Lucarne sur le cinéma indépendant coréen au Kino Babylon- Mitte de Berlin
La Corée du Sud est traditionnellement une terre cinématographique très productive. Pendant longtemps la majorité des films était destinés au marché local, mais quelques fers de lance tels que Kim Ki-duk (récipiendaire de prix dans les 4 festivals européens majeurs, auteur entre autre du fameux Printemps, été, automne, hiver… et printemps), Park Chan-wook (succès critique et public pour son dernier film Mademoiselle présenté à Cannes en 2016), Ryoo Seung-wan (son dernier film, Battleship Island, a fait près de 6 millions d’entrées cet été en Corée du sud et vendu dans 113 pays lors des Festival de Berlin et Cannes 2017), Bong Joon-ho (cette année avec Okja à Cannes), ou le très prolifique Hong Sangsoo (présent cette année à la Berlinale, avec On the Beach at Night Alone et à la clef l’Ours d’argent de la meilleure actrice pour Kim Minhee, et à Cannes avec Le jour d’après et La caméra de Claire) ont permis de passer à l’international principalement (avec succès) par les festivals pour accéder à un large public adepte de films d’auteurs et de genre – le plus grand succès de cette dernière année à cet égard étant probablement Le dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho présenté pour la première fois à la séance de minuit du festival de Cannes 2016, film de zombies acclamé et par la critique et le public.
Depuis une dizaine d’années, le cinéma coréen voit émerger un cinéma plus indépendant, avènement qui correspond à un changement de politique économico-culturelle, imposé en 2006 par les États-Unis dans le cadre d’un accord général de libre-échange : alors qu’auparavant un quota obligeait les salles coréennes à diffuser 146 jours par an des films nationaux, le quota est tombé à 73 jours. Dans un premier temps, la production sud-coréenne a drastiquement été réduite, mais comme souvent dans le domaine de la culture quand il est en crise, de nouvelles idées et créativités ont émergé avec une nouvelle génération de créateurs.
Le cinéma Babylon-Mitte de Berlin projette 8 de ces films indépendants (4 films de fiction, 4 documentaires) du 20 au 27 septembre 2017, tous sous-titrés en anglais.
Steel Flower
Film d’ouverture de ce mini-festival, Steel Flower fait partie de la trilogie des fleurs du réalisateur, entre Wild Flowers (2014) et Ash Flower (2017). On peut d’ailleurs regretter que la programmation ne donne pas l’occasion de voir la trilogie dans son ensemble.
Dans ce film, on suit une jeune fille dans les rues interlopes de Busan (au demeurant plus connue pour son côté balnéaire et festivalier), ville où elle arrive avec sa valise à roulettes et dans laquelle elle essaie de survivre. L’histoire se résume à cela mais pas le film ! Il n’y a pas d’éléments biographiques quant à la vie de la protagoniste ni d’explication sur son arrivée dans cette ville. C’est ici peut-être que s’ajustent le titre du film et l’image à laquelle il renvoie : une fleur hors sol et chahutée par les éléments qui résiste contre et vents et marées, s’accroche et finit par trouver en elle-même la force de s’enraciner à la vie.
Ha-dam (c’est le prénom de l’actrice, formellement on n’apprend jamais le nom du personnage) est plantée dans la dureté du bitume urbain où elle use ses baskets qui se décollent à chercher un abri et quelque chose à manger. Opiniâtre, elle résiste toujours et encore à l’adversité, elle avance, recollant sans cesse sa chaussure, on ne sait pas très bien dans quel but – le sait-elle elle-même ? – mais elle avance, au jour le jour, ou plus précisément dans les ombres de ses nuits. Elle finit, tel Jakob luttant contre l’ange, par boiter. Mais elle n’abandonne pas. Attirée par une école de danse de claquettes, elle épie le cours du soir et reproduit dans la rue le son et les pas du cours. Sa course se fait plus légère, sautillante, elle semble se réanimer.
