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Cannes 2023 : En Compétition officielle, le documentaire Jeunesse (Le Printemps) [Qing Chun] du cinéaste chinois Wang Bing explore sans artifices les ateliers de l’industrie textile en Chine

Rompu à l’exercice et habitué aux œuvres fleuves (on se souvient de Shanghai Youth, sorti en 2014), Wang Bing prend le temps et en donne à ses œuvres : le cinéaste chinois a planté sa caméra, très exactement ses trois caméras afin de suivre les nombreux protagonistes de ce documentaire. Jeunesse ne se contente pas de montrer une vie de labeur, de 2014 à 2019, dans la ville manufacturière de Zhili, à une centaine de kilomètres de Shanghaï. Wang Bing a obtenu l’autorisation pour ce tournage au long cours sous réserve de ne pas déranger la production textile. Le cinéaste filme cette jeunesse, garçons et filles, venus de leur province trimer dans l’industrie textile rurale dans l’espoir d’une vie meilleure.

Jeunesse (Le Printemps) [Qing Chun] de Wang Bing
Image courtoisie Festival de Cannes
À Zhili, dans cette capitale chinoise du vêtement, les petites mains sont légion, la vie grouille et bat au rythme des machines à coudre. Ici, toute la jeunesse rurale du fleuve Yangtze migre pour trouver du travail. Jeunesse (Le Printemps) plonge le public dans et univers de labeur intense aux conditions précaires.

Dans cette cité dédiée à la confection textile, les jeunes âgés d’à peine vingt ans, affluent des régions rurales partagent les journées de travail sans relâche, mais aussi les dortoirs, les repas rapides dans les coursives. Ces jeunes espèrent gagner quelques maigres économies pour pouvoir un jour fonder une famille, élever un enfant, s’acheter une maison et peut-être monter leur propre atelier. La caméra de Wang Bing les suit dans leurs jours harassantes, leur promiscuité, leurs amitiés, ponctuées par quelques liaisons amoureuses qui se nouent au gré des saisons et des journées de travail et se dénouent sous les pressions familiales.

Durant trois heures trente que dure Jeunesse (Le Printemps), Wang Bing, caméra à l’épaule, invite le public à parcourir les nombreux ateliers de couture, à déambuler dans les dortoirs et parvient, le long des allées étroites et encombrées des fabriques textiles, à livrer un témoignage sociologique poignant en évitant toute dramatisation. Wang Bing n’utilise pas ou peu l’outil cinéma pour véhiculer les émotions, préférant le naturalisme et l’observation.

Jeunesse (Le Printemps) est le premier volet d’un documentaire dont la suite est toujours en montage. Comme à l’accoutumée, Wang Bing se laisse une entière liberté quant à la durée de son projet dont on sait que la version globale devrait avoisiner les neuf heures. Vous voilà avertis !

Pour de nombreux critiques, Jeunesse (Le Printemps) est bien placé pour la Palme.

Firouz E. Pillet, Cannes

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Firouz Pillet

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