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Locarno 2023 : Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli signent leur troisième song métrage, Nina et le secret du hérisson, un doux mélange entre film policier, thriller, enquête et conte fantastique

Présenté en avant-première au Festival du film d’animation d’Annecy, huit ans après leur dernier film, Nina et le secret du hérisson se retrouve proposé dans la section Locarno Kids de la 76ème édition du Festival de Locarno.

Nina et le secret du hérisson d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli
Image courtoisie Festival du film de Locarno

Le duo que forment Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli avait déjà signé ensemble Une vie de chat (2010) et Phantom Boy (2015). Pour leur troisième long métrage d’animation, le tandem nous entraîne auprès d’une fillette d’une dizaine d’années, Nina (Loan Longchamp), qui aime écouter les histoires que lui raconte son père, Vincent (Guillaume Canet) pour s’endormir, celles d’un hérisson qui découvre le monde. Un soir, son père, préoccupé par son travail, renonce à lui conter une nouvelle aventure…

La maman de Nina, Camille (Audrey Tautou), lui explique que son papa a des soucis. Dans l’univers que dépeignent Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, les adultes ont leurs faiblesses et leurs défauts, une caractéristique que le scénariste et romancier Alain Gagnol revendique pour être au plus proche des situations que les enfants traversent et auxquelles ils peuvent s’identifier. Mais les adultes, malgré leurs failles, sont toujours bienveillants, comme l’ami et collègue de Vincent, Gustavo (Hugues Boucher). Bien évidemment, il y a un personnage plus inquiétant, bête et méchant (sinon, il n’y aura pas le suspense du thriller !), Lupin (Patrick Ridremont) qui exécute les ordres de l’ancien directeur incarcéré et qui a dressé son chien pour garder jalousement l’usine désaffectée. Étrange …

Heureusement pour Nina, surprise et déçue de ne pas avoir son habituelle histoire, son meilleur ami, Mehdi (Keanu Peyran), est présent pour l’aider à trouver une solution… Et si le trésor caché dans la vieille usine pouvait résoudre tous leurs problèmes ? D’ailleurs, un jour, son père y a trouvé un hérisson (Guillaume Bats) esseulé et égaré et l’a ramené dans les herbes folles de la forêt avoisinante.

Commence alors pour les deux jeunes enfants fougueux et aventuriers une grande aventure où il faut échapper à la vieille voisine, Madame Kovacs (Julie Carli), et à son chat Touffu, déjouer les pièges du gardien et embobiner son immense chien effrayant, feinter pour échapper à la surveillance du grand frère de Mehdi, Sami (Saabo Balde) … Sans oublier le petit hérisson qui mène l’enquête à leurs côtés ! Et ce petit hérisson astucieux pourrait bien leur souffler quelques idées de génie. À moins qu’il ne s’agisse la conscience de Nina ?

Le romancier Alain Gagnol, qui œuvre ici comme scénariste, et Jean-Loup Felicioli, qui crée l’univers graphique, parviennent à mêler harmonieusement les genres – film policier, histoire d’amour, onirisme, thriller – par le biais de cette période de passage de l’enfance à l’adolescence.

Ce fameux hérisson du titre, rapidement énigmatique, semble à la fois le guide, le conseiller, l’oreille attentive qui recueille les chagrins, les confidences et prodigue ses conseils. Au début du récit, d’abord érigé comme un animal égaré dans une usine, le public imagine qu’il s’agit là du héros de ce film. Avec malice, les réalisateurs nous le laissent croire mais rapidement, le récit prend une autre tournure et les enfants deviennent acteurs, responsabilisés, pleinement conscientisés, aux antipodes de bien des films d’animation qui ne leur octroie qu’une place passive d’observateurs.

Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli travaillent à quatre mains depuis 1995, mais ce dernier film a demandé tellement d’investissement à Jean-Loup Felicioli qu’il n’a pas pu venir à Locarno.

Dans les jardins qui jouxtent la Magistrale, Alain Gagnol a parlé de leur travail commun, de leur émulation symbiotique, du choix des comédiennes et comédiens pour prêter leur voix aux personnages, de leur attachement à l’artisanat, malgré leur transition, réussie et maîtrisée, vers le numérique. Rencontre.

 

Firouz E. Pillet, Locarno

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Firouz Pillet

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