Dans ce film, l’équilibre des rapports humains est mesuré : alors que dans d’autres cinémas Ha-dam serait la proie d’innommables prédateurs ou, au contraire, prise en charge par des bienfaiteurs de contes de fées, ici l’on reste plus proche de la réalité, celle des comportements triviaux interpersonnels, des petits actes quotidiens, qu’ils fassent partie du domaine de la bienveillance, de la tromperie, de la lâcheté ou de la jalousie. Le danger existe, mais l’entraide également et tout est jaugé à l’instinct de la protagoniste et du spectateur : entre les deux – danger et entraide – il y a la masse qui se nomme l’indifférence et fait que nombre de personnes se déplacent comme des fantômes parmi la foule des gens.
La course éperdue de la jeune femme nous entraîne dans la zone d’intersection prolétariat-lumpenprolétariat des sociétés et villes post-modernes structurée autour des métiers et locaux qui donnent sur la rue où rien ne pousse plus que des déchets. Peu de dialogues entre les gens, plutôt des cris, des injonctions, des incitations… tout est lutte, que ce soit entre les individus ou pour attirer le chaland ici ou là. Le son que l’on associe à Ha-dam est celle des roulettes de sa valise qu’elle tire frénétiquement au début du film. Elle ne parle que lorsque cela est absolument nécessaire, c’est-à-dire rarement. Elle ne répond pas, elle ne demande pas, elle prend subrepticement un peu de nourriture non terminée, elle impose sa présence pour glaner un peu de travail ; l’expression du silence est son langage. Et pourtant, c’est dans le bruit fait par les chaussures de claquettes, qu’elle va finir par utiliser même au travail, que son corps reprend vie et que son esprit semble à nouveau respirer. Ses pas résonnent sur le sol de la ville, elle existe donc ! S’entendre marcher, c’est peut-être s’écouter vivre, défier le destin – et cela donne des ailes. Face à l’hostilité de la vie et de ses éléments qui gagne ? La question posée par cette fleur d’acier reste ouverte.
de Park Suk-young; avec Jeong Ha-dam, Kim Tae-hee, An Yu ; République de Corée; 2016 ; 83 minutes.
Worst Woman (Choe-ak-ui Haru)
Cette comédie romantique entre une femme perdue dans une confusion de relations et trois hommes nous entraîne dans une longue balade dans le quartier Seochon de Séoul et le célèbre mont Namsan situé au cœur de la métropole, très prisé pour sa vue panoramique sur la ville.
Une jeune femme, Eun hee (Han Ye-ri), rencontre en une journée un auteur japonais venu présenter son livre traduit en Corée, son petit-ami acteur de série télévisée et son ex-amant. La structure et l’histoire classique de ce film en font un objet cinématographique universel dans lequel chaque spectateur peut se retrouver. Évidemment, ces conflits relationnels et émotionnels courants tendent un peu l’attention du spectateur vers un léger ennui. Mais le réalisateur rattrape habillement cet écueil en provoquant un certain jeu de miroirs entre les langues (Coréen, Japonais, Anglais) et entre les fictions (fiction dans la fiction, réalité dans la fiction) qui retend le fil qui parfois mollit. Entre mensonges, demi-vérités et vérités, tout le monde est un peu bonimenteur que ce soit envers les autres ou envers soi-même et à ce titre, le titre du film est un peu trompeur : cette jeune femme n’est pas la pire femme qui existe mais, comme elle le dit à la fin, c’est plutôt cette journée qui est la pire de sa vie.
de Kim Jong-kwan ; avec Han Ye-ri, Kwon Yul, Lee Hee-joon, Ryo Iwase; République de Corée; 2016 ; 93 minutes.
Lost to Shame (Bunjang)
L’acteur Nam Yeon-woo, qui réalise ici son premier long-métrage – et y joue le rôle principal, met en lumière la difficulté pour un individu – mais cela vaut également collectivement – de mettre en adéquation sa volonté de dépasser les préjugés qu’il peut avoir envers une communauté, ici celle des LGBT, et la réalité de l’ancrage desdits préjugés en soi.
L’acteur-réalisateur fait un parallèle intéressant entre le fait de faire partie de la communauté des artistes et de celle LGBT dans la mesure où les personnes des deux catégories sont en marge de la société et « crèvent du besoin d’être reconnues ». La comparaison a tout de même ses limites ou du moins le terme « crever » est à prendre pour les uns au sens figuré tandis que pour beaucoup d’autres, il reste de nos jours à prendre au sens propre.
