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Martigny : la Fondation Gianadda présente les chefs-d’œuvre de Renoir et de Cézanne. Rencontre avec Antoinette de Wolff-Simonette

Depuis 12 juillet et jusqu’au 19 novembre 2024, des œuvres provenant de la Collection Walter-Guillaume de l’Orangerie et du Musée d’Orsay habillent les cimaises de la fondation octodurienne. La Fondation Gianadda propose une balade en terre impressionniste à travers les regards croisés sur deux maîtres de la peinture française du dernier quart du XIXe et du début du XXe siècle. Renoir avait déjà été exposé en 2014 à la Fondation Pierre Gianadda tout comme Cézanne en 2017. Les deux noms illustres de la peinture française se retrouvent réunis.

Une exposition concoctée par le maître des lieux

Sylvain Amic, président des musées d’Orsay et de l’Orangerie et Claire Bernardi, directrice du musée de l’Orangerie, se souviennent avec émotion du soutien et de l’engagement de Léonard Gianadda pour la réussite de ce dialogue au sommet entre Cézanne et Renoir. Le catalogue et l’exposition Cézanne – Renoir, regards croisés se veulent un dernier hommage de reconnaissance exprimé par Sylvain Amic, son prédécesseur Christophe Leribault et Claire Bernardi au regretté Léonard Gianadda « pour faire vivre les cimaises de la Fondation avec des œuvres qui se comparent, se confrontent, s’émancipent et deviennent enfin tutélaires des futures avant-gardes du XXe siècle ».

Auguste Renoir, une touche délicate et fluide

En 1869, Renoir séjourne avec Claude Monet à la Grenouillère, restaurant implanté sur une île de la Seine et louant des canots. Il évolue alors nettement vers l’impressionnisme en étudiant les reflets du soleil sur la surface de l’eau (La Grenouillère, 1869). Comme Monet, il éclaircit sa palette et ne lisse plus les touches, mais les juxtapose ou les superpose pour produire, à distance, un effet visuel. La délimitation nette des formes est abandonnée au profit du rendu d’une impression d’ensemble. Une poésie du réel, liée à la perception particulière du peintre, se substitue à la représentation rigoureuse.

Renoir développe une technique de coups de pinceau brisés et utilise des combinaisons audacieuses de couleurs complémentaires pures pour capturer la lumière et le mouvement de ses paysages et de ses personnages. Ses tableaux novateurs qui saisissent la lumière, les reflets, les impressions d’un instant, étant refusés au Salon, Monet, Renoir, Pissarro, Degas et Berthe Morisot fondent la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs qui a pour objectif de permettre aux impressionnistes d’exposer librement sans passer par le salon officiel.

Renoir comme Cézanne se démarqueront de l’académisme pour pouvoir exprimer leur créativité. Huit expositions impressionnistes vont se succéder de 1874 à 1886. Renoir participe à celles de 1874, 1876, 1877 et 1882. Tout le génie du peintre limougeaud se déploie alors dans des réalisations parfois très ambitieuses et mal perçues du public, peut-être vues à l’époque comme trop audacieuses mais marquent indubitablement et définitivement l’histoire de l’art. On songe au célèbre Bal du moule de la Galette (1876) qui place la scène de genre à un niveau supérieur en concurrençant désormais les intemporelles scènes mythologiques.

Cézanne, considéré comme l’un des pères de l’art moderne

Paul Cézanne (1839 -1906) fut un précurseur dans l’évolution de la peinture moderne. Peintre de paysage, membre éphémère de l’aventure impressionniste, il a révolutionné la peinture en revenant vers les lois de la géométrisation et la recherche d’un équilibre entre formes et couleurs.

Il était en effet connu pour ses nombreux tableaux des paysages de la montagne de la Sainte-Victoire, la montagne près de sa ville natale d’Aix-en-Provence. Cézanne a exposé à plusieurs reprises avec les impressionnistes dans les années 1870, et il a adopté de nombreuses idées sur l’art moderne de leur part. C’est donc la période impressionniste de Cézanne comme de Renoir que la Fondation Gianadda a choisi d’exposer dans le cadre des cent-cinquante ans de l’impressionnisme.

La démarche de Cézanne est axée sur la transposition des lignes, des formes et des couleurs sur la toile. Contrairement à la vie artistique officielle de la France de l’époque, Cézanne était sous l’influence de Gustave Courbet et d’Eugène Delacroix, qui appelaient de leurs vœux un renouveau de l’art et exigeaient la représentation d’une réalité sans fioritures.

Comme on peut l’observer sur les cimaises de la fondation, la pomme est un sujet récurrent des tableaux du peintre. La pomme rappelle à Cézanne son ami d’enfance, Émile Zola, qu’il a connu au Collège Bourbon. Il le défendit lors d’une querelle entre élèves de cet établissement. Lui le plus costaud, réussit à le protéger face à l’hostilité de ces jeunes provençaux vis-à-vis de cet « étranger » venu de Paris. En remerciement, Zola lui offrit des pommes. En sus du fameux fruit fétiche de Cézanne, de nombreux portraits de son épouse sont à découvrir.

Léonard Gianadda sur les traces de Tintin

Jusqu’au 19 novembre 2024, dans la Galerie du Foyer, en partenariat avec le Musée Hergé, la Fondation Pierre Gianadda, présente, des vignettes des Aventures de Tintin et des photographies de Léonard Gianadda dont les résonances étonnent, surprennent, séduisent. Plus de quatre-vingts images sont mises en parallèle dans sept chapitres – États-Unis, Europe, Égypte-Tunisie, Pays des Soviets, Méditerranée, Amérique du Sud, Afrique – et illustrent la passion de Léonard Gianadda pour les aventures du reporter belge accompagné de son fidèle compagnon à quatre pattes, Milou.

Les photographies en noir et blanc prises par Léonard et son frère Pierre Gianadda durant leur périple de plusieurs mois dans les Balkans, le Proche-Orient et le Maghreb font étroitement dialoguer le regard du photoreporter avec des situations dessinées par Hergé. La juxtaposition des clichés et des planches des bandes dessinées d’Hergé est à la fois troublante, émouvante et jubilatoire.

Sophia Cantinotti et Jean-Henry Papilloud mentionnent dans le catalogue :

« Il est difficile de dire et impossible de prouver que Léonard Gianadda entreprend ses voyages et reportages à la suite de Tintin. Mais il est plausible que, nourri dès l’enfance des aventures du héros à la houppette, il ait eu, consciemment ou non, l’idée de visiter des pays où Tintin avait essayé de changer le cours des choses. »

Grâce à cette surprenante exposition entre deux globe-trotters – l’un fictif, l’autre bien réel – une facette inédite de Léonard Gianadda est révélée au public dans cette exposition qui se déroule en direction foyer puis vers le musée des automobiles anciennes.

Conférencière à a Fondation Gianadda, Antoinette de Wolff-Simonette nous a parlé de ces regards croisés entre Renoir et Cézanne ainsi que de l’exposition consacrée à Léonard Gianadda sur les traces de Tintin. Rencontre :

 

https://www.gianadda.ch

Firouz E. Pillet

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