La Nuit du Court métrage de Lausanne fête ses 25 ans le 18 novembre 2022
Les courts métrages ne sont pas des œuvres cinématographiques mineures, conditionnées par de petits budgets et l’accès aux étudiants à leurs diplômes de fin d’études en cinéma. Les courts métrages répondent aux mêmes logiques artistiques que les longs métrages – un mauvais court de 3 minutes peut paraître très long à regarder – et devraient répondre aux mêmes logiques de l’industrie du cinéma. Nous parlons au conditionnel, car malheureusement, ce sont souvent les longs métrages qui ne répondent pas à cette logique industrielle : combien de cinéastes gâchent leurs films en n’osant pas passer au court alors que leur propos ne tient pas sur la longueur… Heureusement, des réalisateurs et réalisatrices réputé∙es n’hésitent pas à gratifier leur public de courts métrages quand cela correspond à leur moment artistique (Sally Potter, Wes Anderson, Jean-Luc Godard, Denis Villeneuve, Tom Tykwer, Les frères Coen, entre nombreux autres). Le court, c’est aussi le moyen d’expression de cinéastes qui font leur carrière dans ce format qui permet d’allier tous les genres cinématographiques, y compris le cinéma expérimental et les œuvres qui entrent dans des dispositifs d’art contemporain. Le court métrage reste bien sûr également le moyen pour des artistes qui débutent et/ou ne trouvent pas de financements de produire des œuvres.
Le court métrage est une fenêtre ouverte sur le monde, dans le sens littéral du terme, où il est plus facile pour des programmateur∙trices de proposer des films provenant de pays cinématographiquement méconnus que pour des longs métrages. C’est aussi une ouverture sur l’univers artistique, les innovations techniques, les essais narratifs. Regarder une programmation de courts métrages qui se constitue en bloc est, pour la spectatrice et le spectateur, un exercice qui demande de l’attention et de l’endurance : à chaque poignée de minutes, il faut quitter un univers pour entrer dans un autre – c’est très enrichissant, parfois déstabilisant. Et c’est bien ainsi : après tout, l’art n’est pas un paquet de pop-corns sorti de la machine, il faut un peu s’investir et faire sa propre cuisine intérieure.
Après avoir parcouru 12 villes en Suisse alémanique ce printemps, puis 12 villes en Suisse romande et au Tessin cet automne, le festival itinérant propose pour la 25e Nuit du Court de Lausanne une version étendue de son programme national, avec un florilège de courts métrages suisses et internationaux. Au menu : 114 films répartis dans 19 séances et projetés de 19h à 4h du matin dans cinq salles du cinéma Pathé Les Galeries ; des fictions, des animations et des documentaires de 2 à 29 minutes et en provenance de 20 pays ; un Juke-Box courts métrages animé par l’humoriste Yacine Nemra et de nombreuses équipes de films invitées à venir présenter leur travail au public. Au petit matin, les meilleurs films seront récompensés lors de la séance de clôture par le Prix RTS du Public de Lausanne, le Prix RTS du Public de la Tournée de la Nuit du Court métrage et le Prix du Jury des jeunes. Et comme le veut la tradition, café et croissants seront offerts aux plus noctambules !
Malik Berkati
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