Le Geneva International Film Festival (GIFF) investit à nouveau Genève du 5 au 14 novembre 2021 pour une 27e édition feu d’artifice !
Le Festival du film de Genève a changé de nombreuses fois de noms et de directeurs.trices mais est toujours resté fidèle à son ambition des débuts incarnée par son concepteur Léo Kaneman qui en 1995 à créé le Festival Cinéma Tout Écran avant de fonder le Festival du film et forum international sur les droits humains de Genève (FIFDH) en 2003. Visionnaire, le scénariste et cinéaste franco-suisse a très vite décelé le potentiel de vecteur culturel que représentent toutes les formes audio-visuelles ainsi que leur support. Pour sa première année en tant que directrice générale et artistique du GIFF, Anaïs Emery prolonge cette vision pionnière :
L’historique frondeur et exploratoire du GIFF constitue à mes yeux sa spécificité la plus intéressante. Je souhaite renforcer cet atout et que le festival devienne un lieu où l’on réécrit la notion de 7e art à l’aune de l’innovation technologique et des changements d’usages.
Pour ce faire, le parc Territoires virtuels envahit Genève avec 40 œuvres immersives et installations interactives sur 600 m2 dédiés à l’exploration de la création numérique contemporaine. Un nouveau programme rétrospectif offre une histoire du petit écran POP TV – The Untold Story of the Small Screen et présente, pour le meilleur et pour le pire, l’influence de la télévision sur notre culture contemporaine. Le festival propose pour son ouverture le 5 novembre la première mondiale de la performance It’s Alive : A Journey into Invisible Cinema de Stephan Eicher. Le palmarès des sections compétitives sera dévoilé le 13 novembre durant la cérémonie de clôture, suivie de la première suisse de À Plein Temps (Eric Gravel, 2021).
Compétition internationale de longs métrages
Une sélection de dix longs métrages qui, selon le comité de sélection, « bousculent les conventions stylistiques et tracent les sillons du cinéma de demain. » Tous présentés en première suisse ou internationale, les films concourent pour le Reflet d’or du meilleur long métrage, doté de 10’000 CHF (offerts par la Ville et le Canton de Genève) décerné par un·e cinéaste de renom aux côtés de quatre étudiant·e·s en cinéma.
Compétition internationale de série
Unique événement en Suisse présentant une compétition internationale (Reflet d’Or de la meilleure série, doté de 10’000 CHF, offerts par la Ville et l’État de Genève) et européenne (European Script Award, doté de 10’000 EUR offerts par l’Alliance européenne pour la télévision et la culture – EATC), la sélection « prend le pouls de la création audiovisuelle la plus dynamique du moment. » Le festival présente sur grand écran le pilote des séries (épisodes 1 & 2 de la saison 1).
En outre, trois séries suisses sont mises en avant: La vie de J.C., créée par ZEP et réalisée par Gary Grenier avec une présentation de l’intégrale dont les six derniers épisodes inédits, en présence de sa distribution lors d’une soirée exceptionnelle. Deux Premières mondiales à l’affiche avec deux pilotes avant diffusion en présence des équipes et du casting: l’adaptation par la réalisatrice Léa Fazer du texte de l’ancienne juge genevoise Nicole Castioni – Sacha – propose une plongée dans un récit librement inspiré de sa vie. Le détonnant Tschugger de David Constantin, tourné entièrement en dialecte Haut-Valaisan, met à l’honneur le thriller et l’humour noir d’Outre-Sarine.
Compétition internationale d’œuvres immersives
Cette sélection pluriformats arpente l’intersection entre narration et technologie au travers d’installations et d’œuvres XR. Programme pionnier en Suisse, les œuvres concourent pour le Reflet d’Or de la meilleure œuvre immersive (doté de 10’000 CHF, offerts par la Ville et l’État de Genève).
Territoires virtuels
Le GIFF poursuit ses explorations de l’avant-garde du numérique au sein des Territoires virtuels. Plus grand parc d’installations immersives d’Europe (600 m2), cet espace unique en Suisse défriche les nouvelles technologies (réalité virtuelle, augmentée et mixte) et propose une expérience unique au public au travers de 40 œuvres inédites. La Maison Communale de Plainpalais, cœur battant de la programmation XR du Festival, se mue, le temps du GIFF, en Maison du Numérique pour tous les publics au travers d’axes et circuits thématiques (Kids corner, Musée VR, Red Corner réservé aux plus de 18 ans). Un parc qui brille aux quatre coins de la Ville de Genève grâce à sa constellation de partenaires : la Comédie de Genève, le Théâtre St-Gervais, la Maison des Arts du Grütli, Les Salons et les Bibliothèques Municipales.
