La Scène vagabonde est de retour dans le Parc Trembley pour sa troisième édition – Rencontre avec Valentin Rossier (audio)
Pour sa troisième édition, du 6 mai au 3 juillet 2022, le Scène Vagabonde Festival, dans le Parc Trembley, accueille le public pour quatre spectacles qui mettent en relief l’importance du langage sous toutes ses formes. Les spectateurs venus découvrir La Tour vagabonde lors de la première édition auront noté le glissement d’appellation : La Tour vagabonde, théâtre en bois conçu sur le modèle du shakespearien Globe Theater de Londres, se trouve désormais dans le canton de Fribourg.
Du 06 au 21 mai, le premier spectacle de cette édition de la Scène vagabonde propose Pour un oui ou pour un non et Elle est là – Deux pièces en un acte, de Nathalie Sarraute, dans une mise en scène de Valentin Rossier que nous avons rencontré avant le lever de rideau. Valentin Rossier a donc choisi d’ouvrir cette saison de la scène vagabonde en explorant deux œuvres de Nathalie Sarraute, l’une des figures de proue du Nouveau Roman. Dans ces œuvres écrites pour le théâtre, la romancière explore la pensée humaine, tortueuse et mystérieuse, en disséquant le poids et la force du verbe, l’intensité des ellipses et des non-dits, la puissance des silences. Durant une première partie, les comédiens évoluent dans un décor minimaliste, épuré, où trônent deux canapés gris anthracite qui les accueillent ponctuellement pour mieux échanger et faire résonner la charge émotionnelle des mots et de leurs sens.
Tout d’abord Pour un oui ou pour un non, la dernière pièce de Nathalie Sarraute, publiée en 1982. Ce huis-clos, met en scène deux amis proches qui palabrent et remettent en question leur amitié pour une expression maladroite prononcée dans le passé sur une intonation mal interprétée. Au fil des échanges, l’absurdité de la situation fait rire certains spectateurs, laisse d’autres pantois ou songeurs, interrogés par des joutes verbales savoureuses.
Dans une seconde partie, Elle est là, qui date de 1978, se déroule dans une entreprise. Un homme discute avec un ami mais s’aperçoit que sa collaboratrice écoute leur conversation et que, de plus, d’après sa moue, elle n’est pas d’accord avec lui. Il est rapidement persuadé qu’elle lui cache une « idée ». Cette idée, dont on ne saura jamais de quoi il s’agit, devient son obsession maladive qui va le pousser à livrer ses convictions et ses états d’âme à son ami. Voulant à tout prix faire avouer son « idée » à sa collaboratrice, qui déambule derrière de grands panneaux opaques, apparaissant de manière furtive de temps en temps, cet homme adopte des comportements de plus en plus irraisonnés et absurdes, interprété de manière magnifique, drolatique, par Valentin Rossier. En effet, Valentin Rossier, qui signe la mise en scène, se retrouve sur scène aux côtés de Mauro Bellucci, Pierre Banderet et Barbara Tobola. Si la langue de Nathalie Sarraute peut déconcerter d’aucuns, la virtuosité des comédiens la met en valeur de manière jubilatoire.
Valentin Rossier nous a parlé du choix de ces deux pièces, de sa mise en scène, des comédiens qui l’accompagnent et la pérennisation de la Scène vagabonde.
Firouz E. Pillet
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