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BackToCinema – Initiales S.G. (Iniciales S.G.) de Rania Attieh et Daniel García : une comédie noire au coeur de Buenos Aires

Initiales S. G. ? Encore un documentaire sur Serge Gainsbourg ? Nenni non point ! Un film issu du cinéma indépendant argentin qui rend un hommage au chanteur français sur fond d’humour noir et grinçant !

— Julianne Nicholson et Diego Peretti – Iniciales S.G.
© trigon-film.org

Sergio Garcés (Diego Peretti) gagne sa vie comme figurant sur plusieurs tournages et parfois dans des films pornographiques. D’ailleurs il a connu son heure de gloire grâce à ses performances sexuelles il y a une vingtaine d’années quand il avait juste trente ans.

Depuis, la cinquantaine passée, il enchaîne les petits rôles de figurants en attendant le rôle qui changera sa carrière et sa vie puisqu’il est persuadé d’être un grand acteur. Surnommé le Français par ses amis, il a eu un passé de  jeune chanteur de « covers », des reprises hispanophones de Serge Gainsbourg, avec qui il partage les initiales S.G. auquel le titre fait allusion.

Cette symbiose dans les initiales et les chansons permettent aux spectateurs d’apprécier des reprises savoureuses des classiques de Gainsbourg comme Le poinçonneur des lilas, La javanaise, Je suis venu te dire que je m’en vais, en autres. La bande-son du film qui ponctue toutes les péripéties vécues par Segio enrobent le film d’une atmosphère à la fois nostalgique et mélancolique.

Malgré son demi-siècle, Sergio agit avec l’irresponsabilité et la nonchalance d’un adolescent, alors qu’il doit assumer les conséquences de ses actes, y compris face à la juge qui doit lui attribuer sa peine suite à ses accès de colère et de violence qu’il est incapable de canaliser. Elle l’astreint à consulter un psychologue mais il arrive en retard à son premier rendez-vous et excuse ses actes manqués par le truchement d’une incroyable capacité d’affabulation.

Comme le qualifie si bien Martial Knaebel, de Trigon, distributeur du film en Suisse,

Sergio Garcés est un anti-héros comme on n’en voit peu et Diego Peretti, en plus de lui prêter sa «gueule» – justement à la Gainsbourg, lui donne une profondeur étonnante au point qu’on finisse tout de même à ressentir une certaine tendresse pour ce personnage, tocard parfait, qui ne fait pourtant rien pour se rendre sympathique.

C’est bien là la source du parcours chaotique de Sergio : des malheurs incessants qui jonchent son chemin, une vie laborieuse qui lui réserve des coups au sens métaphorique et littéral, d’un grave accident de vélo à un passage à tabac.

Dans le cadre d’un festival du type du Bafici – Buenos Aires International Festival of Independent Cinema, un évident clin d’oeil du tandem de co-réalisateurs  à leur univers—  Sergio rencontre Jane (Julianne Nicholson), une programmatrice nord-américaine vulnérable qui jette son dévolu sur lui bien que le protagoniste semble plus intéressé par le football.

D’ailleurs, le film se déroule durant de la Coupe du monde 2014, au Brésil et cette coupe est un autre le!itmotiv de l’intrigue car le football représente quasiment une religion pour Sergio et son cercle d’amis.

Le film est porté par la présence charismatique de Diego Peretti à la gueule de baroudeur et dont l’excellente interprétation donne au protagoniste une palette de nuances selon les atmosphères de l’intrigue – romance, comédie, film noir  au coeur de la capitale argentine qui est un protagoniste à part entière

Ce film co-réalisé à quatre mains par la Libanaise Rania Attieh et le Texan Daniel García fait de la comédie noire une proposition originale du cinéma indépendant argentin, par le biais d’une vision délibérément provocante, qui offre des similitudes aux regard de Lynch ou de Cronenberg comme au pathos des frères Coen.

Une combinaison fort réussie à condition que les spectateurs se laissent porter par l’atmosphère et sachent garder une distance nécessaire.

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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