Deauville : 47e édition de Festival du Cinéma américain – une réussite malgré la pandémie
Connu pour être la plus attractive fête hexagonale du septième art après Cannes, le Festival du Cinéma américain de Deauville a conclu sa 47ᵉ édition, avec un palmarès très particulier :
Après le prestigieux Globe de cristal à Karlovy Vary il y a six ans, Diego Ongaro est encore primé en Europe grâce à son deuxième long métrage Down with the King, lors la très pompeuse cérémonie de clôture, le samedi 11 septembre. Le jury a unanimement voté pour son film en lui attribuant le Grand prix. Le réalisateur a raconté l’histoire de Money Merc, un célèbre rappeur, isolé dans une maison éloignée pour composer son nouvel album. Fatigué et en manque d’inspiration, le musicien découvre les beautés de la vie fermière…
Avec mon producteur, on essayait de trouver des moyens de financement et former le casting, depuis des années et on n’y arrivait pas ! Je commençais à travailler sur des chantiers de construction, sur des cimetières…Je faisais toutes sortes de jobs. Et moins de deux ans après, être ici comme ça, présenter le film à toute la ville et recevoir un prix comme celui-ci est très émouvant pour moi.
Cette année le jury de longs métrages, présidé par Charlotte Gainsbourg a remis encore deux importants prix. D’abord pour Pleasure, le premier film de Ninja Thyberg sur l’existence d’une Suédoise de 20 ans, arrivée fraîchement à Los Angeles pour être actrice porno. Puis fut récompensé Sean Baker pour sa réalisation nommée Red Pocket, une saga touchante sur Mickey Sober, revenu dans son Texas natal après de longues années passées à Hollywood comme star du porno. Le metteur en scène a déjà obtenu le Prix du jury en 2015 pour son cinquième long métrage intitulé Tangerine. Il a également reçu le Prix de la critique en 2021.
Le premier long métrage de Pascual Sisto a reçu le Prix de la Révélation. John, un garçon de 13 ans a trouvé des restes d’un bunker avec un trou profond dans le sol. Sans raison apparente, il y installe ses parents et sa sœur aînée, après les avoir drogués. Le garçon passe du très bon temps dans la maison vide, où il fait ce qu’il veut, sachant que sa famille attend impatiemment la libération qui tarde au fil des jours.
Le public a donné son prix à Justin Chon, réalisateur de Blue Bayou.
Les stars d’antan
La présence d’Oliver Stone et de Paul Schrader a un peu amélioré l’exposition de la manifestation, consacrée au cinéma indépendant américain. Bruno Barde, président et sélectionneur, comprend ce festival comme terre de résistance de la cinéphilie. La manifestation du Calvados a été à la fois dans l’ombre de la Mostra de Venise et du Toronto Film Festival, qui ont eu lieu au même moment.
Oliver Stone a montré son documentaire, JFK L’Enquête, curieux et contrarié, prolongement du célèbre long métrage avec Kevin Costner. Le réalisateur a réactivé l’assassinat de 42ᵉ président des États-Unis avec des documents déclassifiés durant des années 90. Stone réaffirme le complot de la CIA et des militaires en faisant émerger Allen Dulles, premier directeur de l’agence de renseignement, conservateur licencié par John Kennedy. Celui-ci est devenu plus tard membre de la commission Warren, après la disparition du président.
Paul Schrader est revenu à Deauville pour présenter The Card Counters et son héros, ascète asocial, flambeur, ex soldat-tortionnaire de Guantánamo.
Le grand plus de cette fête du septième art qui se bonifie avec le temps sont sûrement des nouvelles compétitions : l’Heure de la Croisette et Fenêtre sur le Cinéma français. Mais l’événement du festival a été le film fleuve de Denis Villeneuve, intitulé Dune et diffusé simultanément au Centre International et au Casino de Deauville.
Djenana Mujadzic
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