que son extraordinaire liberté de création !

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