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Locarno 2019 : rencontre des festivaliers avec Hilary Swank au Spazio Cinema

Vendredi soir, elle était très attendue sur le tapis rouge, l’un des temps forts de cette 72ème édition du Festival de Locarno : elle est arrivée, élégante élancée, spontanée et drôle, affichant ce sourire étincelant qui la caractérise. Sur l’immense écran de la Piazza Grande, tout les spectateurs ont pu l’admirer. Face à ce public déjà acquis à sa cause. l’actrice oscarisée Hilary Swank, arrivée hier soir pour recevoir le Leopard Club Award, s’est montrée naturelle, enjouée, généreuse de sa personne et souriante.

— Hilary Swank reçoit le Leopard Club Award
© Marco Abram Locarno Film Festival

On se remémore ses débuts dans la jeunesse féroce de Boys Don’t Cry ou dans la montée d’adrénaline de Million Dollar Baby. Hilary Swank se dit honorée d’être invitée par le festival,

heureuse d’être à Locarno pour participer au Festival du film, un festival qui peut se targuer de tant d’années d’activité » et a ajouté être «toujours amoureuse de son travail, de ses personnages, du cinéma.

Parmi son abondante filmographie, le public se souvient de ses meilleures performances qui comprennent Million Dollar Baby, Conviction, Freedom Writers et Boys Don’t Cry.

Ce samedi matin à 10h30 au Spazio Cinema de Locarno, Hilary Swank s’est prêtée à un exercice très prisé par les festivaliers en donnant une longue conversation publique, en compagnie du modéréateur Mike Goodridge qui a mené la rencontre avant que l’actrice ne réponde aux questions des très nombreuses personnes présentes.

Hilary Swank a confirmé cette impression de naturel et de générosité qui émane d’elle, se livrant avec largesse et spontanéité lors de la rencontre avec le public au cinéma Spazio, où elle leur a raconté ses débuts dans certaines productions télévisées, les définissant comme un véritable terrain de formation pour la vie :

Les émissions de télé d’aujourd’hui ont beaucoup d’idées, peut-être trop. C’est comme revenir à l’époque du cinéma indépendant où il y avait une tempête d’idées nouvelles”, explique l’actrice américaine. “J’ai aussi commencé avec la télévision. J’ai déménagé en Californie, abec ma mère qui m’a soutenue, à la recherche de drames, mais ils ne m’ont écrit que pour des rôles comiques. Puis l’appel pour Boys Don’t Cry en 1999 : On peut prendre un chemin pendant des années et soudain, en un jour, sa vie change. Mais vous devez être capable de saisir les opportunités qui se présentent. Si je pense que juste avant cet appel, ils n’avaient même pas renouvelé mon contrat pour la participation que j’avais dans le Beverly Hills alors en déclin …

Notre confrère Mike Goodridge poursuit ses questions qui retracent chronologiquement la carrière de Hilary Swank.

Cette période dans les séries télévisées l’a donc amenée à rencontrer la réalisatrice Kimberly Peirce pour Boys Don’t Cry, l’actrice déclare :

C’était un film crucial pour ma carrière et il traite d’un sujet aussi sensible que les transgenres. À l’époque, je ne me rendais pas compte de la responsabilité que ce rôle pouvait assumer. J’étais devenue le porte-parole de la communauté transgenre aux États-Unis. Dans Boys Don’t Cry, j’incarnais l’acteur principal trans Brandon Teena : j’étais très fascinée. Dans chaque personnage que je joue, j’essaie de faire ressortir les valeurs qui le distinguent, son caractère avec ses faiblesses et ses forces.

Ce film lui a valu le premier Oscar de sa carrière. Quand notre confrère Mike Goodridge lui demande comment elle a vécu son premier Oscar, l’actrice rappelle :

Quand j’ai gagné le premier Oscar, j’étais jeune (vingt-six ans), très heureuse et axée sur mon succès .

La deuxième statuette est arrivée quelques années plus tard avec Million Dollar Baby de Clint Eastwood, qu’elle décrit comme le réalisateur avec lequel tout acteur aimerait travailler :

Travailler avec Clint Eastwood et Morgan Freeman dans Million Dollar Baby était magique. Clint dans les films essaie d’atteindre le cœur, au fond de lui.

Elle précise que c’est un réalisateur qui lui a donné beaucoup de confiance en elle et en son métier:

Il laisse les acteurs faire beaucoup, il leur fait confiance et cela fait que les gens lui font confiance.

Et l’actrice d’ajouter aussitôt au sujet de ce second Oscar :

Ce n’est que plus tard que j’ai compris que gagner un tel prix implique une responsabilité et crée des attentes pour vous. Cela devient même lourd parce que dans les films suivants, vous ressentez beaucoup de pression de la part des producteurs, des réalisateurs et des spectateurs. Tout le monde s’attend à ce que votre performance transforme le film.

Le temps file tant la conversation est captivante. Le modérateur lui demande alors où elle se situe actuellement dans sa vie et dans sa carrière :

Je suis à un moment heureux de ma vie. Je suis mariée et très proche de mon père. Cela se reflète dans les rôles que je choisis de jouer, souvent dans des films que l’on peut juger ” plus légers “, mais j’en suis consciente.

Notre confrère rebondit aussitôt : « Alors pourquoi accepter certains films plutôt que d’autres ? »

Hilary Swank de répondre sans hésiter :

Les rôles dramatiques sont dévastateurs et affectent ma vie privée : ils m’enlèvent une partie de moi-même. J’aime les histoires réelles et les interpréter me met devant une grande responsabilité. Chacun de mes personnages laisse quelque chose de profond dans ton âme et tu ne peux pas passer d’une histoire à l’autre, tu as besoin de temps pour les laisser partir. En tant que productrice, j’ai aussi des projets qui mettent l’accent sur des histoires vécues.

En guise de mot de a fin, l’actrice donne quelques conseils aux jeunes qui se lancent dans le métier :

Il était une fois, pour devenir acteur, il fallait aller physiquement à chaque casting. Aujourd’hui, avec une chaîne youtube ou sur les médias sociaux, vous pouvez montrer vos qualités au monde entier. Les moyens sont nombreux, il n’y a pas d’excuse, mais la route est encore  longue et il faut travailler dur et constamment.

 

Propos recueillis par Firouz E. Pillet, Locarno

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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