La Fondation Gianadda propose une exposition exceptionnelle des clichés d’Henri Cartier-Bresson, issus de la collection Sam Szafran – Rencontre (audio) avec Jean-Henry Papilloud, commissaire de l’exposition
La nouvelle exposition, intitulée Henri Cartier-Bresson et la Fondation Pierre Gianadda, révèle l’imposant travail de l’un des plus grands photographes du XXᵉ siècle, révélant des pans méconnus de sa carrière à travers des clichés et qui n’avaient jusqu’alors jamais été développés. En collaboration avec la Fondation Henri Cartier-Bresson à Paris, cette exposition invite le public à découvrir les chapitres majeurs de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson, entre clichés de voyages en Afrique subsaharienne, plus précisément en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Togo et au Soudan français, en Inde, aux Mexique aux États-Unis, en Espagne et à Moscou ainsi que des portraits d’artistes saisis à l’instant idéal par le photographe à l’instar d’Henri Matisse dans son atelier niçois, d’Edith Piaf, de Raymond Queneau qui survole de manière magique une flaque d’eau, d’Alberto Giacometti, entre autres… Les visiteurs ne seront pas au bout de leur surprise au fil des clichés exposés !
L’agencement de ces photographiques d’Henri Cartier-Bresson, issus de la Collection Sam, Lilette et Sébastien Szafran, appartenant à la Fondation Pierre Gianadda, a été confié aux deux commissaires de l’exposition : Sophia Cantinotti et Jean-Henry Papilloud qui nous a consacré, avec enthousiasme et disponibilité, de son précieux temps en ce dimanche ensoleillé. Jean-Henry Papilloud souligne l’importance de l’amitié qui constitue le socle de cette exposition : tout d’abord l’amitié entre Henri Cartier-Bresson et Sam Szafran puis celle entre Henri Cartier-Bresson et Léonard Gianadda et enfin celle entre Sam Szafran et sa famille avec celle de Léonard Gianadda. Par le prisme de cette amitié que Sam Szafran et Henri Cartier-Bresson ont partagée pendant plus de trente ans se dévoilent des portraits de leur époque, témoignages à la portée à la fois historique, sociologique, selon les contrées, anthropologiques. Certaines citations, mises en valeur sur une paroi, permettent de mieux cerner le travail du photographe qui dit de son fidèle compagnon :
« Le Leica, c’est mon carnet de notes, rapide, discret, pas plus grand que ma main. Car il y a une chose qui m’est essentielle en photographie : la surprise. Le Leica me garde de trop penser. Nous, les photographes, ne sommes pas des philosophes. »
Henri Cartier-Bresson et Sam Szafran se rencontrent en 1972 à Paris, lors de l’exposition Douze ans d’art contemporain où Sam expose des grands fusains. Henri Cartier-Bresson est désormais connu et reconnu en tant que photographe, illustre représentant de la photographie contemporaine, mais le photographe nourrit un jardin secret, le dessin, qu’il a pratiqué dans sa jeunesse et qu’il va retrouver et développer grâce à son mentor qu’est Szafran. Henri Cartier-Bresson lui demande de lui donner des leçons qu’il troque, lui offrant des tirages originaux qu’il accompagne d’une dédicace, d’un petit mot, d’une pensée. L’exposition proposée par la Fondation Gianadda dévoile ces annotations, ces dédicaces qui donnent une dimension supplémentaire aux clichés. Ainsi, au fil de l’exposition, les visiteurs découvrent avec bonheur des portraits d’artistes dans un lieu qui leur est cher : Alberto Giacometti dans son village natal, Henri Matisse dans les jardins de Vence, Pierre Bonnard au Cannet… On découvre aussi des artistes croqués sur le vif tels Pablo Picasso, Max Ernst, Georges Braque, Alexander Calder … ou des écrivains comme André Malraux, Raymond Queneau ou Paul Claudel fixant un cercueil…
Toutes ces photographies créent des échos, lançant des clins d’œil entre les œuvres d’Henri Cartier-Bresson et celles de Sam Szafran. Jean-Henry Papillon nous livre les clefs pour saisir et apprécier à leur juste valeur ces œuvres en soulignant l’importance du socle constitue par l’amitié qui a uni dans ses liens les trois couples constitués par Henri Cartier-Bresson et Martine Franck, Lilette et Sam Szafran, Annette et Léonard Gianadda. Les tirages exposés se trouvent dans le catalogue Henri Cartier-Bresson et la Fondation Gianadda, collection Sam Szafran, édité en 2022 et disponible à la Fondation Pierre Gianadda.
Par temps ensoleillé, le cadre bucolique des jardins de la Fondation permettent de flâner à l’ombrage de multiples arbres dont un pin de l’Atlas, des figuiers, et apprécier les œuvres de César, Constantin Bracusi, Henry Moore, Rodin, Marx Chagall, Joan Miró, une Nana de Niki de Saint Phalle, parmi bien d’autres !
Nous avons rencontré Jean-Henry Papilloud, historien indépendant, détenteur d’une licence en Lettres obtenue а l’Université de Fribourg, qui est responsable avec Sophia Cantinotti, des collections de photographies de la Fondation Gianadda. Ancien directeur et actuellement chef de projet de la Médiathque Valais-Martigny, il est aussi président de la Société d’histoire du Valais romand. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, parfois écrits à quatre mains, comme celui écrit avec Johannes Gerber en 2013, Bisses du Valais ou Les vitraux des chapelles de Martigny, écrit avec Sophia Cantinotti, paru en 2014.
Entretien audio avec Jean-Henry Papilloud, l’un des deux commissaires de l’exposition, qui nous parle des divers chapitres de la vie foisonnante d’Henri Cartier-Bresson:
Il ne vous reste plus qu’à prolonger le plaisir de la visite à la Fondation Gianadda en découvrant les vitraux réalisés par Hans Erni dans la chapelle protestante de Martigny, à la demande de Léonard Gianadda, pour rendre hommage à sa femme, ou les vitraux du Père Kim En Joong à la chapelle Notre-Dame de Compassion de La Bâtiaz.
Cette exposition consacrée aux clichés d’Henri Cartier-Bresson est à découvrir à la Fondation Gianadda, ouverte tous les jours de 9 à 18 heures jusqu’au 20 novembre 2022.
Firouz E. Pillet
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