Hellas Filmbox Berlin – Un nouveau festival dans la capitale allemande!
On peine à dénombrer le nombres de festivals que compte la ville européenne la plus prisée du moment. Et voilà qu’un nouveau festival voit le jour: le Hellas Filmbox Berlin, initié par l’association culturelle germano-grecque (Deutsch-Griechische Kulturassoziation e.V.) nouvellement créée en avril 2015. Et quelle bonne idée! En effet, depuis 5 ans les tensions, malentendus et préjugés se sont multipliés dans les sphères institutionnelles comme dans celles de la société entre les deux pays.
Le cinéma, langage universel
Quelle industrie culturelle est le plus à même de nos jours à créer des ponts, ouvrir des horizons, mettre en lumière les spécificités, placer d’autres points de vue, proposer de nouvelles perspectives, offrir de nouveaux regards, montrer les différences, provoquer des émotions – quelles soient positives ou négatives, si ce n’est le cinéma? Dans cette idée, le Hellas Filmbox Berlin tombe à pic. C’est d’ailleurs ainsi qu’Asteris Kutulas, le fondateur de l’association et directeur du festival, définit l’objet de ce festival: « Il s’agit de révéler les contradictions internes et les conflits externes de la Grèce qui ont conduit à la situation catastrophique actuelle, et en même temps de mettre en évidence les points de rupture entre la Grèce, l’Allemagne et l’UE qui ont surgi à la suite de cette crise. » Du côté grec, le ressenti d’injustice dans le traitement de l’information produit par les médias allemands à l’encontre de la Grèce est grand. C’est ce que dénonce Asteris Kutulas lorsqu’il martèle à la conférence de presse à Berlin le 8 décembre 2015: « Nous voulons donner un aperçu de la situation actuelle de la Grèce, de sa population, de ses conflits intérieurs et de ses secrets. Regarder ce pays à travers les yeux de ses cinéastes devrait offrir au public allemand une expérience claire, directe et honnête de la situation, ce qui est presque impossible à avoir à travers les médias allemands durant ces cinq dernières années. Les films grecs ont beaucoup plus à dire sur la crise qui frappe la Grèce que les journaux quotidiens allemands ».
Mais une fois la prise de position clairement énoncée, il s’agit de ne pas s’arrêter sur cette tension mais de la dépasser. C’est pourquoi le directeur du festival poursuit en assurant que le but de cette 1ère édition – qui a vocation à devenir annuelle – est de « débuter un dialogue constructif entre la Grèce et l’Allemagne en mettant en lumière les fissures émotionnelles et politiques entres les deux pays. », en ajoutant que « les films en général ouvrent sur un large spectre d’opinions, ce qui est le meilleur point de départ pour entamer un dialogue. » Entre crise de l’Euro, crise politique, crise des migrants, nous avons effectivement presque oublié que la Grèce est également le berceau de la démocratie et l’un des lieux qui a posé les fondements de la culture européenne
Une programmation à l’image de la vigueur de la création culturelle grecque: riche!
Comme nous le soulignions lors de la Berlinale 2014 à l’occasion de la diffusion du film grec en compétition To mikro psari (Stratos) de Yannis Economides, les crises ont souvent des effets collatéraux inattendus, et dans le domaine de la culture plus particulièrement elles libèrent des énergies assoupies, des ressorts et mécanismes créatifs insoupçonnés apparaissent, de nouveaux espaces de décompression se forment, des soubresauts de lucidité sociétale jaillissent. D’ailleurs en parlant de crise, le réalisateur grec défendait l’idée d’une crise actuelle non pas financière mais de valeurs occidentales… et les deux années qui ont suivi lui ont donné pleinement raison!
Le festival a reçu 300 films et en a sélectionné 71 qui seront présentés dans 4 catégories : long métrage, documentaire, court métrage et « New Vision » ; et pour chacune des catégories il y aura un jury et par conséquent des prix. Un grand effort a été fait du côté de l’association pour toucher un large public, et pas seulement les habitués des festivals, afin de s’inscrire dans l’esprit de création de ponts entre les Allemands et les Grecs. Pour ce faire les organisateurs ont investi dans le sous-titrage des films en allemand, ce qui a été un travail considérable puisque la plupart des films feront à cette occasion leur première en Allemagne. Mais le public non-germanophone de Berlin pourra tout de même y trouver son compte : la section « New Vision » et quelques films des autres sections seront projetés avec des sous-titres anglais.
À côté des films gréco-grecs, le festival fera la part belle aux cinéastes grecs travaillant en Allemagne. De plus, grâce à une coopération avec le Goethe Institut d’Athènes, ces derniers présenteront leurs œuvres en mars pendant quatre jours dans la capitale grecque.
Des manifestations parallèles accompagneront cette programmation, comme par exemple une présentation à travers trois courts métrages du Outview Queer Film Festival d’Athènes, ou la diffusion pendant quatre jours non-stop d’art-vidéo au club de jazz b-flat, où l’on pourra également écouter de la musique grecque.
Hellas Filmbox Berlin, du 21 au 24 janvier 2016 au cinéma Babylon Mitte où l’on peut déjà réserver ses places en ligne ou par téléphone.
Programme détaillé.
Malik Berkati, Berlin
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