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Rencontre avec Vincent Bonillo qui a ouvert les festivités du Festival La Tour vagabonde avec Les précieuses ridicules, au Parc Trembley

Vincent Bonillo, acteur de cinéma et comédien, très actif dans le monde théâtral en Suisse romande, directeur artistique de la Compagnie Voix publique, à Lausanne, nous a accordé un peu de son temps avant la représentation de samedi soir 4 mai.

Vincent Bonillo metteur en scène Les précieuses ridicules
© Firouz Pillet

Un fort vent se lève sur le Parc Trembley, où une repliée du Théâtre du Globe a été montée, au moment de notre rencontre. Vincent Bonillo propose d’aller dans un cafés du quartier du Petit-Saconnex pour réaliser l’entretien. Mais justement … Dans quartier, un samedi en fin d’après-midi, tout est fermé. La sous-signée et Vincent Bonillo se retrouvent sur une terrasse d’un restaurant clos alors que la bise se fait de plus en plus froide et que le ciel se noircit. Un vrai temps d’hiver qui semble  rendre hommage à Shakespeare et à son Globe Theater de Southwark, sur la rive sud de la Tamise.

A l’invitation de Valentin Rossier, Vincent Bonillo reprend Les précieuses ridicules, qu’il avait monté en 2011 et qu’il présente dans La Tour vagabonde avec une troisième distribution ; Fiamma Camesi, Pierre Spuhler, Juan Bilbeny, Valerie Liengme, Roberto Garieri, Vincent Bonillo, dans une scénographie signée Serge Perret. Pièce courte, joyau concis et spectaculaire à vocation subversive qui se déroule au sein de la bourgeoisie de l’époque. De luttes de pouvoir en querelles amoureuses placées sous le signe du travestissement, Molière avec son génie met en exergue le « ridicule » des relations humaines.

La soirée s’ouvre par un extrait d’un texte de Gilles Deleuze, lu par José Lillo, sur le théâtre politique. A l’issu de sa lecture, José Lillo rappelle aux spectateurs de « couper leur 4G en soulignant, avec malice et une pointe de militantisme, que jour où la 5G sévira, il ne sera peut-être plus possible de la couper. ». Puis vient Vincent Bonillo qui, dans une mise en abîme bienvenue, déclame un extrait du Roman de monsieur de Molière de Mikhaïl Boulgakov.

La pièce de Molière traite de nombreuses thématiques de son époque, la préciosité et le bel esprit, qualités requises pour paraître en société. Les Précieuses ridicules mettent en scène plusieurs caractères appartenant à l’univers de la farce et de la commedia dell’arte, au premier rang desquels Jodelet qui incarnait depuis des décennies le type du valet poltron. Associé à Molière/Mascarille, dont le costume ridiculement chargé était une réminiscence directe du théâtre de la foire, et de Gorgibus/L’Espy, figure traditionnelle du vieillard ridicule, le nom de « Gorgibus ».

Mais la pièce de Molière est habitée par de nombreuses thématiques atemporelles et universelles qui traversent le temps et semblent refléter les psychoses de notre époque.

Vincent Bonillo actualise le texte de Molière en respectant la langue d’origine mais s’approprie ce qui se racontait à l’époque en le rendant audible pour des spectateurs d’aujourd’hui. Les comédiens à moitié en tenue d’époque et à moitié vêtus de manière contemporaine – jeans, baskets – dans une joyeuse mue qui maintient un entre-deux qui permet d’identifier constamment les personnages.

L’acteur, à l’engament politique affirmé – et pour cause puisqu’héréditaire ! – nous a parlé de sa mise en scène, de ses sources d’inspiration, de Jean-Baptiste Coquelin mais aussi de ses projets et de son récent rôle au cinéma dans le film de Frédéric Choffat et Julie Gilbert, My little one. Ce que recherche Vincent Bonillo est, de toute évidence, un compromis intellectuel qui permet aux comédiens qu’il dirige de s’emparer de l’objet théâtral.

Le public qui vient à La Tour vagabonde, dans le Parc Trembey,  n’est pas forcément habitué comme le souligne Vincent Bonillo, un public populaire et non élitiste, un public qui est venu par curiosité ayant découvert le Théâtre du Globe au milieu du Parc Trembley et sont venus au théâtre qu’ils vivent comme une découverte car le quartier du Petit-Saconnex est délaissé côté culture. Vincent Bonillo se réjouit de cette fréquentation. D’ailleurs, le public le rend bien à la troupe en fin de représentaiton, tapant des pieds sur les planches des trois étages du théâtre pour reproduire le brouhaha tant mentionné dans la pièce.

La Compagnie Voix publique propose de redécouvrir cette oeuvre à la modernité évidente du 26 avril au 11 mai au Parc Trembley à Genève.

Rencontre avec Vincent Bonillo.

 

Firouz E. Pillet

Article lié: La Tour vagabonde Théâtre Festival, une expérience théâtrale unique – Parc Trembley à Genève jusqu’au 20 juin 2019

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Firouz Pillet

Journaliste RP / Journalist (basée/based Genève)

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