Les grands rendez-vous
Dans cette idée de festival à la fois ouvert à l’international et ancré sur le territoire genevois, le GIFF propose une série d’événements phares et d’avant-premières. La programmation XR présentera de nombreux inédits parmi lesquels les premières mondiales de la nouvelle itération du projet Hors-Cadre dédié à Paul Klee (Martin Charrière, 2021) et l’aventure collaborative genevoise La Légende de Kami (apelab, 2021). Les sorties phares de l’automne seront à découvrir sur grand écran avec trois séries HBO majeures : Scenes from a Marriage (Hagai Levi, 2021) et son duo explosif Oscar Isaac- Jessica Chastain, la renversante production danoise Kamikaze (Johanne Algren, 2021) et l’ambitieux récit d’espionnage hongrois The Informant (Bálint Szentgyörgyi, 2021). Le programme cinéma propose la première internationale du final attendu de la trilogie The Mole Song: Undercover Agent Reiji – Final (Miike Takashi, 2021), et une cascade d’avant-premières nationales dont le brûlot israélien Le Genou d’Ahed de Nadav Lapid, Prix du jury au Festival de Cannes 2021, le bouleversant Nobody Has to Know de Bouli Lanners & Tim Mielants (2021) ou encore l’animation virtuelle Madrid Noir (James. A. Castillo, 2021).
Notons également la nouvelle section Sight & Sound, consacrée aux performances artistiques liant son et image, données par des artistes pionnier·ère·s de la scène et des arts visuels. Deux fabuleux spectacles au programme: la création de Stephan Eicher It’s Alive: A Journey into Invisible Cinema en ouverture de la 27e édition du festival et la performance live Kwai Shing West Estate de Pascal Greco & Lea Bertucci, présentée en collaboration avec le Mapping Festival. Ce dernier propose un film-portrait qui rend hommage aux aux architectures si atypiques de Hong Kong que sont ces logements sociaux – en particulier Kwai Shing West Estate – et à ses rues, ainsi qu’à la solitude éprouvée dans ces complexes où vit environ la moitié de la population. Le réalisateur précise sa démarche :
Entre mars 2019 et janvier 2020, ces rues furent le terrain de manifestations. Elles furent portées par les black protesters, principalement des jeunes, qui défendaient leurs droits à la démocratie à Hong Kong. Sur une population totale de 7,4 millions d’habitants, deux millions de manifestants sont descendus dans la rue, un dimanche de juin 2019. La rencontre des sons et des images qui s’inspirent et détonnent, suscite une expérience immersive sensible. Le son capté sur place a été modifié et travaillé pour devenir un matériau sonore brut, à l’image de ces lieux où le béton est omniprésent. C’est le théâtre d’un cadre de vie et ce fut celui de la contestation, qui est maintenant passible de la prison à vie à Hong Kong depuis une loi en vigueur au 1er juillet 2020.
La compositrice et musicienne new-yorkaise Lea Bertucci, qui a composé la bande originale du film, viendra la jouer en live lors de la projection.
Deux prix honorifiques seront décernés lors de cette 27e édition. Le Geneva Award récompensant un·e artiste à la carrière inspirante sera décerné au réalisateur italien Luca Guadagnino (Call Me By Your Name, We Are Who We Are) pour « son œuvre inclusive et racée ».
Le prix Film & Beyond, qui récompense le travail d’un·e artiste pluridisciplinaire, sera remis au bédéaste, scénariste et réalisateur Riad Sattouf (Les Cahiers d’Esther, Les Beaux Gosses) lors d’une masterclass et séance de dédicace.
Tales of Swiss Innovation, nouvelle section mettant en lumière le parcours d’une personnalité suisse ayant contribué à l’avancée de la branche audiovisuelle, s’intéressera à Sabine Süsstrunk, professeure à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), qui présentera une conférence sur les aptitudes et limites de l’intelligence artificielle.
De nombreux invité·e·s viendront présenter leurs projets et échanger avec le public : le réalisateur Jean-Gabriel Périot aux côtés de la narratrice de son film Adèle Haenel pour Retour à Reims (Fragments), Radu Jude, Ours d’or de la Berlinale 2021 pour Bad Luck Banging or Loony Porn, Udo Kier (Swan Song), Jakob Kudsk Steensen (Liminal Lands), Valdimar Jóhannsson (Lamb), Shirin Neshat (Land of Dreams), ou l’acteur allemand aux multiples visages allant des films d’auteurs de Fassbinder à Lars von Trier à ses mythique rôles de vampires.
Voici une sélection des films proposés déjà vus par j :mag dans l’année des festivals écoulée :
Bad Luck Banging or Loony Porn de Radu Jude, Ours d’or Berlinale 2021.
El gran movimiento (The Great Movement) de Kiro Russo, Prix Orizzonti du meilleur film Mostra de Venise 2021.
La Mif de Fred Baillif, Prix du Meilleur film Generation 14plus Berlinale 2021 et Prix oeucuménique au Zurich Film Festival 2021.
Medusa d’Anita Rocha da Silveira, Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2021.
Retour à Reims (Fragments) de Jean-Gabriel Périot, Quinzaine des Réalisateurs Cannes 2021.
Lamb (Dýrið ) de Valdimar Jóhannsson, Un certain regard Cannes 2021 et Zurich Film Festival 2021.
À plein temps d’Eric Gravel, Orizzonti Mostra de Venise 2021.
Olga d’Elie Grappe, Semaine de la Critique Cannes 2021 (Prix SACD); le film représente la Suisse aux Oscars 2022.
Belle: Ryū to sobakasu no hime (Belle : Le dragon et les princes aux taches de rousseur) de Mamoru Hosoda, Piazza Grande Locarno 2021.
Malik Berkati
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