Ce premier long-métrage de Nam Yeon-woo (qui a également écrit le scénario) a quelques faiblesses narratives, les événements et le déroulé étant très prévisible. Ce défaut donne paradoxalement une plus-value aux ressorts de l’histoire : le spectateur remarque dès le début certains comportements de l’entourage de Song Jun (Nam Yeon-woo), un acteur inconnu et hétérosexuel devant passer une audition pour le premier rôle dans une pièce de théâtre reprise tous les ans, Dark Life, ayant pour sujet le coming out d’une femme transgenre. Dans sa préparation pour ce rôle, Song Jun se montre très ouvert, curieux et empathique et se lie d’amitié avec un groupe LGBT. Persuadé de comprendre les minorités sexuelles, il se lance dans le rôle corps et âme, n’hésite pas, face à un ami hostile, à prendre la défense de ces minorités et devient en quelque sorte l’incarnation publique de la tolérance. Cependant Song Jun est aveugle à ce qui est évident pour le public bien aidé en cela par les indices narratifs stéréotypés, mais qu’importe, car un autre espace de lecture s’ouvre pour celui qui suit les réactions du jeune acteur quand il va découvrir l’homosexualité de personnes qui lui sont proches : la différence du niveau d’acceptation selon que les choses concernent des inconnus ou des proches, une tolérance de principe générale et indifférenciée versus une tolérance ancrée dans la pratique quotidienne. De là à voir dans l’histoire de Song Jun écartelé entre fiction et réalité une allégorie de la facticité intrinsèque du terme de « tolérance », il n’y a qu’un pas.
En cela, le film renvoie tout un chacun, dans toutes les cultures de ce monde, au sujet de toutes sortes de différences, face à ses propres contradictions, peurs, préjugés, face à sa propre ouverture d’esprit et part d’ombre. Cette structure classique de film-miroir qui imbrique théâtre et cinéma est certes un peu scolaire mais réussit très bien à faire émerger un peu de « vraie vie » dans la fiction et surtout ne tombe pas dans le piège de la moralisation – la fin est laissée ouverte sur la propre attitude du spectateur qui ne sort pas sans quelques réflexions sur lui-même de la salle de cinéma.
De Nam Yeon-woo; avec Nam Yeon-woo, Ahn Sungmin, Hong Jeongho; République de Corée; 2017; 103 minutes.
Our Love Story (Yeon-e-Dam)
Une histoire d’amour entre deux femmes, avec une composante initiatique pour l’une d’entre elle, Yun-Joo, diplômée en art pour qui c’est la première relation, et Ji-soo qui travaille dans un bar, est plus jeune mais plus expérimentée dans les choses de l’amour. Même si tôt ou tard la difficulté sociale d’être un couple de même sexe apparaît, cet aspect n’oblitère pas du tout la trame du film qui reste avant tout celle du développement d’une rencontre entre deux individus, des passions et obstacles qui accompagnent le chemin des histoires d’amour.
Pour les adeptes des drames romantiques classiques, avec tout de même une particularité est-asiatique – de nombreuses scènes de repas, que ce soit seul ou à plusieurs, qui ajoutent au subtil rendu d’observation du quotidien dont les détails font l’histoire plutôt que les événements.
De Lee Hyun-ju; avec Lee Sang-hee, Ryu Sun-young, Park Keun-rok; République de Corée; 22016; 99 minutes.
Sound of Nomad: Koryo Arirang (Koryo Arirang: Cheonsan-ui Diba)
Si l’on connaît, du moins superficiellement, les conflits et tragédies qui ont émaillés l’histoire coréenne avec ses voisins Japonais, Chinois et bien sûr entre Coréens, l’histoire du côté russe est moins connue.
