Sélection j:mag de 10 films 2023 – Auswahl j:mag von 10 Filmen 2023
Nous avons demandé à trois de nos critiques de cinéma de nous donner leurs trois films préférés (le rédacteur en chef a eu droit à un film supplémentaire). Voici donc les coups de cœur 2023 de Firouz E. Pillet (en français), Harald Ringel (en allemand), Malik Berkati (en français).
Wir haben drei unserer Filmkritiker*innen gebeten, uns ihre drei Lieblingsfilme zu nennen (der Chefredakteur durfte einen zusätzlichen Film auswählen). Hier sind also die Lieblingsfilme von 2023 von Firouz E. Pillet (auf Französisch), Harald Ringel (auf Deutsch) und Malik Berkati (auf Französisch).
Le cinéma de 2023 vu par Firouz E. Pillet: blockbusters décevants, films d’auteur toujours excellents et petites pépites venues d’ailleurs
Cette cuvée 2023 a proposé des films très attendus, au budget colossal, mais qui se sont avérés quelconques, voire décevants – Oppenheimer de Christopher Nolan, Barbie de Greta Gerwig, Priscilla de Sofia Coppola – , suivis par les films dont l’intérêt et la qualité tiennent essentiellement à l’interprétation de leur acteur·trice principal·e comme Poor Things de Yórgos Lánthimos, Tár de Todd Field et Maestro de Bradley Cooper -, des films signés par de grands noms du septième art et qui le restent indubitablement – Rapito, de Marco Bellocchio, Killers of the Flower Moon, de Martin Scorsese, The Fabelmans de Steven Spielberg – et enfin des révélations et des talents qui se confirment en créant de magnifiques surprises comme Banel & Adama de Ramata-Toulaye Sy, Burning Days d’Emin Alper et Joyland de Saim Sadiq.
Se limiter à trois films a donc été une mission ardue, voire impossible à mener…
1. The Zone of Interest, de l’Anglais Jonathan Glazer ex æquo avec Io Capitano, de Matteo Garrone.
Grand Prix à Cannes, The Zone of Interest, de l’Anglais Jonathan Glazer, et avec Christian Friedel, Sandra Hüller, est l’adaptation du roman éponyme de Martin Amis (décédé à peine le film de Glazer présenté à Cannes !), et suit le quotidien du commandant d’Auschwitz, Rudolf Höss, et de sa femme Hedwig qui s’efforcent de construire une vie de rêve pour leur famille dans une maison avec jardin à côté du camp. Examinant de manière plutôt chirurgicale l’existence ordinaire de personnes complices de crimes de guerre, le film contraint le public à jeter un regard froid sur la banalité derrière une brutalité innommable, organisée à grande échelle. Optant pour des positions de caméra maintenues à mi-distance, à l’exception de quelques plans élaborés, Jonathan Glazer choisit de mettre en exergue ce que les personnages choisissent de ne pas voir.
Io capitano, de Matteo Garrone, qui a valu le Lion d’argent d’argent 2023 à son réalisateur et le Prix Marcello Mastroianni du meilleur acteur à son interprète, Seydou Sarr, est original par son point de vue qui place le public aux côtés des migrants dans l’abominable périple que tant de gens se retrouvent contraints d’entreprendre.
2. Perfect Days, de Wim Wenders.
Perfect days entraîne le public dans la vie simple et routinière de Hirayama (Kōji Yakusho) qui travaille à l’entretien des toilettes publiques de Tokyo. Il s’émerveille devant les petits bonheurs que lui apporte son quotidien très structuré. Il entretient une passion pour la musique, les livres, et les arbres qu’il aime photographier. Son passé va ressurgir au gré de rencontres inattendues. Dans cette réflexion émouvante et poétique sur la recherche de la beauté dans le quotidien, la performance époustouflante de Kōji Yakusho ancre ce film poétique et esthétique qui prend du temps, tel un tableau peint par touches successives, pour planter le décor et commencer, de manière imperceptible, le récit.
3. La Dernière reine, de Damien Ounouri et d’Adila Bendimerad.
En Algérie, an l’An de grâce 1516, le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête : la reine Zaphira. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat et des bouleversements tant personnels que politiques endurés pour le bien d’Alger. L’approche cinématographique, résolument théâtrale, se distingue par le point de vue féminin sur une arène historique, traditionnellement dominée par les hommes, un choix qui ajoute à la spécificité de ce film.
Oppenheimer, critique de Malik Berkati
Tár, critique de Firouz E. Pillet
Poor Things, critique de Malik Berkati
Rapito, critique de Firouz E. Pillet
Killers of the Flower Moon, critique de Malik Berkati
The Fabelmans, critique de Firouz E. Pillet
Banel & Adama, critique de Malik Berkati et entretien entre Firouz E. Pillet et la réalisatrice
Burning Days, critique de Firouz E. Pillet
La Dernière reine, Malik Berkati: critique et entretien avec le co-réalisateur
Harald Ringel : Meine Lieblingsfilme 2023
Das Filmjahr war sehr durchwachsen und es gab leider auch eine Menge enttäuschender Filme zu sehen. Die Zuschauerzahlen der deutschen Kinos haben sich zwar etwas erholt, sind aber noch lange nicht so gut wie vor Corona. Der Trend geht immer mehr zu einigen wenigen Filmen, die gut laufen, aber fast alles andere geht an der Kinokasse unter. Es war schwer für mich, mich auf 3 Favoriten zu beschränken, ich habe mich für 3 noch nicht besprochene Filme entschieden, sonst würden Past Lives (Celine Song) und Perfect Days (Wim Wenders) sicher dazu gehören.
