Berlinale 2018 – Quote of the Day #7: Mani Haghighi et son agacement de la vision du cinéma iranien dans le monde
Le film Khook (PIG) était présenté le 20 février en compétition (voir la critique) mais la conférence de presse a été repoussée à aujourd’hui. Déjà en 2016 lors de la présentation de son film, également en compétition, Ejhdeha Vared Mishavadi (A Dragon Arrives !), on a pu constater que le cinéaste est toujours poli avec les journalistes (au contraire de Joaquin Phoenix) mais pas toujours commode. Si, quand il est question de son film, on peut parfois regretter ses réticences, en ce qui concerne cette question sur le cinéma iranien, on lui donne tout à fait raison!
Ce qui m’énerve le plus, et depuis longtemps, c’est la façon dont est vue le cinéma iranien à l’étranger. Les films choisis par les distributeurs ou festivals, pas ici évidemment, doivent correspondre aux critères que ce que vous pensez être le cinéma iranien et le reflet qu’il doit montrer du pays! Ici on me dit: “vous montrez des femmes fortes”; “c’est nouveau cette émergence des femmes”. Mais il y a des femmes fortes en Iran, très fortes même, et c’est elles que je montre! Je ne montre pas celle que vous voyez dans les films iraniens qui sont distribués ici. Vous vous attendez à ce que je montre des victimes, mais moi je montre une autre réalité. Ce qui est nouveau, ce ne sont pas les femmes iraniennes, mais que vous les voyiez!
Et puis vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point cela m’agace quand on me pose des questions sur la dimension politique de mes films: ce sont des objets artistiques et il y a tant à discuter sur cet aspect! Pourquoi nos films sont pour vous un mode d’emploi pour comprendre l’Iran?! Combien de fois vous devez l’entendre? Oui il y a de la censure, oui il est difficile de faire des films, oui nous devons faire avec! C’est évident que mes films ont une dimension politique, je ne l’ai jamais nié. Mais ce qui me dérange, c’est la superficialité de la discussion sur les films qui en découle, car nos films sont bien plus que ce à quoi vous voulez les réduire.
Malik Berkati, Berlin
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