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Filmar 2018 : « Las herederas » (Les héritières), de Marcelo Martinessi, faisait l’ouverture de cette vingtième édition

Las herederas (Les héritières), premier film paraguayen à concourir à concourir à la Berlinale 2018, se veut une comédie dramatique qui a beaucoup fait parler de lui après avoir été récompensé par différents prix dont l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour Ana Brun.

 

Marcelo Martinessi a opté pour une mise en scène relativement minimaliste et linéaire qui se veut tellement auteuriste qu’elle lasse rapidement les spectateurs. Le choix du cinéaste de mettre les protagonistes féminines en lumière en laissant volontairement les hommes hors champ ou anecdotiques semblait initialement intéressant. Un tel exercice de style n’est pas nouveau : on se souvient de Gianni e le donne (Gianni et les femmes, 2011) de Gianni Di Gregorio, film hautement féminin à l’humour savoureux et fin.

Dans Las herederas, Marcelo Martinessi semble laisser ses actrices tenir le gouvernail. Le cinéaste confesse gaillardement qu’il recherchait des femmes qui puissent naturellement bouger, parler et s’adresser les unes aux autres avec certains codes sociaux difficiles à imiter. Le réalisateur a donc choisi des actrices capables d’interpréter  des personnages proches de leur personnalité à la ville. Est-ce là la cause que ce ne soit pas des rôles de composition qui laissent une impression étrange, comme une fausse note alors que l’histoire se déroule sous nos yeux ?

— Ana Brun, Margarita Irún – Las herederas (Les héritières)
© lababosacine

Même si la protagoniste va oser des changements radicaux dans sa vie à travers ses désirs physiques, romantiques, de travail et de connexion sociale, cette audace ne n’a pas contaminé la mise en scène du réalisateur qui se cantonne à une réalisation, certes soignée,  audacieuse, faite de phrases courtes, par le truchement de performances sèches, aseptisées, parfois presque silencieuses de ses actrices. Le même sujet – cet amalgame de désirs, de corps et de sensualité auraient été bien différents si il avait été traité par des cinéastes comme Marco Ferreri, Lucrecia Martel ou bien évidemment Pier Paolo Pasolini.

A Berlin, le film a divisé, suscitant des réactions diamétralement opposées, allant de l’enthousiasme inconditionnel (cf. la critique élogieuse de notre rédacteur en chef) au désintérêt le plus complet.

Le Festival Filmar en América latina a choisi de projeter ce film lors de la cérémonie d’ouverture à l’Auditorium Arditi avec la présence annoncée du réalisateur. Malheureusement pour les festivaliers, le réalisateur paraguayen a annulé sa venue. Le festival Filmar sera donc l’occasion pour les spectateurs genevois de se faire leur propre opinion.

Sortie en Suisse romande le 13 février 2019.

Firouz E. Pillet

www.filmaramlat.ch

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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