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Marianne Marić : l’histoire inscrite sur les corps féminins

La galerie de la Filature de Mulhouse a exposé le travail de la photographe Marianne Marić sous le titre Les Filles de l’Est. Artiste alsacienne d’origine yougoslave connue pour son art de manipulation très humoristique, elle multiplie les pratiques photographique, unissant l’art classique avec la culture punk, l’inversion des symboles ou le froissement de projets de la mode contemporaine. L’artiste montre un érotisme élégant, attractif et voluptueux doté d’un jeu hors norme, sensuel et sophistiqué.

— Ours de Tito
© Marianne Marić

A sa manière Marić a recueilli les témoignages de femmes, leur vécu et expériences en les inscrivant sur leurs corps souvent dénudés comme l’écho des conflits récents et le reflet de complexité de la vie en Europe du sud-est, après des événements sanglants commis par les hommes. Diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Art de Nancy, Marianne Marić a exposé à Dublin, au National College of Art, à Sarajevo à Duplex 100m² sous direction de Pierre Courtin ou à Berlin. Parallèlement l’artiste élabore la scénographie et les recherches sur les œuvres des frères Baschet avec Thomas de Pourguery, au Centre d’Art Contemporain de Bretigny- sur-Orge. Rencontre.

 

D’où est originaire votre père?

Il était serbe de Bosnie. Il est né à Kupres, on pense en 1937, puis en 1939 ils ont du partir à Despotovac, puis Belgrade.

Les filles de l’Est est un titre très ambigu en France, quelle est sa signification profonde dans votre version?

Je vis actuellement en Alsace, “l’est de la France”, et je trouve ceci intéressant de jouer sur cette réputation pour mettre l’accent sur les Balkans, et non pas sur les épicentres du monde, à savoir Paris ou New York.

Vos photos sont un brin de provocatrices avec un érotisme stylé, mais il y a un message latent derrière tout cela! Lequel?

La Yougonostalgie! Quand une fille fait pipi sur les pistes de Bobsleigh entourant Sarajevo, elle pisse sur un symbole. Symbole de la Grande Yougoslavie en 1984 et symbole des pistes servant à bombarder 10 ans après. Mais c’est une ironie. Un symbole positif. A Sarajevo après mon solo-show en 2014, les gens ne me connaissant pas dans la rue m’ont fait des câlins car “pour une fois”, selon leurs dires, Sarajevo avait une image positive sur un terrain miné. Ces soi-disant photographies légères montrent des lieux comme Prijedor, Belgrade, Sarajevo, et du coup elles ont atteint un public qui pensaient encore que la guerre là-bas était actuelle… Les meilleurs compliments que j’ai reçus, ce sont les touristes y allant car ils avaient vu mes photos.

Comment avez-vous choisie vos modèles?

Ce ne sont jamais des modèles, ce sont soit des amies, soit des gens que je rencontre sur place. La beauté est partout!

Djenana Mujadzic

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Djenana Mujadzic

Rédactrice / Reporter (basée/based Paris)

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