Ce documentaire retrace le destin tragique d’une ethnie de Coréens de l’ancienne Union soviétique, principalement basée à Vladivostok, les Koryo-in. En 1937, sur ordre de Staline qui les considéraient comme de potentiels espions pour les Japonais, ils ont été déplacés de force au Kazakhstan et en Ouzbékistan, déplacement pendant lequel nombre d’entre eux ont trouvé la mort. Les artistes arrivés au Kazakhstan ont dès lors créé un théâtre, le Koryo-Théâtre afin de produire des spectacles maintenant le lien avec la langue koryo (les générations suivant la première ne parle pas ou peu la langue d’origine), et la mémoire culturelle et historique douloureuse de ce peuple qui se poursuit jusqu’à nos jours.
Le film s’attache à deux personnalités historiques du théâtre, sa figure de proue, la très belle et talentueuse Lee Ham-deok (1914-2002), véritable star au niveau soviétique, et l’une de ses disciples, la chanteuse Bang Tamara. L’imbrication entre la vitalité et longévité de ce théâtre et les générations descendantes des Koryo de Vladivostok permet à la réalisatrice de raconter un pan d’histoire méconnue et tragique. Le documentaire, un peu long et déséquilibré dans la longueur de certaines scènes avec des protagonistes qui n’apportent pas de plus-value à l’histoire générale, reste historiquement très intéressant et ravira ceux qui aiment les chansons tristes et nostalgiques chantées avec grâce et dignité.
De Kim So-young; avec Bang Tamara, Lee Ham-deok; République de Corée ; 2017; 87 minutes.
A Crybaby Boxing Club (Ulbo Kwontubu)
Au contraire des Koryo d’Union soviétique, les Coréens qui ont été forcés (par déportation ou de leur propre chef pour fuir la pauvreté) de s’installer au Japon ont toujours gardé un lien très fort avec leur langue d’origine. L’autre différence essentielle réside dans le faire que les Coréens-russes ont très vite été intégrés dans la société soviétique et les lieux où ils se sont établis, alors que la majorité des Coréens-japonais sont restés à travers les générations de nationalité coréenne, les Japonais n’encourageant pas – pour employer un euphémisme – la naturalisation, les Coréens-japonais cultivant de leur côté un fort sentiment d’appartenance culturelle et de patriotisme. Le nombre de Coréens-japonais est estimé à environ 600’000, 1 million si on compte ceux qui sont naturalisés. Le plus étonnant est de voir des jeunes de la 5è génération nourrir leur identité coréenne hors sol comme s’ils venaient d’arriver. Enfin étonnant… pas vraiment quand l’on voit les premières images du documentaire qui montre une manifestation de nationalistes Japonais contre l’existence d’écoles coréennes au Japon avec des slogans et insultes dignes de l’internationale néo-nazie…
C’est donc dans une de ces écoles coréennes, les Joseon-Schools, que nous entraîne le réalisateur E Il-ha, et plus précisément dans son club de boxe, métaphore brutale mais idéale de la lutte contre la discrimination que ces jeunes Coréens-japonais ressentent au quotidien. Nous suivons donc l’entraînement acharné, rude et rigoureux d’un groupe de jeunes en dernière année de collège; à travers eux, l’histoire de leur famille et la réalité de leur présent se dessine. Très rapidement, on se rend compte que d’être dans cette école, et qui plus est faire partie de l’équipe de boxe, participer à des compétitions et gagner contre des Japonais porte une dimension de revanche. « Faire au mieux là où on est, c’est notre devoir en tant que Coréens-japonais, c’est là que se situent nos racines » dit l’un des jeunes. Un autre se plaint de n’être reconnu nulle part, ni en Corée du nord, ni celle du sud, ni au Japon ; l’école comme sa famille lui donne cette identité recherchée. Ce qui frappe, c’est le nombre des enfants qui ont choisi eux-mêmes de faire leurs études dans cette école, malgré l’inconvénient de devoir passer des examens pour entrer à l’université plus tard, ce qui amène certains parents à recommander à leurs enfants de finir leur scolarité dans une école japonaise. Mais les blessures sont trop importantes pour certains d’entre eux qui ont souffert à l’école primaire de leurs origines. À cet égard, le ring – lieu de clash des cultures et des fiertés – est pour eux l’occasion de forcer le respect par les poings.
