My little One – rencontre avec Frédéric Choffat et Julie Gilbert qui co-signent le film et Anna Mouglalis, son actrice principale
Après La vraie vie est ailleurs, réalisé en 2006 et présenté dans de nombreux festivals dont le 59ème Festival de Locarno, Frédéric Choffat et Julie Gilbert, couple à la ville, co-signent My little One.
Un trio amoureux se retrouve réuni dans le désert de l’Ouest américain, un protagoniste à part entière dans ce film. La nature, magique, mystérieuse, parfois hostile, semble le fil conducteur de leur filmographie : en effet, en 2011, le couple réalise Mangrove, relatant le périple d’une jeune Française qui emmène son fils au Mexique dans une région où elle a vécu auparavant.
Pour My little one, c’est le désert de l’Arizona qui a séduit, voire envoûté le couple de cinéastes. Frédéric Choffat et Julie Gilbert ont découvert cette région alors qu’il s’y sont rendus pour recevoir un prix pour leur film précédent. Subjugués par ces paysages qui invitent à la méditation, le couple se sent immédiatement inspiré et décide d’y planter le décors – majestueux – de leur nouveau film.
Présenté durant les 54ème Journées du cinéma de Soleure dans la catégorie Prix du public, en janvier 2019, le film de Frédéric Choffat, et Julie Gilbert entraîne les spectateurs en terre des Navajos. Dès la séquence d’ouverture, le film fait songer à certains film de Jim Jarmusch, Terry Gilliam ou Wim Wenders; on songe inévitablement à L’homme qui tua Don Quichotte ou à Paris Texas.
Au milieu de cette vaste étendue, sous un soleil de plomb, deux hommes dans la quarantaine, Alex (Vincent Bonillo) et Bernardo (Mathieu Demy, fils de Jacques et d’Agnès Varda), se retrouvent livrés à eux-mêmes à ce qui se veut être un arrêt de bus. Ils ont été les meilleurs amis du monde mais ne se parlent plus depuis dix ans. Ils ont répondu à l’appel de Jade (Anna Mouglalis), une femme qu’ils ont aimée à la folie. En se retrouvant à cet arrêt de bus dans le désert brûlant, ils comprennent que quelque chose les attend, sans imaginer que leur vision même de l’amour, de la vie, de la mort, va à jamais changer. Emmenés par une fillette âgée de dix ans, Frida (Ruby Matenko), les deux hommes vont devoir affronter les spectres de leur passé commun dans cette étendue désertique qui incite à la réflexion, à l’introspection et aux confessions.
Alex et Bernardo se retrouvent confrontés à des questions existentielles qu’ils auraient préféré éviter : la transmission, la paternité, la maladie, la mort. Si l’un, Bernardo, a laissé une vie rangée avec femme et enfants, prétextant un séminaire, le second, Vincent, se retrouve face à des responsabilités qu’il a toujours fui jusqu’à présent, menant une vie solitaire dénuée de toutes attaches.
Pendant une longue partie du film, Jade demeure insaisissable, évanescente, n’existant qu’à travers les mots et les informations que distille cette fillette fougueuse et rebelle dont on finira par comprendre qu’elle est la file de Jade.
Jade, ancienne chanteuse, qui, en souvenir des années passées avec Alex et Bernardo, reprendra le micro le temps d’une soirée. Une soirée mémorable ne serait-ce que parce que Jade est interprétée par Anna Mouglalis, actrice reconnaissable entre toutes grâces à son timbre de voix si grave et sensuel.
A propos de musique, précisons que nous avons demandé à l’actrice de s’exprimer sur la bande-son du film : Anna Mouglalis nous a alors révélé que c’est sur sa suggestion que Frédéric Choffat et Julie Gilbert ont fait appel à Yann Péchin – acolyte d’Alain Bashung et Jacques Higelin – et avec qui l’actrice avait eu l’occasion de travailler. La musique composée par Yann Péchin met en valeur les paysages et symbolise avec justesse l’errance tant physique que psychologique des êtres.
Lors de la venue d’Anna Mouglalis à Genève, nous avons pu rencontré l’actrice dans un palace sur les rivages du Léman:
Puis nous avons rencontré le duo de cinéastes-scénaristes, des rencontres qui nous ont permis d’avoir un éclairage bienvenu sur My little one:
Propos recueillis par Firouz-E. Pillet
© j:mag Tous droits réservés
Ping : Aventiclap la deuxième édition du Festival du Film d’Avenches du 2 au 5 mai 2019 – J:MAG