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Berlinale 2023 – La 73e chasse à l’Ours d’or a lieu du 16 au 26 février 2023

Le festival international du film de Berlin revient à ses fondamentaux, avec beaucoup de politique et de cinéma d’auteur, agrémenté de quelques stars – dont Kristen Stewart en présidente du jury et Steven Spielberg pour son Ours d’or honorifique pour l’ensemble de sa carrière, auquel la section Hommage est également consacré –, pour mettre un peu de glamour sur le tapis rouge.

© Daniel Seiffert

La priorité du festival est, cette année, de pouvoir renouer le lien entre le cinéma comme expérience collective avec un public qui n’a pas encore totalement retrouvé le chemin des salles au niveau d’avant-pandémie. Mariëtte Rissenbeek, co-directrice du festival, visiblement soulagée du retour complet au présentiel cette année, conçoit un festival de cette ampleur comme un devoir de soutien à l’industrie cinématographique, y compris le bout de sa chaîne – les salles de cinéma. Pour le directeur artistique, Carlo Chatrian, la Berlinale est le lieu parfait pour cette convergence, « avec un programme présentant de nouvelles perspectives, de la jeunesse, et une compétition audacieuse et éclectique ». Il est vrai que, peut-être marqué par ses 7 ans à la tête artistique du festival de Locarno, ses choix artistiques font le grand écart entre film d’auteur et film grand public, entre naturalisme et poésie, entre documentaire et film d’animation (avec deux films animés en compétition, Art College 1994 du chinois Liu Jian et, pour la première fois dans cette section, un anime – Suzume de Makoto Shinkai), entre cinéastes établi∙es et nouvelle génération. « Pour moi, ce qui donne du sens à un festival, c’est ce dialogue entre les différentes voix du cinéma », souligne Chatrian. Se référant à Pier Paolo Pasolini, il poursuit :

« Lors du processus de sélection, nous avons remarqué que le réel est de retour. Mais le cinéma, c’est plus que la réalité, c’est aussi de la poésie qui rend compte de ce réel. »

Même si parfois le programme de ce festival ressemble un peu à une usine à gaz, sa force tient dans les propositions de ses différentes sections pour tous les publics, allant du plus cinéma le plus expérimental au plus divertissant, avec la même exigence et étendue spectrale dans celle des enfants et adolescents.

L’Ukraine et le peuple iraniens à l’honneur

La Berlinale est le festival le plus politique des trois festivals majeurs du circuit international, ainsi qu’avec ses sections parallèles, une tête chercheuse des questions sociétales qui font la Une des médias dans un futur proche. Cette année, la politique s’invite non seulement sur les écrans et les discussions en marge du festival, mais également à travers des gestes de solidarité envers le peuple iranien et l’Ukraine : Carlo Chatrian et Mariëtte Rissenbeek insistent sur le fait que

« les festivals de cinéma sont des lieux qui renforcent la liberté d’expression et le dialogue pacifique. Avec la guerre d’agression en cours contre l’Ukraine et les protestations courageuses en Iran, ainsi que dans de nombreuses autres régions du monde, la Berlinale défend encore plus fermement ces valeurs démocratiques en 2023 et se souvient des victimes de la guerre, de la destruction et de l’oppression. dans le monde. »

Symboliquement, l’Ours de l’épinglette officielle arbore les couleurs de l’Ukraine, afin d’offrir une large visibilité à la démonstration de solidarité.

© Berlinale 2023

Le 18 février, après une journée de discussion, intitulée Le rôle du cinéma et des arts dans la révolution iranienne, le tapis rouge devant le Berlinale Palast sera foulé par « des représentants de diverses équipes de tournage, des membres du jury et des cinéastes en solidarité avec le peuple iranien », indique le festival.  Pour marquer la date de l’invasion russe en Ukraine il y a une année, le 24 février, l’ambassadeur de l’Ukraine en Allemagne, des délégations de l’industrie cinématographique, des représentants des festivals de Kyiv et d’Odessa, et des membres des équipes de films ukrainiens au programme du festival prendront possession du tapis rouge pendant 20 minutes.

À l’instar de la Russie, la Berlinale – et son Marché du film – a exclu du festival les compagnies et les médias qui ont un lien direct avec les autorités iraniennes. Les films indépendants ne sont pas concernés, cependant force est de constater que les productions réalisées par des Iranien∙nes ou ayant pour thème le pays sont, à l’exception de deux films, produits à l’étranger. La Sirène, film d’animation de la réalisatrice Sepideh Farsi, qui réside en France, ouvrira la section Panorama.
Les films ukrainiens ou ayant pour sujet l’Ukraine sont nombreux, mais l’un d’entre eux particulièrement attendu dans la section Berlinale Special Gala – Superpower de Sean Penn et Aaron Kaufman, présenté en Première mondiale. Ce documentaire, débuté en novembre 2021 comprend des scènes tournées à Kyiv tournée lors de l’invasion russe enclenchée le 24 février 2022, alors que les réalisateurs filmaient Volodymyr Zelensky. Carlo Chatrian, en annonçant la sélection du film, a indiqué que « c’est un film documentaire réalisé dans des circonstances très difficiles, mais c’est aussi un film qui raconte le rôle de l’art et des artistes dans des moments difficiles. »

La chasse à l’Ours d’or est ouverte pour les 18 films en compétition ! Retrouvez nos critiques quotidiennes qui couvrent toutes les sections du festival avec cette année trois de nos journalistes, deux francophones et un germanophone.

Malik Berkati, Berlin

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Malik Berkati

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