Même si cela participe du lieu commun, il n’en reste pas moins que le sport, qui plus est de haut niveau, n’est pas seulement une école de performances à atteindre mais également une école de vie, d’éthique et de transmission de valeurs. Le club de boxe demande beaucoup d’abnégation, de sacrifices, de discipline, d’obéissance et respect dus à l’entraîneur, aux alumnis, aux élèves de dernières années. Il existe également une très grande pression sur ces jeunes, une pression inhérente à la culture éducative d’Asie de l’est, aux attentes des proches et à celle que les jeunes s’imposent eux-mêmes, puisqu’ils semblent presque être en mission dans ce club. Ceci est particulièrement visible à la fin des matchs, où on les voit pleurer de rage s’ils ont perdu ou, s’ils ont gagné, envahit de larmes et sanglots cathartiques.
Un documentaire passionnant sous plusieurs aspects avec des protagonistes très attachants. Maintenant qu’ils sont diplômés, on aimerait les suivre dans leur parcours hors de l’école, dans leur vie de jeune adulte Coréen-japonais qui débute…
de E Il-ha; avec Kim Sang-soo, Kang Yoo-sam, Beak Won-ho; République de Corée; 2015; 86 minutes.
Bamseom Pirates Seoul Inferno (Bamseom Haejeokdan Seoul Bulbada)
Ce documentaire ressemble à une œuvre militante – dans le sens ou le réalisateur semble prendre parti pour ses sujets – qui raconte l’histoire d’un duo punk de grindcore, les Bamseom Pirates, et dont le producteur, Park Jung-geun, a été arrêté en 2012 par les autorités sud-coréennes pour atteinte à la sécurité nationale après avoir retweeté des messages d’un compte nord-coréen.
Le groupe formé du bassiste Sung-gun et du batteur Yong-man se sont connus au collège et dès leurs débuts ont éveillés l’ attention avec des paroles non dénuées de provocation et de parfum de scandale comme All hail Kim Jong-il , titre qui les a rendu célèbres et propulsés comme le groupe le plus controversé de la scène coréenne. Depuis, ils n’ont eu de cesse d’aborder les absurdités générées par la société sud-coréenne, maniant le sarcasme et l’ironie comme arme de provocation envers les instances et structures de pouvoir.
Même si le film suit un schéma conventionnel de documentation qui empêche de plonger entièrement dans l’univers du duo, cette structure permet au réalisateur de contextualiser la société dans laquelle ils se meuvent avec des incises d’archives télévisées, ce qui n’est pas inutile, du moins pour un public occidental peu familier de l’histoire socio-culturelle coréenne.
De Jung Yoon-suk; avec Park Jung-geun, Jang Sung-gun, Kwon Yong-man; République de Corée; 2017;120 minutes.
Breathing Underwater (Mulsum)
Pour faire ce documentaire sur les légendaires femmes plongeuses, en apnée jusqu’à 20 mètre de profondeur, des îles de Udo et Jeju au sud de la péninsule coréenne, la réalisatrice Koh Hee-young (originaire de l’île de Jeju) a passé 7 ans à observer les Haenyo (littéralement : femmes de la mer) et à filmer leur quotidien qui, depuis le 1er décembre 2016, est inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité par l’UNESCO. Cette approche de la réalisatrice nous fait entrer au plus près de la routine de ces plongeuses et de ce qui les anime à perpétuer cette activité certes ancestrale mais dont la dangerosité couvre cet anachronisme d’un voile quelque peu mystique.
Avant même d’apprendre à parler, les petites filles apprennent le Muljil, le nom donné à leur activité de pêche de crustacés, qui ne tient qu’à un fil, celui de leur souffle. Cette tradition qui se transmet de mère en fille et de belles-mères en belles-filles date du 6è siècle mais la structure matriarcale (les Haenyo sont cheffes de famille) de ces îles tend à disparaître, les filles des Haenyo, d’un côté, hésitant de plus en plus à reprendre le flambeau d’un métier éprouvant et dangereux, et d’un autre, les opportunités de travail pour les hommes s’accroissant grâce au tourisme.
de Koh Hee-young; République de Corée; 2016; 81 minutes.
Malik Berkati
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