[Audio] Robert Guédiguian pour son dernier film La villa
Né à Marseille, Robert Guédiguian d’origine arménienne, est confronté dès le plus jeune âge aux conditions difficiles du milieu ouvrier puisqu’il est le fils d’un ouvrier électricien qui travaille à bord des bateaux dans le port de Marseille. Robert Guédiguian fréquente assidument les salles de cinéma durant son enfance et son adolescence Il quitte ensuite sa ville natale qui demeure cependant le décor de prédilection de ses films. C’est à travers Marseille et, particulièrement le quartier de L’Estaque, qu’il ausculte à travers l’histoire de ceux qu’il appelle, en référence à Victor Hugo, les « pauvres gens » : ouvriers, salariés, petits patrons, chômeurs, déclassés et émigrés aux origines bigarrées.
Pour presque tous ses films, Robert Guédiguian sollicite trois comédiens récurrents – ensemble ou deux par deux : sa compagne et « muse » Ariane Ascaride, Gérard Meylan et Jean-Pierre Darroussin. Outre sa troupe d’acteurs, on peut souligner la fidélité de Robert Guédiguian à l’équipe dont il s‘entoure puisqu’il entretient une relation continue dans son travail avec le scénariste Jean-Louis Milesi ainsi que son équipe technique – le monteur Bernard Sasia, l’ingénieur du son Laurent Lafran, le décorateur Michel Vandestien – entre autres.
En dehors des fictions ayant pour cadre la cité phocéenne, Robert Guédiguian a réalisé une commande sur les derniers jours de François Mitterrand (Le Promeneur du Champ-de-Mars, 2005) et a rendu hommage à un pays, l’Arménie, qu’il n’a jamais revendiqué comme sien, mais qu’il découvre dans Le Voyage en Arménie (2006) sans jamais se départir d’un point de vue personnel.
Producteur indépendant, Robert Guédiguian fait partie d’Agat Films & Cie – Ex Nihilo, une société de production et de distribution de film français, qui intervient de façon militante dans la totalité du champ de la création audiovisuelle et du spectacle vivant. Dans son cinéma comme dans son activité de producteur, plane l’idée utopique que « l’art conscient de lui-même peut changer le monde, sans que l’artiste lucide néglige d’intervenir directement dans le débat public », à l’instar d’un Pier Paolo Pasolini.
Son dernier long métrage, La Villa, a été présenté en compétition de la Mostra de Venise 2017 (notre critique, ndlr.). Ce film qui s’apparente à un bilan socio-philosophique, entraînent les spectateurs dans une calanque près de Marseille, au creux de l’hiver, Angèle, Joseph et Armand, se rassemblent autour de leur père vieillissant. C’est le moment pour eux de mesurer ce qu’ils ont conservé de l’idéal qu’il leur a transmis, du monde de fraternité qu’il avait bâti dans ce lieu magique, autour d’un restaurant ouvrier dont Armand, le fils ainé, continue de s’occuper. Les idéaux sont maintenus tant bien que mal malgré les espoirs brisés et l’hégémonie du capitalisme; la fraternité, l’entraide et la solidarité retrouvent un nouveau souffle quand de nouveaux arrivants venus de la mer vont bouleverser leurs réflexions. Robert Guédiguian ne pouvait pas faire un film sur la société actuelle sans parler des réfugiés.
Robert Guédiguian a choisi pour La Villa de tourner entièrement dans la calanque de Méjean, près de Marseille., un endroit qui lui a toujours fait penser à un théâtre. Devant la caméra du cinéaste, on retrouve Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin , Gérard Meylan, Jacques Boudet, Anaïs Demoustier, Robinson Stévenin et Yann Trégouët qui font aussi partie des habitués de Robert Guédiguian, fidèle tant à ses acteurs qu’à son équipe technique qu’il considère comme sa « troupe ».
Rencontre avec Robert Guédiguian, très loquace et généreux, à l’Hôtel Métropole pour l’avant-première de son film au Cinéma City, à Genève.
Firouz E. Pillet
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