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Pour Rien à perdre, Delphine Deloget confie le rôle principal à Virginie Efira qui crève l’écran en mère courage. Rencontre

Avec Rien à perdre, Delphine Deloget livre un drame social poignant sur le sujet délicat des placements d’enfants en familles d’accueil en suivant le combat d’une mère célibataire qui lutte pour conserver la garde de son cadet.
Sylvie (Virginie Efira) vit à Brest avec ses deux enfants, le jeune Sofiane (Alexis Tonetti) et Jean-Jacques (Félix Lefebvre), adolescent. Une nuit, Sofiane se brûle avec une friteuse alors qu’il est seul dans l’appartement familial puisque sa mère travaille dans une boite de nuit. Les services sociaux sont alertés et placent l’enfant en foyer, le temps de diligenter une enquête menée par l’inspectrice, Mademoiselle Henry (India Hair).

— Virginie Efira – Rien à perdre
Image courtoisie Agora Films

Mue par l’envie de filmer ce qui reste d’une famille « quand tout explose », Delphine Deloget part d’un incident qui bouleverse une mécanique familiale en apparence bien rodée, mais qui s’effondre soudain comme un château de cartes. « Tout allait bien et bam ! Une friteuse ! », lance avec exaspération la mère de famille : une réplique qui résume la brutale dégringolade de la famille, un engrenage qui semble inéluctable, accéléré par les exigences de l’institution administrative qui sera suivie par des mesures judiciaires implacables. Maman célibataire, Sylvie travaille pourtant dur pour permettre à ses deux fils de grandir dans un minimum de confort, mais les fins de mois sont difficiles. Persuadée d’être victime d’une erreur judiciaire, Sylvie se lance avec pugnacité dans un combat pour récupérer son fils.

À l’origine, Delphine Deloget vient du documentaire et a réalisé autant des documentaires journalistiques que de documentaires dit « d’auteur », une manière de filmer qui est perceptible dans ce film de fiction qui en a parfois les. Co-écrit par Delphine Deloget, Camille Fontaine et Olivier Demangel, la narration est captivante, oscillant avec dextérité entre les situations administratives, les rencontres avec les psychologues et les éducateurs et les moments plus intimes, entre la mère et ses fils. Le trio de scénaristes parvient à tenir en haleine le public grâce à une écriture rythmée et intense qui décrit avec justesse les situations et réussit à transcrire la difficulté, l’incompréhension, la douleur, mais aussi « la nécessité de quitter ceux qu’on aime ». Vu le sujet délicat, Delphine Deloget a souvent remis sur le métier son ouvrage pour parvenir à livrer un récit bouleversant mais juste, en évitant de sombrer dans la description classique d’un cas d’école. Pour atteindre une telle authenticité, la réalisatrice a rencontré des dizaines de familles d’enfants placés et écouté des enregistrements sonores entre les parents et les services sociaux. La cinéaste a aussi discuté longuement avec des avocats qui gèrent ce genre de dossiers et a passé plusieurs jours dans le bureau d’un juge pour enfants.

La cinéaste décrit la façon de cette famille de vivre, s’aimer et se le dire tout en traversant un chemin tortueux et douloureux qui solidifie leur amour dans cette terrible tourmente que la famille connaît, une tourmente qui semble sans fin. Présenté dans la section Un certain regard au dernier Festival de Cannes, Rien à perdre a eu droit une ovation à la fin de la projection.

Venue en Suisse, Delphine Deloget s’est confié sur la genèse de Rien à perdre, sur l’écriture à six mains, sur la plongée dans la complexité humaine qu’elle a effectuée pour rendre ce film possible et qui lui a permis de tordre le cou à certaines idées reçues. Rencontre :

 

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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