Cinéma / KinoCulture / KulturLocarno 2021

[Audio] Locarno 2021 : rencontre avec Axelle Ropert, la réalisatrice de Petite Solange, qui concourt pour le Pardo d’Oro

Venue à Locarno pour présenter son dernier long métrage, Petite Solange, en compétition, Axelle Ropert nourrit une longue histoire amicale avec Locarno et son festival.

— Jade Springer – Petite Solange
©2021 Aurora Films

Après avoir concouru en 2016 avec La Prunelle de mes yeux, la cinéaste y présenté en 2020 son projet de Petite Solange dans Les Films d’Après. Aujourd’hui, un an plus tard, son film est présenté à Locarno et concourt au Pardo d’oro mais Axelle Ropert nous confie :

« Je ne suis absolument pas compétitrice et ce qui m’importe est que mon film soit vu du public. »

Solange (Jade Springer), treize ans, partage sa vie d’adolescente entre sa famille, le lycée et ses amis. Extravertie, joyeuse, elle est passionnée et adore ses parents, Aurélia, (Léa Drucker),  comédienne au théâtre et son père, Antoine,  (Philippe Katerine) qui vend des instruments de musique. Progressivement, ses parents se mettent à se disputer, se fâcher, ils commencent à s’éloigner puis leur séparation se profile. En classe, Solange, habituellement si vive,  s’est éteinte, ne parvient pas à réciter un poème de Verlaine et éclate en sanglots. Le spectre du divorce parental se précise, l’univers de Solange se brise.

Le cinéma a déjà proposé de nombreux films sur les divorces mais Petite Solange, d’Axelle Ropert, s’en démarque, adoptant le regard de l’adolescente sur ce séisme familial, mettant en relief les souffrances, les questions de l’adolescente que l’on suit à travers son cheminement de deuil.
La jeune Jade Springer interprète avec brio Solange, lui donnant une palette impressionnante de registres et de sentiments alors que l’adolescente s’inquiète, souffre, se rebelle, s’indigne. Jade Spinger est convaincante de bout en boute et se révèle un jeune talent prometteur dont on entendra certainement à nouveau parler.

Axelle Ropert signe avec poésie et délicatesse une chronique d’une incroyable justesse et au message universel.
La réalisatrice nous a rencontrés dans le décor Art Déco du Palma au Lac, sur la terrasse, un peu bruyante, ce qu’a regretté Axelle Ropert.  Abondamment nourrie au septième art, Axelle Ropert nous a parlé de sa passion pour le cinéma de l’Hexagone mais aussi pour le réalisme italien et tous les cinémas qui suscitent des émotions. Habituée par sa mère à aller beaucoup au cinéma, Axelle Ropert adore le septième art de tous horizons et confie avoir choisi Nantes dans un savoureux clin d’œil à la Nouvelle Vague et à Jacques Demy. Ayant œuvré comme critique de cinéma « sans jamais devenir professionnelle ! », précise-t-elle avec modestie, Axelle Ropert  a toujours aimé écrire :

« Je carburais au romanesque. À dix ans, je songeais plus à devenir romancière que cinéaste ».

Axelle Ropert s’est épanouie derrière la camera et n’a aucun regret mais nourrit toujours sa passion pour l’écriture, co-scénarisant les films du réalisateur Serge Bozon, le père de ses enfants. Avec conviction et passion, Axelle Ropert nous a dit combien elle aime tourner en pellicule et non en numérique pour « conserver le grain de la peau, les joues qui rougissent», s’insurgeant contre l’hégémonie du digital, vendu comme la panacée, mais qui perd en humanité et en véracité.

— Axelle Ropert
© Claire Nicol

Axelle Robert s’est aussi confiée sur le choix des comédiens et sur ses projets d’écriture déjà en cours. Mais la cinéaste met un point d’honneur à consacrer une grande place au cinéma dans sa vie, appréciant aller voir de vieux chefs-d’œuvre à l’Action Christine, dans le 6e arrondissement et en portant son attention à des films récents pour repérer de nouveaux visages.

Quant à son dernier film, Petite Solange, à l’instar de l’adolescente du film, elle le laisse partir et vivre sa vie.
Rencontre enrichissante et conviviale à Locarno.

 

Firouz E. Pillet, Locarno

© j:mag Tous droits réservés

Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

Firouz Pillet has 1058 posts and counting. See all posts by Firouz Pillet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*