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Mostra 2020 : 50 (o dos ballenas se encuentran en la playa)  (50 ou deux baleines sont sur la plage), de Jorge Cuchí

Le Mexicain Jorge Cuchí concourt en compétition avec son premier long-métrage 50 ou deux baleines se rencontrent sur la plage lors de la 35ème édition de la Semaine de la critique de Venise, une section autonome et parallèle du célèbre Festival du film.

Interprété, entre autres, par José Antonio Toledado et Karla Coronado, le film raconte

la course à la destruction de deux adolescents piégés dans un tourbillon de désespoir, d’ennui et de nihilisme», une histoire sentimentale «glaçante», «noire» et «lyrique»

comme le souligne comme le décrit le délégué général de la Semaine, Giona A. Nazzaro.

— José Antonio Toledado et Karla Coronado – 50 (o dos ballenas se encuentran en la playa) de Jorge Cuchí
Image courtoisie Venice International Film Critics’ Week

Félix, un jeune homme de dix-sept ans, reçoit une invitation à rejoindre le «Le défi de la balleine bleue», un «jeu» suicidaire devenu viral il y a quelques années sur internet, dans lequel il finira par rencontrer Elisa, avec qui il entreprend ce déchirant et déconcertant itinéraire vers la mort. Tout a commencé par : « Veux-tu jouer à la Baleine bleue ? », une simple question, porte d’entrée vers une spirele funeste et macabre.

Sélectionné pour participer à la 35ème édition de la Semaine internationale de la critique à Venise., organisée par l’Union des critiques de films italiens, Jorge Cuchí, publiciste de profession, concourt avec son premier long métrage pour le Grand Prix ou le Lion du Futur à la Semaine de la Critique, entre autres récompenses.

D’origine portoricaine, Cuchí est arrivé au Mexique à l’âge de dix-huit ans. Pendant vingt-cinq ans, il a été publiciste, Dans son activité, il a eu l’occasion de participer à la production de différentes publicités. Ainsi, le cinéaste a appris les aspects techniques de la création de créations audiovisuelles.

A plus de cinquante ans, Jorge Cuchi a décidé de quitter la publicité pour essayer d’écrire un scénario. Son film est né d’un défi dont on parlait il y a quelques années dans les journaux et sur Internet : le défi de la baleine bleue. En enquêtant sur le jeu qui semblait être une « légende urbaine » dans les nouvelles en 2017, Cuchí a le point d’ancrage de son film : «avoir un rendez-vous avec une autre baleine bleue».

Cuchí a choisi de réaliser de bout en bout son film dès l’écriture du scénario jusqu’à la réalisation et le montage car il estime que « faire des films est un processus complet ».

D’abord en écran unique, le film se divise en « split-screen » : d’un côté, une jeune fille qui fait du hula hoop puis mange du poulet avec les doigts à ta table familiale; de l’autre, un jeune homme, au crâne rasé, monte les escaliers pour renter chez lui puis se connecte à internet dans sa chambre.

La jeune fille sort de table mais son père, hors champ, lui dit de se rasseoir, sa mère prend sa défense. De son côté, le jeune homme lui a adressé un message, il fume en attendant sa réponse. Il lui a proposé de relever un défi après avoir parcouru des sites qui exposent de multiples défis. D’abord, elle lui répond de trouver trouver quelqu’un d’autre.

Les deux adolescents finissent pas se retrouver dans une patinoire. Ils commencent à se prendre en photo avec leur téléphones respectifs puis elle l’invite à aller patiner. Il n’a jamais patiné mais elle lui propose de lui apprendre. Ils partagent ensuite une pizza en se demandant si « l’administrateur » est en train de les observer.

Le film prend alors un ton glaçant alors que les deux jeunes se demandent comment il vont tuer tout en s’avouant qu’ils n’y ont pas encore réfléchi. Instantanément, on songe au terrifiant jeu de rôles – Nettoyer la race – de deux adolescents néo-nazis qui avait terrorisé l’Espagne en 1994 en conduisant à un crime gratuit.

Puis, les deux adolescents s’interrogent sur le fait que le meilleur intervenant doit tuer ses proches et se suicider. L’angoisse monte de palier en palier. Quand Felix lui avoue qu’il veut mourir parce qu’il se sent triste, elle lui assène que « Felix » signifie heureux. Les deux adolescents décident de se revoir et échangent leurs numéros fixes afin d’éviter que l’administrateur sachent qu’ils communiquent.

Régulièrement, le split-screen revient et permet de suivre Felix et Elisa dans leur foyer respectif. Felix fait des recherches sur sa nouvelle amie, Elisa mais aussi sur les défis relévés qui semblent de plus en plus nombreux sur internet. L’écran consacré à Felix le montre tenant avec une pince une abeille qui se débat puis la livrant à l’une de ses plantes carnivores, tout ceci avec un visage impassible.

Puis la caméra de Jorge Cuchi les suit dans des auditoires universitaires. mais, soudain, interrompant le cours, un membre de la direction vient chercher Elisa de la Torre pour lui demander un prélèvement d’urine; comme elle a manqué les cours la veille, la direction redoute qu’elle se drogue. De son côté, Felix Martinez est interrogé au tableau.

La séquence fait monter la tension d’un cran : Felix appelle Elisa : chacun d’eux a reçu son défi : se jeter d’une terrasse. Les deux jeunes se proposent de le faire ensemble. Oswaldo, le beau-père d’Elisa, la questionne mais la jeune fille quitte aussitôt la maison.

Face aux attitudes déconcertantes de Felix et Elisa, leurs parents, presque toujours hors champ, les interrogent et cherchent à comprendre ce qui se passe. Jorge Cuchi poursuit l’inéluctable odyssée de Felix et Elisa en cherchant à, relatevement, nous menacer comme, par exemple, quand Elisa se scarifie le corps dans la baignoire.

Ponctuellement, un écran noir sur lequel apparaît le défi suivant jalonne le récit. La gradation des défis laisse perplexe : si Elisa doit se raser les sourcils, Felix doit se procurer un pistolet et tirer sur « quelque chose » en filmant la scène.

Au fil des scènes qui s’intensifient dans l’horreur, le couple de jeunes semble perdre toute notion de la réalité en s’interrogeant sur le fait de mourir ensemble dérange l’administrateur et si ils peuvent le faire.

Le film est porté par les deux interprètes que Jorge Cuchi à trouver via un casting pour Karla Coronado et via la bande-annonce de This is not Berlin que Catatonia a produit, avec qui il travaille. L’ami du protagoniste, José Antonio Toledano, a attiré son attention sur lui et Jorge Cuchi l’a choisi pour interpréter Felix.

Tout au long du film, on sent les deux jeunes interprètes en parfaite adéquation avec leurs personnages. Parallèlement au crescendo des défis lancés, le film révèle que la vie, les sentiments naissent et unissent progressivement Elisa et Felix qui s’avouent être de plus en plis amoureux tout en poursuivant leur dessein. Mais Oswaldo va interroger les deux jeunes sur leurs activités …

Jorge Cuchí réussit avec la brio la gageure de souligner les paradoxes de plus en plus choquants de la vie parallèle qui se développe via les plates-formes virtuelles et les réseaux sociaux.

Un film rondement mené qui questionne sur notre société, sur l’utilisation d’internet et ses dérives !

Firouz E. Pillet

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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