Mostra 2017: Présenté hors compétition, Il colore nascosto delle cose est le dixième film de Silvio Soldini
Lui, c’est Teo (Adriano Giannini), un publicitaire bellâtre, charmant et fougueux qui vit au jour le jour, fuyant toute responsabilité et stabilité, dévalant les rues de Rome avec sa moto; Teo a perdu contact avec la famille, a une petite amie officielle, Greta, et une maîtresse pocntuelle, un travail qu’il aime et l’amène à être toujours en contact avec son monde. Elle, c’est Emma (Valeria Golino), est une femme aveugle, séparée de son mari; autonome, Emma est ostéopathe, déterminée et responsable, a de nombreux amis et aide une adolescente non voyante à faire de son handicap une force grâce au pouvoir de l’imagination.
Teo et quelques amis ont décidé de tenter l’expérience du «Dialogue dans l’obscurité» (proposés à Rome et Milan) où ils sont guidés par une personne qui ne les voit pas, sur un chemin totalement dépourvu de source lumineuse, se fiant aux autres quatre sens. C’est là que Teo rencontre Emma, son guide ce jour-là, pour la première fois. Ils se revoient et commencent à se connaître et à tomber amoureux. Teo et Emma apprennent que la vie est faite à la fois de la légèreté et de la responsabilité, de la sensibilité et de la force. Choix. Ce chemin initiatique sera pour chacun l’occasion de tester leur maturité: Teo choisira-t-il de «ralentir» son rythme frénétique pour vivre un sentiment pur et authentique ? Emma choisira-t-elle de faire confiance à quelqu’un pour la première fois?
Après le documentaire Per altri occhi – avventure quotidiane di un manipolo di ciechi (2013), Silvio Soldini poursuit son exploration du monde des aveugles. Le film suit cette histoire d’amour entre un homme égocentrique et une femme aveugle, habituée à être à l’écoute des autres.
Le réalisateur milanais offre un rôle magnifique à Valeria Golino qui diffuse un éclat de vitalité, de joie et de force. L’histoire d’amour à la fois forte et tendre, entre Emma et Teo est dépeinte à travers une expression narrative qui évite tous sentiments de compassion et de pitié envers les personnes aveugles et qui évite tout cliché dans la représentation de cet univers. Le personnage d’Emma veut tout simplement croquer la vie à pleine dents comme souvent chez Soldini; on songe à ses personnages dans Pane e Tulipani, Giorni et Nuvole.
Soldini réussit un portrait de femme à travers cette histoire de maturation et de sensibilisation à l’altérité, l’histoire d’une femme forte, mature et autonome. Une vraie femme qui a choisi de vivre la vie avec une plus grande conscience, ayant une grande sensibilité. Le film est porté par Valeria Golino qui montre une sensibilité désarmante et suscite une forte empathie tout au lin du film.
Le réalisateur est attentif au quotidien et au détail des sensations des protagonistes. Il apporte encore plus aux personnages avec des détails supplémentaires et avec un accent plus important sur des parties du corps ou des détails visuels. L’impact fort sur les spectateurs est la scène initiale dans l’obscurité, où nous rencontrons les deux protagonistes uniquement par leur voix.
Silvio Soldini a écrit avec ses collègues de longue date, Doriana Leondeff et Davide Lantieri, un film qui oscille entre la comédie et le drame, avec des indices hilarants et dramatiques qui alternent dans un équilibre judicieux. Valeria Golino et Adriano Giannini jouent à nouveau ensemble après Per Amor Vostro et nous offrent d’excellentes performances. Valeria Golino fait preuve d’une sensibilité désarmante et une forte empathie; d’abord face à elle puis, progressivement, à ses côtés, Giannini parvient à donner une humanité à son personnage initialement détestable. Le tandem fonctionne parfaitement, dirigé avec finesse et subtilité par Silvio Soldini.
Firouz E. Pillet de la Mostra 2017, Lido
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