Anatomie eines Falls (Anatomie d’une chute) von Justine Triet ist der seltene Fall, wo der Gewinner von Cannes und Abräumer vieler Preise beim Europäischen Filmpreis auch qualitativ fast jeden überzeugt. Eine Autorin (Sandra Hüller) wird wegen Mordes an ihrem Mann angeklagt, nachdem der Sohn die aus dem Dachfenster gestürzte Leiche des Vaters findet. Der Film ist gleichzeitig ein spannender Krimi, eine Studie über fragwürdige Methoden vor Gericht, um die Ungleichbehandlung von Frauen, aber vor allem über die Folgen für ein Kind. Rundum gelungen, mit starken Schauspieler*innen.
Wonka von Paul King ist ein bonbonbuntes Musical nach dem Buch von Roald Dahl, das stilistisch eher die Vorgeschichte des Gene Wilder- Films von 1971, als die der Tim Burton-Verfilmung mit Johnny Depp ist. Der Wohlfühlfilm des Jahres für Kinder wie Erwachsene strotzt nur so von bizarren und witzigen Einfällen, mit Timothy Chalamet als Willy Wonka, der einen Laden für die beste Schokolade der Welt eröffnen will. Nebenfiguren wie Olivia Colman als Sklaventreiberin und Gaunerin oder Hugh Grant als kleinwüchsiger Oompa Loompa, der Wonka stets verfolgt, weil der ihm einst 3 Schokoladenbohnen entwendet hat, runden den grossen Spass ab.
Cannes Uncut von Richard Blanshard und Roger Penny ist eine faszinierende Doku über das grösste Filmfestival der Welt. Er zeigt die Geschichte des Festivals von Anbeginn bis heute mit vielen Originalaufnahmen, aber hinterfragt auch, warum Cannes von so vielen geliebt wird. Es geht um Filme, den Markt, den roten Teppich, Partys und vieles andere. Dabei gibt es Statements von Kritikern, Filmfirmen, Regisseuren wie Quentin Tarantino und Schauspielern wie Tilda Swinton. Und Programmleiter Thierry Fremaux gibt sehr ehrliche Antworten.
Anatomie d’une chute (Kritik auf Französisch von Firouz E. Pillet und von Malik Berkati)
Past Lives (Kritik auf Französisch von Malik Berkati)
Malik Berkati: mes quatre coups de cœur 2023
Cette année cinématographique a été turbulante et ambivalente : la grève des auteur·trices et acteur·trices à Hollywood, des films inattendus qui ont boosté la fréquentation des salles, des blockbusters qui ont eu des échos décevants en terme de fréquentation. La qualité des films d’auteurs est au rendez-vous, mais il reste difficile d’entraîner les spectateurs à les voir sur grand écran. Et c’est dommage: un film au cinéma est une expérience qu’il faut absolument encourager.
Kuolleet lehdet (Les Feuilles mortes, Aki Kaurismäki, 2023)
Le meilleur film de l’année ! De la poésie, de la grâce dans la gravité des destins cassés, des références iconographiques et musicales. Un bijou de 78 minutes. Kaurismäki qui a inventé le « feel-good movie » à la finlandaise : si ces personnages cassés par la vie parviennent à trouver leur bonheur, il n’y a aucune raison pour que nous ne le trouvions pas nous non plus !
Stepne (Steppe, Maryna Vroda, 2023)
Un homme rentre à la maison pour s’occuper de sa mère mourante ; il est confronté à la disparition d’un être cher qui le renvoie à son héritage matériel et immatériel – avant de mourir, sa mère lui parle d’un trésor, mais quel est ce trésor ? Un bien caché ou quelque chose de précieux qui se loge dans l’interstice dialectique de l’immanence et la transcendance ? Ces quelques jours passés avec Anatoliy ouvrent l’espace cinématographique qui mêle fiction et documentaire, dans une photographie poétique signée Andrii Lysetskyi qui magnifie le sentiment d’isolation, d’abandon, de mélancolie.
Lire la critique et l’entretien avec la réalisatrice.
Ayeh haye zamini (Terrestrial Verses, Ali Asgari and Alireza Khatami, 2023)
Face caméra, un∙e protagoniste est la proie d’un∙e interlocuteur∙rice, hors champ, qui tient le levier de la discussion et le sort potentiel de la personne en face d’elle. Les situations de départ sont réalistes et concrètes, leur déroulement frise l’absurde naturaliste, ce qui provoque un humour opportuniste, grinçant et touchant dans la désespérance qu’il véhicule.
Nu aștepta prea mult de la sfârșitul lumii (N’attendez pas trop de la fin du monde, Radu Jude, 2023)
Encore un film jubilatoire et au premier regard déjanté de Radu Jude, mais cette comédie dramatique aborde une multitude de sujets qui convergent vers le tableau d’une société étouffée par le système capitaliste, la corruption institutionnalisée mais aussi morale, l’incompétence politique, l’exploitation des travailleurs, les conditions de travail qui peuvent mener à la mort.
Lire la critique et l’entretien avec le réalisateur.
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